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«Croix patrimoniale»: nouveau consensus au nom de la laïcité

L’installation d’une croix «patrimoniale» à l’intérieur de la Maison du Citoyen à Rivière-des-Prairies –Pointe-aux-Trembles n’aura pas lieu.
En février, une motion avait été adoptée pour qu'une croix "patrimoniale" soit installée à l’intérieur de la Maison du Citoyen. Photo: Collaboration spéciale

Invalidée par un avis du contentieux de la Ville de Montréal, l’installation controversée d’une croix «patrimoniale» à l’intérieur de la Maison du Citoyen de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles n’aura finalement pas lieu. La croix et une statue de Marguerite Bourgeoys seront plutôt installées à l’extérieur de ce bâtiment municipal où siègent les élus de l’arrondissement.

Une motion à cet effet a été adoptée à l’unanimité lors du conseil d’arrondissement de RDP-PAT du 1er décembre.  D’ici la fin du printemps, les artefacts retrouveront donc l’emplacement extérieur qu’ils avaient à l’époque où la Maison du Citoyen était un couvent. Ils seront accompagnés d’une plaque commémorative. Des mesures pour prévenir le vandalisme seront aussi prévues.

«J’ai toujours voulu éviter que ce dossier nous divise, car tout le monde reconnaît l’importance de souligner notre patrimoine et l’importance de préserver la laïcité de nos institutions démocratiques. Je suis contente que les élus aient trouvé un compromis acceptable et qu’il ait été adopté à l’unanimité», a exprimé par écrit la mairesse d’arrondissement Caroline Bourgeois.

En février, une motion permettant l’installation de la croix et la statue à l’intérieur de la Maison du Citoyen avait été adoptée. Mme Bourgeois en avait demandé le retrait, sans succès. Elle avait évoqué le principe de laïcité.

Une consultation du contentieux de la Ville lui aura finalement donné raison, 10 mois plus tard.

«L’esprit de la loi sur la laïcité de l’État ne permet pas d’ajouter des signes religieux dans une institution démocratique, mais permet de conserver ceux existants. Comme historiquement les objets étaient situés à l’extérieur du bâtiment, ils peuvent y rester», indique le cabinet de la mairesse, résumant les propos du service juridique de la Ville.

Un compromis bien accueilli

En février, Lucie Jobin, présidente du mouvement laïque québécois, avait vivement critiqué le projet d’installer la croix à l’intérieur du bâtiment municipal. De plus, souligne-t-elle, son emplacement prévu à l’entrée du bâtiment aurait empêché les citoyens de l’éviter.

Ainsi, cette nouvelle motion lui semble être un bon compromis. « Au moins, ceux qui ne veulent pas la voir, ne passerons pas par-là ».

La conseillère de ville du district Pointe-aux-Tremble Suzanne Décarie, qui a déposé la motion, se dit très heureuse de cette solution. Elle avait déposé une première demande de restauration en 2019 à la demande de l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles (AHPAT).

«Pour nous, le seul compromis possible était d’installer la statue et sa croix à l’extérieur aux abords de la maison du citoyen. Marguerite Bourgeoys retrouvera sa place initiale avec sa croix et les citoyens eux, retrouveront leur origine. C’est une manière de remettre l’histoire à sa place», indique-t-elle.

Pour sa part, Claude Belzile, président de l’AHPAT, se réjouit la décision de l’arrondissement, qu’il juge «sage». Les mesures de protection annoncées par l’arrondissement le rassurent. En effet, la crainte du vandalisme était une grande motivation à vouloir conserver les artefacts à l’intérieur.

Une restauration attendue

Le Couvent de Pointe-aux-Trembles, première école pour filles du village, a été fondé en 1690. Il a été plusieurs fois modifié et reconstruit.

En 1959, un monument commémoratif en l’honneur de Marguerite Bourgeoys y avait été inauguré à la demande d’étudiantes du couvent. À l’époque, une croix de fer forgé datant 1690 avait également été installé.

C’est en 2004 que la Croix a été volée et la statue de Marguerite Bourgeoys, vandalisée. Par la suite, la statue a dû être restaurée, tandis qu’une réplique de la croix a été fabriquée en 2009.

Les sœurs ont quitté le couvent en 2009.  Un comité d’anciennes élèves du couvent a alors confié à l’AHPAT la mission de protéger et restaurer les artefacts, explique M. Belzile.

La Ville a fait l’achat de l’ancien couvent en 2011 pour y aménager la Maison du citoyen. Un premier projet de mise en valeur des artefacts, qui n’a pas été retenu, a été déposé dès 2017.

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