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Pour Trump, le «shutdown» historique pourrait être réglé en 15 minutes

President Donald Trump speaks in the Rose Garden of the White House in Washington, joined by House Minority Leader Kevin McCarthy of Calif., and other Congressional Republican leaders, after a meeting with Congressional leaders on border security, as the government shutdown continues Friday, Jan. 4, 2019. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta) Photo: AP

Le président Donald Trump a assuré samedi que le «shutdown» qui paralyse partiellement depuis trois semaines les administrations fédérales des États-Unis, et qui est devenu le plus long de l’histoire du pays, pourrait être «réglé en 15 minutes».

Le record a été battu vendredi à minuit (05H00 GMT samedi), dépassant ainsi les 21 jours de «shutdown» pendant l’ère Bill Clinton en 1995-1996.

Aucun compromis n’a pu être trouvé entre le président républicain, qui réclame 5,7 milliards de dollars pour construire un mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique, et les démocrates, farouchement opposés au projet, jugé «immoral», coûteux et inefficace pour lutter contre l’immigration clandestine.

Samedi matin, Donald Trump a multiplié les tweets appelant l’opposition démocrate à «revenir à Washington» pour mettre un terme à ce qu’il a appelé «l’horrible crise humanitaire à la frontière sud».

«Les démocrates pourraient régler le shutdown en 15 minutes! Appelez votre sénateur ou représentant démocrate. Dites-leur de faire leur boulot! Crise humanitaire», a-t-il tweeté.

Il a aussi mentionné des critiques dans le Washington Post sur son absence de plan pour relancer le gouvernement. «En fait, il n’y a presque personne à la Maison Blanche, sauf moi, et j’ai un plan pour le shutdown», a-t-il écrit. 

Le milliardaire républicain avait assuré vendredi ne pas vouloir déclarer «si vite» une procédure d’urgence nationale qui lui permettrait d’utiliser des fonds déjà approuvés par le Congrès pour financer la construction du mur à la frontière.

«Ce que nous ne cherchons pas à faire pour l’instant est l’urgence nationale», a-t-il ajouté après des jours de spéculation sur le recours à une telle procédure qui confère des pouvoirs exceptionnels au président. Utiliser une telle prérogative plongerait à coup sûr le pays dans une tempête politico-judiciaire.

Selon plusieurs médias américains, la Maison Blanche envisagerait de rediriger des fonds d’aide d’urgence pour différents territoires ravagés par des catastrophes naturelles, comme Porto Rico, pour financer la construction d’une barrière à la frontière.

Sécurité aérienne

Au Congrès, aucun compromis ne pointe à l’horizon. Le Sénat a suspendu sa séance vendredi en début d’après-midi et ne se réunira pas de nouveau avant lundi.

Les conséquences sont, elles, bien réelles. Pour la première fois vendredi, les 800 000 fonctionnaires fédéraux affectés par le «shutdown» n’ont pas touché leur salaire.

Depuis le 22 décembre, la moitié d’entre eux, jugés «non essentiels», ont été placés en congé sans solde, tandis que l’autre moitié a été réquisitionnée.

La Chambre des représentants a approuvé à une écrasante majorité vendredi une loi, déjà votée par le Sénat, garantissant aux employés fédéraux qu’ils soient payés rétroactivement une fois le «shutdown» terminé. Il revient désormais au président de la promulguer.

Ce type de mesure est courant aux États-Unis lorsque le pays traverse de telles impasses budgétaires. Mais elle ne concerne pas les millions de contractuels également affectés. 

Plusieurs ministères essentiels, comme ceux de la Sécurité intérieure, de la Justice ou des Transports, sont touchés par le «shutdown». 

Jeudi, les principaux syndicats du transport aérien —pilotes de ligne, personnel naviguant, contrôleurs aériens— ont dénoncé une situation qui se détériore, évoquant des risques accrus pour la sécurité du pays. 

Un terminal de l’aéroport international de Miami sera fermé par intermittence, de samedi à lundi, à cause du manque de personnel.

«Des factures à payer»

Une manifestation à Washington a par ailleurs rassemblé selon les syndicats plus de 2 000 employés du gouvernement, qui ont exprimé leur inquiétude sur la dégradation de leurs conditions de vie.

«On a des factures à payer. Nous devons payer notre prêt hypothécaire», a expliqué à l’AFP Anthony, un employé civil des gardes côtes, dont l’épouse travaille pour une association à but non lucratif. 

«Heureusement, nous avons un peu d’économies pour vivre, mais ça ne va pas durer très longtemps», a-t-il ajouté, estimant que les fonctionnaires étaient «pris en otages» par le président républicain.

De nombreuses initiatives privées ou publiques, comme des repas gratuits ou des foires à l’emploi pour les fonctionnaires au chômage technique, sont organisées dans tout le pays.

Une paralysie prolongée du gouvernement fédéral aurait «un effet notable» sur la première économie du monde, a mis en garde dans la semaine le patron de la Banque centrale américaine, Jerome Powell.

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