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C’est toujours l’embouteillage aux urgences de Maisonneuve-Rosemont

Photo: Archives / TC Media

Mardi, les urgences de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont affichaient un taux d’occupation de 146%. C’est l’un des taux les plus élevés à Montréal.

S’il juge ce chiffre «très préoccupant», le Dr François Marquis, chef de service des soins intensifs à Maisonneuve-Rosemont, rappelle toutefois que le taux d’occupation des civières ne doit pas être ramené à un problème situé exclusivement aux urgences.

Selon lui, il s’agit d’un «drapeau rouge» pointant plutôt vers un problème situé dans la chaîne de traitement des patients : les gens s’accumulent aux urgences faute de pouvoir quitter l’hôpital. En gros, «ça bloque!», dit-il.

«Ce sont des patients qui ont besoin d’un CHSLD mais qui, en raison de la lourdeur de nouveaux règlements et procédures – essentiellement les quarantaines et le nombre de tests Covid imposés avant de pouvoir y aller – restent bloqués aux urgences alors qu’ils n’ont pas besoin de rester à l’hôpital», explique-t-il à Métro.

Cette problématique intervient qui plus est dans un contexte où l’affluence des patients se révèle plus grande qu’en temps normal puisque les malades qui ne se sont pas présentés durant la première vague de la Covid l’ont fait cet été, dit-il.

Selon le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, le contexte de la pandémie ajoute en outre «une pression supplémentaire» sur l’hôpital, notamment en raison «d’espaces de surcapacité qui ne peuvent pas être utilisés» et l’impossibilité de convertir certaines chambres simples en chambres doubles pour les clientèles les plus vulnérables.

Rappelons que le 26 août dernier, le taux d’occupation à Maisonneuve-Rosemont avait atteint 150 %, provoquant l’émoi général. Le CIUSSS avait même demandé aux gens «ayant des problématiques jugées non urgentes» de se tourner vers les autres ressources disponibles.

Une demande que le CIUSSS renouvelle également aujourd’hui en plus de confirmer les difficultés et lenteurs de transfert des patients vers les ressources d’hébergement, et ce même s’ils n’étaient pas venus pour des problématiques liées à la Covid au départ.

Sur le plancher, des solutions exploratoires

L’autre gros problème actuellement, c’est le manque de personnel.

Si d’après les données du CIUSSS, environ 250 infirmiers et infirmières du CIUSSS de l’Est de l’île de Montréal ont quitté leurs fonctions depuis le mois de mars, d’autres se trouvent en congé maladie ou ont tout simplement pris des vacances après avoir travaillé d’arrache-pied durant des mois.

«C’est énorme et épouvantable!, lance le président de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ), Dr. Bernard Mathieu, également urgentiste à Maisonneuve-Rosemont. Il rappelle que chaque année le réseau de la santé perd plus d’infirmiers et infirmières qu’il en gagne.

«En ce moment, on fait des pieds et des mains pour combler le manque de personnel, et notamment en imposant du temps obligatoire aux infirmières et je peux vous dire que c’est très contre-productif. Ça rend les gens malheureux, anxieux et insatisfaits au travail.»

Sur le terrain, c’est le casse-tête quotidien, comme l’explique le Dr. François Marquis.

«Nous sommes obligés de trouver des solutions peu orthodoxes ou du moins exploratoires pour combler le besoin avec du personnel en mesure d’offrir des soins de qualité. Par exemple, en envoyant l’infirmière en charge de la coordination de l’unité ou l’infirmier-chef, qui a un rôle plutôt administratif, sur le plancher.»

Que va-t-il se passer en cas de deuxième vague?

«Ça va être encore pire, assure le Dr. Mathieu. Tout le monde est très fatigué.»

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