Commissions scolaires: un «brassage de structures» inutile, dénonce Miville Boudreault
Abolition des élections scolaires, refonte possible de la gouvernance et changements envisagés dans la gestion des taxes scolaires: le président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ), Miville Boudreault, croit que le ministre de l’Éducation, François Blais, doit cesser de s’attaquer à la structure, mais plutôt proposer des solutions pour favoriser la réussite scolaire et contrer le décrochage.
En ce qui concerne l’abolition des élections scolaires dans leur forme actuelle, M. Boudreault ne croit pas que les commissaires, élus de façon démocratique, doivent écoper en raison du taux de participation anémique lors des derniers scrutins scolaires.
«Nous aurions préféré un taux de participation plus élevé, mais la faute n’incombe pas à nous. Les commissaires sont légitimes pour occuper leurs fonctions», estime le président de la CSPÎ.
Le ministre Blais aurait aussi l’intention de mettre sur pied des conseils scolaires, une proposition jugée «incongrue» par la CSPÎ.
Par ailleurs, en ce qui concerne la taxation, que Québec envisagerait de confier aux municipalités, M. Boudreault tient à rappeler que le Conseil de gestion de la taxe scolaire de l’Île de Montréal joue déjà ce rôle dans la métropole.
Selon un communiqué de presse émis par ce conseil, les Montréalais payeront environ 100 M$ de plus si «le gouvernement opte pour un taux de taxe scolaire unique au Québec.»
Un ministre difficile à rencontrer
Le président de la CSPÎ aimerait bien rencontrer le ministre Blais pour lui parler d’autres choses que des changements de structure, mais il semble plutôt difficile d’obtenir une rencontre avec lui.
«Le ministre ne parle pas à personne, déplore M. Boudreault. Qu’il nous propose quelque chose de concret, comme des solutions à la réussite éducative et au décrochage scolaire. On parle aussi de radicalisation en ce moment. Qu’est-ce que le ministre propose à ce sujet?»
Le ministre réplique
Le ministre Blais est en désaccord avec ce qu’avance M. Boudreault. «En améliorant l’efficience des commissions scolaires, nous pourrons nous assurer que les ressources soient mieux orientées vers les besoins des élèves», explique Julie White, l’attachée du ministre, dans un courriel.
«La persévérance et la réussite scolaire constituent une priorité gouvernementale et, dans cette perspective, nous travaillons actuellement à l’élaboration de la première politique gouvernementale en la matière», ajoute-t-elle.
En ce qui concerne une possibilité de rencontre avec la CSPÎ, Mme White rétorque «qu’il n’y a eu aucune demande officielle» formulée en ce sens.
Toujours utiles?
Le président de la CSPÎ croit que le gouvernement reconnaît l’importance d’avoir une «structure intermédiaire» comme les commissions scolaires. Dans la population, cet avis n’est pas partagé par tous.
Lorsqu’il entend le discours d’une certaine partie de la population, qui croit que les commissions scolaires sont inutiles et qu’on devrait simplement les abolir pour économiser de l’argent, M. Boudreault n’est pas d’accord.
«Je pense que si on enlève les commissions scolaires, on se rendrait compte à quel point elles sont efficaces», affirme-t-il.
Plusieurs parents rencontrés par l’Informateur aux abords de certaines écoles primaires de Rivière-des-Prairies, questionnaient la pertinence des commissions scolaires.
«Nous n’avons jamais de service. Elles ne sont pas là pour nous aider et ne nous soutiennent dans rien», lance Isabelle Lehoux, la mère d’un élève.
Abdelkrin Chadi n’a jamais voté lors des élections scolaires. «Ça ne changerait rien d’abolir [les commissions scolaires]. C’est du gaspillage et ça ne sert à rien», croit ce parent.
Une autre mère, qui a préféré taire son nom, a dit avoir appelé deux ou trois fois à la commission scolaire par le passé, sans jamais obtenir d’aide. «Je ne sais pas trop à quoi servent les commissions scolaires», dit-elle.
Rencontrée près d’une autre école primaire de Rivière-des-Prairies, une autre mère, Olga Gonzalez, tenait toutefois un autre discours.
«Je crois que les écoles doivent être encadrées. Tout le monde a besoin d’un encadrement dans la vie», dit cette mère, en ajoutant qu’elle a exercé son droit de vote lors des dernières élections scolaires, puisque c’était essentiel pour elle.
L’Informateur a tenté de s’entretenir avec la commissaire, Agata La Rosa, ainsi qu’avec des parents siégeant sur les conseils d’établissements de différentes écoles du quartier, mais ceux-ci n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.