Stephen Hawking: une brève histoire d’un génie
Cloué dans un fauteuil et s’exprimant via un ordinateur, Stephen Hawking, qui est décédé mercredi à 76 ans, a consacré sa vie à percer les secrets de l’univers et à populariser l’astrophysique, au point d’en devenir une star.
«Je suis certain que mon handicap a un rapport avec ma célébrité. Les gens sont fascinés par le contraste entre mes capacités physiques très limitées et la nature extrêmement étendue de l’univers que j’étudie», disait le scientifique contemporain certainement le plus célèbre du monde.
Stephen Hawking est né à Oxford le 8 janvier 1942, 300 ans jour pour jour après la mort de Galilée.
Son père, biologiste, souhaite qu’il suive ses pas en étudiant la médecine à Oxford. Mais le jeune Stephen s’est déjà pris de passion pour les mathématiques. Cette matière n’étant pas enseignée dans la prestigieuse université, il opte pour la physique.
Au bout de trois ans, il part pour Cambridge, afin d’y poursuivre des recherches en astronomie.
Peu après son 21ème anniversaire, il apprend qu’il souffre d’une maladie dégénérative paralysante, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Lou Gehrig.
Les médecins ne lui donnent que deux ans à vivre. Ne sachant même pas s’il pourra achever sa thèse de doctorat, il plonge dans une profonde dépression, dont il ne sort que grâce à sa rencontre avec une étudiante en linguistique, Jane Wilde, qu’il épouse en 1965.
Le couple, qui divorcera 30 ans plus tard, aura trois enfants. Stephen Hawking épousera en seconde noces Elaine Mason, dont il se séparera au bout de onze ans, en 2006.
Son corps décline inexorablement. En 1974, il est incapable de se nourrir ou de sortir de son lit par lui-même. En 1985, il perd définitivement l’usage de la parole après avoir subi une trachéotomie à la suite d’une pneumonie.
«Comprendre complètement l’univers
Mais son esprit est intact. Et son but simple: «Comprendre complètement l’univers, pourquoi il est comme il est et pourquoi il existe.»
Dans les années 1970, il développe l’idée que les trous noirs ne se contentent pas d’absorber toute matière et lumière passant à leur proximité mais émettent aussi un rayonnement, le «rayonnement Hawking».
Ce faisant, il est le premier à parvenir à toucher du doigt le Graal des physiciens ç: commencer à concilier les deux grandes théories qui expliquent le fonctionnement de l’univers et sont apparemment incompatibles, à savoir la relativité générale d’Einstein pour l’infiniment grand et la mécanique quantique pour l’infiniment petit.
De l’avis des scientifiques, cette théorie aurait valu le prix Nobel à Stephen Hawking si elle avait pu être expérimentalement démontrée.
À 32 ans, il devient le plus jeune membre de la Royal Society, l’équivalent britannique de l’Académie des sciences.
En 1980, il obtient la chaire de professeur lucasien de mathématiques de l’université de Cambridge, un poste occupé avant lui par Isaac Newton. Il le quittera en 2009, frappé par la limite d’âge.
Tout en approfondissant ses travaux sur les origines de l’Univers, le théoricien publie en 1988 Une brève histoire du temps, afin d’expliquer au grand public les grands principes de la cosmologie, du Big Bang à la théorie des cordes.
Jamais un ouvrage de vulgarisation scientifique ne connaîtra un tel succès. Depuis sa parution, il s’est écoulé à plus de neuf millions d’exemplaires.
Stephen Hawking devient alors l’incarnation populaire du scientifique, multipliant les interventions pour promouvoir la recherche et, parfois, s’inquiéter de ses possibles dérives.
Formidable communicant, capable d’effectuer un vol en apesanteur malgré son handicap, il se prête au jeu avec un plaisir certain et un grand sens de l’humour.
Sa page Facebook qu’il alimente lui-même avec des messages signés «SH» compte plus de 4 millions d’«amis».
Il joue son propre rôle dans des séries comme Star Trek, The Big Bang Theory et The Simpsons, signe des livres pour enfants avec sa fille Lucy, «chante » avec sa voix synthétique aux côtés de U2, Pink Floyd et même des Monthy Python.
Il y a un an, il était apparu lors d’une conférence à Hong Kong par hologramme. Devant des centaines de personnes, il avait soutenu que les réponses aux multiples crises environnementales «viendront de la science et de la technologie».