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Opposition face au projet de marina

La marina de Lachine est située entre le parc René-Lévesque et le Vieux-Lachine.
La marina de Lachine est située entre le parc René-Lévesque et le Vieux-Lachine. Photo: Gracieuseté

Une association de plaisanciers a été formée pour s’opposer à la fermeture de la marina de Lachine. Une pétition qu’elle a lancée au lendemain de l’annonce a amassé plus de 2500 signatures.

Le site deviendra un parc dédié à la baignade, la pratique de sports nautique et la marche en 2025, après une transformation qui nécessitera des investissements de près de 25 M$ de la Ville de Montréal. Le stationnement des embarcations à moteur y sera interdit dès l’an prochain.

C’est par une lettre du Service des grands parcs de la Ville de Montréal envoyée le jour de l’annonce que les plaisanciers ont appris la fin de la marina. «Je ne peux pas croire qu’on souhaite fermer notre marina», réagit la porte-parole de l’Association des plaisanciers du port de plaisance de Lachine, Josée Côté.

Formée des 450 familles qui y possèdent un bateau, l’association estime que la construction d’un nouveau parc offrant un accès public à l’eau ne devrait pas se faire au détriment de la fermeture de la marina. On implore qu’un autre site soit choisi.

«Ce parc, c’est un projet merveilleux, mais on pense que c’est possible de s’entendre avec l’arrondissement afin de concilier les deux installations», considère-t-elle.

Ouverts au dialogue

Pour préserver la marina, des investissements de 16,5 M$ auraient été nécessaires, estime l’arrondissement. De cette somme, une partie a déjà été investie dans l’achat de quais cette année, qui seront revendus ou réutilisés.

La réfection de l’électricité, des égouts, du poste d’essence ainsi que la protection des berges, endommagée par de l’érosion entre 2017 et 2019, devaient être faites dans l’immédiat, considère-t-on.

«On se questionne sur la ventilation de ce 16M$, avoue Mme Côté. Nos installations sont récentes et fonctionnent bien. En tant qu’utilisateurs, on voudrait autofinancer notre marina. Nous sommes prêts à contribuer aux différentes mises à niveau.»

La marina a un déficit de 263 000$ malgré des revenus de 1,2 million, selon Lachine. L’impact économique positif des plaisanciers, qui s’approvisionnent dans l’arrondissement n’ont pas été pris en considération, expose l’association.

«Plusieurs personnes font le choix de Montréal pour vivre cette activité nautique. Plutôt que de nous enlever cette possibilité, on pense qu’on peut participer positivement au projet», fait valoir Mme Côté.

Manque d’espace

Un citoyen et signataire de la pétition s’opposant au projet, Dominique Matte, estime que les plaisanciers ont appris la fermeture de la marina trop rapidement et n’auront pas le temps de réagir.

«Avoir un emplacement pour son bateau, c’est déjà compliqué, alors enlever 450 places d’un coup. Il y a des listes d’attente partout et bâtir une marina ailleurs prendra des années», mentionne-t-il.

Des milieux humides seront installés aux deux extrémités de la marina actuelle pour assurer la qualité de son eau. Rappelant que la zone contient un taux élevé de butylétains, un biocide notamment utilisé dans la peinture de la coque des navires, M. Matte est sceptique quant au sérieux du projet.

«Je trouve que c’est de l’éco blanchiment de mettre un parc sur un site contaminé, martèle-t-il. Ce n’est pas réaliste et risqué pour nos finances publiques. On pourrait utiliser plusieurs autres endroits avant de détruire un actif comptable.»

L’arrondissement organisera des consultations publiques et des séances avec ses clubs nautiques pour réfléchir à la conception du site jusqu’en décembre 2021. Lors de l’année suivante, elle analysera les impacts du projet sur l’environnement. Le chantier devrait être initié en avril 2023.

En réaction au lancement de la pétition de l’Association des plaisanciers du port de plaisance de Lachine, des citoyens ont créé le mouvement Réclame ta rive, pour se ranger derrière l’administration de l’arrondissement. Ils ont lancé leur propre pétition comptant environ 350 signatures.

Appui au projet

«On savait qu’il serait plus difficile de mobiliser les gens qui sont pour, car on ne leur enlève pas un bien comme les plaisanciers, estime l’initiatrice du mouvement, Marie-Ève Bégin. Les gens à qui on propose un projet prendront peut-être plus de temps à se mobiliser.»

Leur position est basée sur des arguments financiers, considérant que la marina est déficitaire. «Le projet que propose la Ville, tout le monde va pouvoir en profiter. La marina est désuète, alors si on y injecte pas des millions, elle devra fermer de toute façon», plaide Mme Bégin.

La plantation d’arbres et l’aménagement de milieux humides sont nécessaires à l’augmentation de la qualité de l’air ainsi qu’à la lutte aux ilots de chaleur, soutient l’association.

«Notre position ne peut pas bouger, poursuit Mme Bégin. Il y a une urgence environnementale, alors il n’y a aucun compromis possible.»

L’arrivée d’un parc pourrait encourager la pratique de l’activité physique, puisqu’elle faciliterait l’accès à des activités de canot, kayak et kitesurfing, croit l’organisation.

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