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L’Aïd El Kebir fêtée à Saint-Laurent

Photo: Mélanie Pinto/TC Media

L’Aïd El Kebir, la grande fête des musulmans qui célèbre la fin du pèlerinage à La Mecque, a rassemblé près de 6 000 fidèles le jeudi 24 septembre à Saint-Laurent. Incursion dans une tradition avec les familles Hamideh et Abu Bakr.

La journée débute par El Adhan, l’appel à la prière, dès 7h30, à la mosquée Al-Rawdah, à la limite entre l’arrondissement de Saint-Laurent et Ahunstic-Cartierville. Des milliers de musulmans ont afflué pour souligner l’Aïd Al Adha, la fête du mouton.

«L’Aïd, c’est l’une de nos deux fêtes les plus importantes. On se rappelle des personnes démunies, on fait des dons. Ma famille est d’origine égyptienne, alors on envoie de l’argent là-bas pour qu’ils puissent acheter un mouton et le manger. C’est un moment de partage et de solidarité qui nous rappelle nos valeurs de base», explique Sarah Abu Bakr. La salle est pleine à craquer. «Cette année, énormément de monde est venu. C’est magnifique», se réjouit l’étudiante de 17 ans, habillée d’une longue robe bleue et d’un voile, tous deux de couleur azur.

Religieusement installées les unes aux côtes des autres, les femmes, séparées des hommes, se prosternent et implorent la miséricorde de Dieu. Ils étaient tellement nombreux, qu’il a même fallu organiser trois prières à la suite pour accommoder tout le monde.

Sarah, qui étudie au Collège Vanier, est très impliquée dans l’organisation. Elle décharge sa voiture de décorations et de pochettes de bonbons. «C’est pour cet après-midi, on organise un jeu pour les enfants de la communauté.» Car l’Aïd, c’est aussi l’occasion de se retrouver et passer de bons moments en famille et entre amis.

Mais avant la fête, c’est l’heure d’aller manger le mouton. La tradition veut qu’une fois la bête tuée, la viande est divisée en trois: une part pour la consommation, l’autre offerte à des proches et la balance distribuée aux plus démunies de la communauté musulmane.

Convivialité
C’est autour d’une table bien garnie du restaurant d’un ami libanais que Bilal Hamideh, sa femme Asma et leurs enfants, Batoul, Adam et Fatima, festoient avec parents et amis. Puisqu’il sont Syriens, très vite, la conversation tourne autour de ce qui se passe dans leur pays d’origine. «Même si c’est un jour de fête, en me levant, j’ai beaucoup pleuré. Nous avons de la chance d’être ici», raconte Asma.

La famille Hamideh a décidé, plutôt que de s’offrir un mouton, de verser de l’argent à l’Association Human Concern International,  pour que des familles syriennes puissent acheter de la nourriture et fêter l’aïd «dignement».

D’ailleurs, la mosquée Al-Rawdah a amassé 17 000$ pour la Syrie en une semaine. «Dimanche, on organise une fête au Château Royal de Laval, nous ferons une nouvelle collecte. On espère amasser 10 000$. Cet argent nous permettra de parrainer des réfugiés syriens prochainement», explique Samer Elniz, responsable du lieu de culte.

13h: il est l’heure pour Bilal et sa famille de rendre visite à ses parents, vivant eux aussi à Saint-Laurent.

Pour ne pas arriver les mains vides, il s’arrête dans une pâtisserie pour acheter des gâteaux fourrés aux dattes. «La tradition veut qu’on fasse le tour de nos proches d’abord, puis de nos amis. Les enfants reçoivent de l’argent de la part des aînés ou des cadeaux. C’est comme Noël pour les chrétiens», explique M. Hamideh.

La communauté musulmane est très significative à Saint-Laurent, elle représente près de 16 % de la population, d’après le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa. Montréal était composée de 9% de musulmans en 2011, selon les données de Montréal en statistique.

Histoire
L’Aïd el kebir (le grand aïd) ou appelé aussi l’Aïd el adha (la fête du mouton) est une célébration inscrite dans un verset coranique. Elle commémore la soumission d’Ibrahim, un prophètemusulman qui, une nuit, rêve que Dieu lui demande de sacrifier son fils unique Ismaël. Acceptant l’ordre divin, au moment où Ibrahim allait tuer son fils, l’enfant est substitué par un mouton. Depuis, en souvenir de cette soumission, les familles musulmanes égorgent un mouton en guise de croyance à Dieu.

L’Aïd el Kebir est aussi une fête qui arrive le dernier jour du pèlerinage à La Mecque, une ville de l’Arabie Saoudite où est né le prophète Mohamed. Le pèlerinage, appelé Hajj en arabe, fait partie des cinq piliers de l’Islam. Comme les Dix commandements chez les chrétiens.

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