Contrer les préjugés par l’art à LaSalle
Élève à l’école secondaire Cavelier-De LaSalle, Aissatou Barry présentera un spectacle visant à sensibiliser ses camarades aux injustices sociales telles que l’homophobie. La LaSalloise fait partie d’une cohorte de 12 jeunes sélectionnés pour bénéficier d’un programme de soutien aux projets citoyens, la Génératrice.
Cette initiative du Forum jeunesse de l’Île de Montréal (FJÎM), instance de Concertation Montréal, offre une bourse, mais aussi un accompagnement tout au long de la session ainsi que des formations diverses.
Dans le cadre du programme d’éducation internationale de son école, Aissatou produira un spectacle intitulé L’ouverture sur le monde, en janvier. Danseurs, chanteurs, violonistes et flûtistes livreront différentes prestations qui illustreront chacune un thème. Un slam sur l’homophobie et une danse dénonçant les abus policiers seront notamment interprétés.
«À la sortie du spectacle, j’aimerais que les gens soient plus tolérants et prennent conscience du malheur des autres, lance l’étudiante âgée de 16 ans. On peut vivre bien en aidant aussi son prochain.»
Elle demandera aux spectateurs de porter du rose pour montrer leur solidarité avec la lutte contre l’homophobie et fera fabriquer des chandails spéciaux pour les artistes. Chaque spectateur devra payer son bracelet d’entrée 5 dollars. L’argent recueilli sera remis à un organisme de défense des minorités sexuelles et de genre.
Genèse
Aissatou Barry a eu l’idée d’un tel projet après avoir pris conscience des préjugés qu’elle avait à l’égard des personnes LGBTQ. «J’avais moi-même des propos assez négatifs, puis j’ai su qu’une de mes amies était lesbienne, raconte-t-elle. J’ai réalisé que je n’avais pas le droit de juger, que ce sont des gens comme les autres qui partagent les mêmes valeurs que moi.»
Elle estime que certains de ses camarades devraient eux aussi faire preuve de davantage d’ouverture d’esprit. «Ils posent certains actes et paroles sans se rendre compte de l’impact que cela peut avoir sur certaines personnes», ajoute-t-elle.
Après un appel à candidature par le biais d’affiches publicitaires et de bouche à oreille, elle a rassemblé plusieurs élèves de l’école qui ont passé des auditions. Les meilleurs ont été choisis par l’étudiante et sa professeure d’art dramatique, qui guide également les prestations sur scène.
Ces démarches demandent toutefois d’être financées, c’est pourquoi Aissatou a déposé sa candidature auprès de la Génératrice du FJÎM, qui la soutient à hauteur 2 000$. Elle a aussi reçu 600$ du Carrefour jeunesse emploi (CJE) de LaSalle, dont les programmes du CJE aident les jeunes à développer des compétences entrepreneuriales.
«Aissatou est une jeune fille exceptionnelle, elle est très travaillante, dévouée, généreuse et organisée, souligne Cynthia Collette, l’agente de sensibilisation à l’entrepreneuriat qui aide la LaSalloise dans son projet. Malgré son jeune âge, elle est certainement un exemple et un modèle pour la communauté.»
Mme Collette est persuadée que son projet favorisera la réflexion chez les spectateurs quant à l’importance d’accueillir et d’inclure les autres malgré leurs différences.
Engagée
Aissatou s’est découvert une passion pour le bénévolat, après qu’elle ait eu l’obligation d’en faire dans son programme scolaire. Presque tous les midis, elle s’implique auprès d’Amnesty international et de Magasins du monde.
«Quand je me dis qu’il y a des enfants qui marchent des kilomètres pour aller à l’école ou pour trouver de l’eau, je trouve ça injuste et je veux montrer ces injustices, dit-elle. Je me plains parfois, puis je me rappelle que certains n’ont pas accès à une miette de ce que j’ai.»
La jeune fille estime qu’elle est en partie sensible à cela grâce à son père, qui lui répète souvent de ne pas gaspiller la nourriture, quand d’autres passent des journées sans manger.
Elle sait d’ores et déjà qu’elle ira à l’université pour obtenir un diplôme qui lui permettra de travailler en gestion internationale en milieu humanitaire.