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Le Parlement grec se prononcera jeudi soir sur le nom de la Macédoine

Greek Prime Minister Alexis Tsipras looks on during a parliamentary session in Athens, Friday, Aug. 14, 2015. Greek lawmakers are continuing a debate in parliament to approve a massive new bailout deal after repeated delays over procedure and dissent within the governing left-wing Syriza party caused the session to last through the night. (AP Photo/Yannis Liakos) Photo: AP
Rédaction - Agence France-Presse

Le Parlement grec se prononcera jeudi soir sur le nouveau nom de la Macédoine, un vieux litige qui empoisonne les relations entre les deux pays voisins et divise l’opinion publique tout comme la classe politique grecque.

Après avoir été ratifié par le parlement de Skopje il y a dix jours, l’accord gréco-macédonien du 17 juin qui rebaptise la petite république balkanique voisine en «République de Macédoine du Nord» doit être adopté par le parlement grec (la Vouli) pour entrer en vigueur. L’accord dit de Prespes (ou Prespa) sera débattu en session plénière mercredi de 8h AM à vendredi minuit, selon le planning établi par la conférence des présidents des commissions parlementaires rendu public par l’Agence semi-officielle grecque ANA.

Le débat en commission des affaires étrangères a commencé à débuté lundi après-midi. Le nouveau nom de la Macédoine suscite l’opposition dans la classe politique mais aussi dans l’opinion publique grecque, dont beaucoup pensent que le nom de Macédoine appartient au patrimoine historique grec et doit être réservé à la province du nord de la Grèce qui tire sa fierté des conquêtes d’Alexandre Le Grand.

Le Premier ministre Alexis Tsipras a partagé lundi soir sur le réseau social Twitter un clip vidéo afin de convaincre du bien-fondé de l’accord. «L’accord de Prespes est un pas historique non seulement pour nos deux pays mais aussi pour toute la région, pour toute l’Europe», a-t-il écrit sur Twitter. Des dizaines de milliers de Grecs ont manifesté dimanche devant le parlement grec contre la ratification de l’accord.

Des heurts violents ont éclaté faisant 42 blessés, dont 25 policiers, selon le ministère de la Santé lundi. Parmi les blessés, figurent des journalistes violemment agressés. Dans un communiqué, le représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la liberté des médias, Harlem Désir, a dénoncé les «terribles attaques» visant des journalistes et exhorté les autorités grecques à «enquêter rapidement» sur ces incidents.

Sept personnes ont été interpellées, dont deux ressortissants turcs et une Allemande, selon l’agence ANA. Selon le gouvernement, «les incidents ont été provoqués par des extrémistes membres d’Aube Dorée [le parti néonazi] qui ont tenté de pénétrer dans le parlement».

Les partis d’opposition ont de leur côté critiqué l’utilisation selon eux abusive des gaz lacrymogènes par les forces anti-émeutes dans une foule constituée notamment de personnes âgées et d’enfants. Près de 70% des Grecs se sont prononcés contre l’accord, selon un sondage publié dimanche dans l’hebdomadaire Proto Thema, selon lequel 67% des personnes interrogées souhaitent que les élections prévues en octobre soient anticipées.

Le Premier ministre, qui a remporté de justesse mercredi un vote de confiance au Parlement provoqué par le contentieux macédonien, s’est montré confiant de voir adopter le nouveau nom de l’ancienne république yougoslave, par une majorité d’au moins 151 députés sur les 300 que compte la Vouli. Il a exhorté les «forces progressistes» à ratifier le changement de nom dans une interview au quotidien Avghi, le journal de son parti.

Le gouvernement Tsipras bénéficiera du vote des 145 députés de gauche de son parti Syriza. Il devrait obtenir le soutien d’élus indépendants et du parti pro-européen Potami. «D’après les dernières déclarations de députés et de certaines forces politiques, nous obtiendrons plus de 151 voix», a jugé le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos. Mais un large éventail de partis politiques grecs s’opposent à l’accord gréco-macédonien: de l’extrême droite aux socialistes en passant par le principal parti d’opposition de droite Nouvelle Démocratie, qui compte 78 élus.

Le litige sur la Macédoine voisine provoque en outre une onde de choc jusque dans les rangs des partis centristes secoués par des démissions et exclusions. «Je ne peux pas continuer à être membre du groupe parlementaire du Potami car j’ai une opinion différente sur un problème national majeur», a ainsi déclaré le député Giorgos Amyras, qui pourrait rejoindre les rangs de la droite.

Un autre député du Potami a annoncé sa démission sur Facebook lundi, conduisant le parti centriste à perdre son groupe parlementaire, réduit ainsi à trois élus. Au centre-gauche, l’alliance socialiste «Mouvement pour le changement» (ex-Pasok) a exclu un de ses députés qui a annoncé qu’il voterait pour le changement de nom. «La décision de [Thanassis] Theoharopoulos de voter en faveur de l’accord de Prespes sert M. Tspiras et ses projets et ne peut pas être acceptée», a expliqué l’alliance socialiste dimanche.

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