Controverse aux teintes racistes à l’ouverture d’un duel électoral inédit en Floride
Le duel entre le premier candidat noir au poste de gouverneur en Floride et un républicain pro-Trump a démarré mercredi sur fond de polémique après des propos de ce dernier jugés racistes par de nombreux démocrates aux États-Unis.
Tous deux ont surpris dans leurs camps en coiffant au poteau les favoris, reflet d’un année électorale marquée par la poussée des candidats anti-establishment.
“Personne ne s’attendait à ce que le fils d’une conductrice de bus et d’un maçon” gagne, a lancé mardi soir Andrew Gillum, soutenu par Bernie Sanders, après avoir battu ses quatre principaux opposants aux primaires démocrates.
A 39 ans, le maire de la ville de Tallahassee –capitale de la Floride– devient le premier candidat noir au poste de gouverneur dans le troisième État le plus peuplé du pays.
En face, un ardent supporteur de Donald Trump et élu de la Chambre des représentants des États-Unis, Ron DeSantis, a écrasé le candidat préféré des stratèges républicains…
Et provoqué une polémique dès mercredi matin en conseillant aux Floridiens d’éviter de « monkey this up » pour dire qu’élire M. Gillum risquait de nuire aux avancées économiques supposées du gouverneur républicain actuel.
Des propos largement interprétés comme racistes par les démocrates, et au-delà.
“M. DeSantis s’inspire directement du manuel de campagne de Donald Trump”, a réagi Andrew Gillum sur Fox News. Mais il se trompe “s’il pense que les électeurs de Floride vont répondre à ce niveau de moquerie et de division. Ils en ont assez”.
L’équipe du républicain s’est défendue, jugeant la polémique “absurde”. “M. DeSantis parlait bien évidemment de la Floride qui ferait le mauvais choix en épousant les politiques” du candidat “démocrate d’extrême gauche”.
Ron DeSantis, également 39 ans, a clairement affiché, et avec humour, son admiration pour le président républicain. Il bénéficie du soutien sans réserves de Donald Trump.
Le président américain a taclé mercredi son opposant sur Twitter, qualifiant Andrew Gillum de “maire socialiste raté” qui a permis “au crime & à de nombreux problèmes de se propager dans sa ville”.
Soutenant des lois “de bon sens sur les armes” dans un État récemment frappé par la tuerie du lycée de Parkland et un système de santé universel, Andrew Gillum a reçu le soutien de Bernie Sanders, rival progressiste de Hillary Clinton à la primaire démocrate en 2016. Il s’est déclaré en faveur d’une procédure de destitution contre Donald Trump.
Dans la Géorgie voisine, la démocrate Stacey Abrams est aussi la première candidate noire à tenter de remporter le poste de gouverneur de cet État.
Tous deux pourraient marquer l’histoire américaine le 6 novembre, lorsque les Américains éliront les gouverneurs de 36 États ainsi que les 435 élus de la Chambre des représentants et un tiers des sénateurs (35 sièges) à Washington.
Comme avec Stacey Abrams, “des électeurs en quête d’inspiration ont trouvé un candidat qui les inspire, c’est ce qui explique” la victoire surprise d’Andrew Gillum, analyse pour l’AFP Michael Ceraso, stratège démocrate qui a travaillé sur les campagnes de Barack Obama et Bernie Sanders.
L’élection pour le gouverneur de Floride sera serrée entre les deux candidats anti-establishment, selon Geoffrey Skelley, politologue à l’université de Virginie. “Aussi bien Gillum que DeSantis sont des électrons libres et l’issue de cette course reste incertaine”, explique-t-il à l’AFP.
En Arizona, Donald Trump ne s’était pas franchement mêlé des primaires pour un siège au Sénat américain, jusqu’à la victoire mardi soir de Martha McSally, ancienne pilote de chasse et candidate préférée des dirigeants du parti républicain.
“Martha McSally est une femme extraordinaire”, a-t-il salué sur Twitter mercredi.
Elle a battu le shérif Joe Arpaio, condamné pour ses méthodes policières discriminatoires envers les immigrés clandestins puis gracié par le président américain et l’utra-conservatrice Kelli Ward.
Martha McSally affrontera la démocrate Kyrsten Sinema.
Alors qu’un nombre record de candidates a déjà été enregistré cette année, une femme est donc certaine de remplacer le républicain Jeff Flake.
L’autre siège de sénateur a été laissé vacant par le décès samedi à 81 ans du républicain John McCain. Le gouverneur de l’Arizona devra choisir un républicain pour le remplacer, et rétablir la courte majorité républicaine au Sénat (51-49).