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L’Ethiopie et l’Erythrée normalisent leurs relations diplomatiques

In this grab taken from video provided by ERITV, Ethiopia's Prime Minister Abiy Ahmed, centre right is welcomed by Erirea's President Isaias Afwerki as he disembarks the plane, in Asmara, Eritrea, Sunday, July 8, 2018. With laughter and hugs, the leaders of longtime rivals Ethiopia and Eritrea met for the first time in nearly two decades Sunday amid a rapid and dramatic diplomatic thaw aimed at ending one of Africa's longest-running conflicts. (ERITV via AP) Photo: The Associated Press

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé dimanche une normalisation des relations de son pays avec l’Erythrée, à l’issue d’une rencontre historique avec le président érythréen à Asmara, destinée à mettre un terme à des années d’hostilité entre les voisins de la Corne de l’Afrique.

Cette annonce survient après des semaines de rapprochements entre les deux pays, qui ont culminé avec des drapeaux éthiopiens flottant au vent et les acclamations de la foule massée le long des rues de la capitale érythréenne pour saluer Abiy Ahmed.

« Nous nous sommes mis d’accord pour la reprise du trafic aérien et naval, pour la circulation des personnes entre nos deux pays et la réouverture des ambassades », a déclaré Abiy Ahmed, à l’issue de discussions avec le président Issaias Afwerki.

Plus tôt, les deux dirigeants s’étaient déjà mis d’accord pour rétablir les liaisons téléphoniques internationales entre les deux pays.

La télévision officielle de l’Erythrée avait montré les deux dirigeants s’étreignant à l’aéroport, une scène inimaginable il y a encore quelques mois – les plus hauts dirigeants des deux pays ne s’étaient pas retrouvés depuis près de vingt ans

Le ministre érythréen de l’Information, Yemane Gebremeskel, a diffusé sur Twitter une photo des deux dirigeants en train de discuter. Leur rencontre va « donner le ton pour des changements rapides, positifs, sur la base du  respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale », a-t-il écrit.

Le sommet de dimanche fait suite à l’annonce par M. Abiy le mois dernier de la volonté de l’Ethiopie de céder à l’Erythrée un territoire frontalier disputé qu’elle occupe toujours malgré un jugement d’une commission indépendante internationale soutenue par l’ONU datant de 2002.

Le refus de l’Ethiopie continuait de bloquer les relations bilatérales bien que les deux frères ennemis aient mis fin aux hostilités après une guerre qui les a opposés entre 1998 et 2000 et fait quelque 80.000 morts.

Cette guerre s’est inscrite dans le contexte d’un conflit plus ancien encore. Ancienne province éthiopienne sur la mer Rouge, l’Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.

Ville symbole de Badme
Les relations bilatérales se sont envenimées, un contentieux sur la délimitation de leur frontière commune dégénérant en guerre ouverte cinq ans plus tard.

C’est l’arrivée au pouvoir à Addis Abeba en avril, de M. Abiy, 42 ans, qui a ouvert la voie au dégel des relations.

Le nouveau dirigeant a amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de 25 ans dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

Au nombre de ces bouleversements figurait l’annonce début juin de son intention d’appliquer l’accord de paix d’Alger signé en 2000 avec l’Érythrée et les conclusions de la commission internationale sur la démarcation de la frontière.

Bien accueillie par le chef de l’État érythréen, cette initiative a débouché sur l’envoi fin juin à Addis Abeba d’une délégation érythréenne de haut niveau et l’annonce à cette occasion d’une prochaine visite de M. Abiy à Asmara.

La promesse du Premier ministre d’un retrait éthiopien de la zone contestée, dont la ville symbole de Badme, accordée à l’Érythrée en 2002, ne s’est pas encore concrétisée sur le terrain où les dernières hostilités remontent à deux ans à peine.

En juin 2016, un violent accrochage avait opposé les deux armées à la frontière, les Érythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens et Addis Abeba rappelant qu’elle avait « la capacité de mener une guerre totale ».

Mais en répondant à la main tendue de M. Abiy, le président Issaias a tranché avec ses habituelles diatribes. A la tête depuis 1993 d’un des régimes les plus fermés et les plus répressifs au monde, il justifie depuis des années l’emprisonnement de dissidents et la conscription obligatoire par la nécessité de se défendre contre l’Éthiopie.

La décision de M. Abiy de tourner la page du conflit en respectant l’accord de paix d’Alger a été saluée par la communauté internationale.

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