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MHM : une maison historique risque de disparaître

La maison Lapointe a été vendue. Photo : Naomie Gelper Photo:

Le glas sonnera fort probablement de l’historique maison Lapointe. La demeure centenaire, récemment vendue, est à ce point délabrée que l’arrondissement a envoyé un avis ordonnant l’évacuation et la sécurisation des lieux. Selon l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, cela devra servir de leçon quant à la protection du patrimoine de l’est de Montréal.

Une façade arrachée, des murs qui craquent, des fondations qui s’enfoncent dans le sol argileux : il aurait fallu investir environ 1 M$ pour restaurer cette maison située aux coin des rues Notre-Dame et Liébert, construite autour de 1910.

Faute de rénovations, la démolition est vraisemblablement le sort qui lui est réservée.

«Il faut être réaliste. Ce serait un peu de l’acharnement de penser qu’on peut la garder, déplore William Gaudry de l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (AHMHM). Il aurait fallu agir plus tôt. C’est maintenant le moment d’en tirer une leçon.»

Perte pour le quartier

Le caractère patrimonial du bâtiment est davantage associé à la famille qui y habitait qu’aux caractéristiques architecturales, explique M. Gaudry. Elle a été construite par Donat Lapointe, le fils d’Hormidas Lapointe, maire de Longue-Pointe (aujourd’hui Mercier) dans les années 1880.

«Dans le quartier Mercier, il reste seulement trois maisons qui sont associées à des familles souches : la maison Lapointe, la maison Brouillet dit Bernard (aux coins Desmarteau et Bellerive) et la maison Ethan-Allen (dans la Promenade Bellerive)», ajoute-t-il.

Selon l’historien, le cas de la maison Lapointe prouve qu’il y a un problème au niveau de la connaissance du patrimoine.

«Il faut vraiment inventorier notre patrimoine de façon rigoureuse dans le quartier et dans l’arrondissement de façon générale, afin d’avoir une politique de conservation et de protection du patrimoine qui soit éclairée», propose-t-il.

La maison Lapointe est une maison typique bourgeoise du début de 20e siècle, mais sa valeur réside dans l’importance des familles qui y ont habitée. Photo : Naomie Gelper

Préserver le patrimoine

D’ici les prochaines semaines, l’administration de l’arrondissement assure qu’elle réfléchira à des façons de mieux préserver et valoriser le patrimoine architectural.

«Nous annoncerons ces mesures une fois notre réflexion terminée», mentionne la chargée de communication de l’arrondissement Julie Bellemare.

L’Atelier d’histoire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve est prêt à collaborer avec l’arrondissement pour mettre en place un inventaire, mentionne M. Gaudry.

Selon l’AHMHM, il y a une responsabilité collective face aux bâtiments historiques. William Gaudry déplore qu’il n’existe pas de programme clair pour aider les propriétaires qui ont besoin d’argent et qui ont des maisons patrimoniales.

«La Ville et les arrondissements ont une responsabilité d’aider les propriétaires à assouplir les procédures pour pouvoir rénover les maisons et accorder un soutien financier proportionnel à la valeur patrimoniale de la maison», dit-il.

Cet un avis partagé par Hélène et François Petitjean, les anciens propriétaires de la maison Lapointe, héritée de leurs parents. Dans un cri du cœur lancé cet été, ils avaient entre autres déploré le manque de soutien financier pour entretenir leur demeure.

Selon Julie Bellemare, l’arrondissement ne peut se substituer aux propriétaires pour effectuer l’entretien d’un immeuble. «L’entretien adéquat et continu est nécessaire afin de préserver le patrimoine bâti, ce qui implique nécessairement du temps et des investissements de la part des propriétaires», continue-t-elle.

William Gaudry réitère qu’avec un inventaire, un propriétaire sera en connaissance de cause lorsqu’il achète une maison patrimoniale. Il ajoute qu’il n’est pas simple de rénover un tel bâtiment étant donné la lourdeur administrative et les coûts associés à cela.

«Les propriétaires doivent savoir qu’[acheter une maison patrimoniale] vient avec des responsabilités supplémentaires, mais la Ville ou l’Arrondissement doit également mettre l’épaule à la roue pour aider les propriétaires.»

– William Gaudry, historien à l’Atelier d’histoire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Succession

Après avoir été sur le marché plus de quatre ans, la maison Lapointe a été vendue, confirme le bureau de l’agente immobilière Mili Lim.

Qu’est ce qui viendra la remplacer ?

Gaudry ne peut qu’espérer que le bâtiment qui sera érigé en sera un architecturalement intéressant étant donné son emplacement «assez exceptionnel». Selon lui, il faudrait un commerce de qualité.

De son côté, l’arrondissement affirme qu’il est trop tôt pour commenter la question et que, pour le moment, la priorité est de sécuriser les lieux.

Les règlements de zonage actuels ne permettent que du développement commercial.

 

 

 

 

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