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Dès que je t’ai vu, j’ai compris que jamais je n’avais aimé

J’étais absorbé dans mon livre pour oublier, l’espace de quelques pages, ma misérable vie, celle que je fuis depuis trop longtemps déjà. J’ai senti tout d’abord ton odeur (permets-moi de te tutoyer, toi que je portais en moi sans le savoir depuis mes vingt ans), non celle artificielle d’un marchand d’illusion, toujours ratée et un peu vulgaire, mais la tienne, celle qui colle à ton corps et permet par bride, par vapeur d’atteindre tes semblables avec parcimonie puisque dans ton humilité tu ne te laisses découvrir que par petites touches, des yeux intelligents, une moue de la femme qui comprend qu’elle est sur le point de se donner, un bout de peau avant que la rondeur du sein s’auréole de son grain plus foncé, des jambes prisonnières de ses bas de soie. J’ai laissé tomber mon livre, tu as vu le titre et tu as lancé « Je viens de le terminer, hier soir » et moi qui en étais à la moitié du livre, je t’ai répondu « Je viens à l’instant de le refermer définitivement, à quoi bon connaître sa fin quand la mienne m’est inconnue » et un sourire m’a ému et j’ai dû baisser les yeux. Une larme à peine séchée, je relevais la tête et tu avais disparu. Le métro s’est remis en marche et j’ai vu ta démarche qui a remis sur les rails ma vie. Je l’ai retrouvée en te découvrant. Laisse-moi te parcourir, fais-moi frissonner, un avenir nous attend. La prochaine fois, je serai sans livre. C’est toi que je veux feuilleter désormais.

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