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Discrimination persistante pour louer un appartement

Mélanie-Rose Houle. Photo: Katrine Desautels

Une dizaine de jeunes impliqués dans le comité «Nous on agit» du Bureau de consultation jeunesse de Verdun (BCJ) ont organisé une assemblée afin de militer pour un meilleur accès au logement. Dans ce comité, les jeunes ont tous vécu de la discrimination en voulant louer un appartement, et ce, en raison de leur âge, de leur nationalité ou de leur statut socioéconomique. 

Mélanie-Rose Houle a 21 ans et elle est investie dans cette cause. «C’est très difficile de trouver un premier appartement si tu n’as jamais eu d’appartement auparavant. Tu n’as pas de référence», expose Mme Houle.

Avec un ami, elle a cherché un logement en colocation, en vain. «On s’est fait dire de se trouver un appartement subventionné pour essayer d’avoir une bonne référence. Sinon, le propriétaire ne voulait rien savoir de nous», raconte la militante.

Mme Houle dénonce le fait qu’il n’y a pas suffisamment d’appartements subventionnés. «C’est pour cela qu’on veut plus de logements sociaux et moins de condos», soutient-elle.  

La Verdunoise a un parcours atypique. Elle est sortie du milieu de la rue il y a bientôt un an et demi. C’est en contactant des ressources avec une travailleuse sociale qu’elle est tombée sur le BCJ, qui lui a donné l’occasion d’avoir un toit. 

N’ayant pas encore de crédit à son nom, c’est une mission impossible que de trouver un propriétaire qui lui louerait un logement. «C’est souvent enquête de crédit obligatoire, je trouve cela difficile», admet la jeune femme, présentement en démarche pour obtenir un crédit à son nom. 

Sa collègue Audrey, 22 ans, qui préfère conserver l’anonymat, a aussi vécu de la discrimination pour louer un appartement par rapport à son âge et à son manque de références. «Après tous les appartements que je visitais, personne ne voulait me prendre à cause de ces raisons», raconte-t-elle. 

Flambée des prix 

Comme beaucoup de jeunes, Audrey est découragée du prix souvent exorbitant d’un logement avec une chambre. «Il n’y a pas beaucoup de jeunes qui ont les moyens de se payer un appartement, soutient-elle. Même si l’on travaille à temps plein, on n’y arrive pas parce que c’est tellement rendu cher.»  

Si tu es un jeune de 19 ans, seul, et que tu travailles au Tim Hortons, ça ne passe pas auprès des propriétaires. Tu n’en trouveras pas qui te loue un appartement. Ce n’est pas un emploi qu’ils jugent adéquat.

-Audrey

La bénévole du BCJ soulève un autre problème. Si une personne réussit à trouver un appartement abordable, celui-ci est souvent insalubre. En plus des soucis avec le chauffage, l’électricité ou l’eau chaude, il n’est pas rare qu’il y ait de la moisissure ou présence de vermine dans le bâtiment. 

Pour les deux femmes, l’augmentation des prix des loyers à Montréal est devenue si importante qu’elles prévoient déménager à l’extérieur de la métropole. Elles estiment qu’à long terme, cela pourrait éventuellement leur permettre d’acquérir une propriété. 

Les deux femmes tenaient aussi à souligner que des gens se font refuser des appartements en raison de la couleur de leur peau. «Il y a beaucoup de propriétaires qui disent que la bouffe des personnes noires, ça sent trop fort et que ça dérange les autres locataires», se désole Mme Houle. Elle ajoute que certains propriétaires sont aussi craintifs des personnes avec un enfant parce qu’il pourrait faire «trop de bruit».

Solutions 

Lors de l’assemblée du comité, les membres ont proposé des solutions. La première revendication est de construire davantage d’appartements subventionnés comme des habitations à loyer modique (HLM) parce que les listes d’attente sont très longues.

25%

Les HLM permettent à des ménages à faible revenu de payer un loyer correspondant à 25% de leur revenu. Toutefois, aucun nouveau projet de HLM n’est présentement en construction au Québec. Il est seulement possible de s’inscrire sur une liste d’attente.

De plus, les jeunes croient que l’accompagnement lors des visites d’appartement par une «personne neutre» pourrait éviter la discrimination au moment des recherches pour louer un appartement. Cet intermédiaire pourrait aussi soutenir les locataires pour s’assurer que le logement respecte les normes d’habitation. 

Pour les prochains mois, les jeunes du BCJ souhaitent aborder la question de la crise du logement avec d’autres jeunes, notamment dans des écoles secondaires ou des centres jeunesse. Les bénévoles aimeraient aussi participer à la Nuit des sansabri pour se faire entendre auprès de cette communauté. 

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