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Rapport Mueller: le ministre américain de la Justice sous pression

Donald Trump et Bill Barr Photo: AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Deux semaines après avoir affirmé que Donald Trump était blanchi de toute collusion avec la Russie, le ministre américain de la Justice Bill Barr est sous pression pour fournir les preuves justifiant son annonce.

Selon un résumé de M. Barr, le rapport très attendu du procureur spécial Robert Mueller, rédigé après une enquête de 22 mois, conclut qu’il n’existe pas d’éléments prouvant une entente ou une coordination entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou pour influencer les résultats de la présidentielle américaine de 2016.

Mais le rapport ne livre pas de conclusion définitive sur l’autre question centrale de l’enquête, celle d’une potentielle entrave à la justice de la part de Donald Trump, et Bill Barr a cité M. Mueller disant: «si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’exonère pas non plus».

Depuis, des informations de presse, citant des membres anonymes de l’équipe de Robert Mueller, affirment que M. Barr a ignoré les résumés préparés par l’équipe du procureur spécial, préférant publier son propre texte le 24 mars.

Ces enquêteurs auraient exprimé leur frustration face aux principales conclusions rendues publiques, estimant que le court document ne rendait pas compte «de façon adéquate» de leur enquête.

M. Barr dit malgré tout qu’il ne publiera pas les principales preuves, issues d’un grand jury, que M. Mueller a compilées et que les démocrates soupçonnent d’être accablantes pour le président.

Mardi, les membres du Congrès tiendront peut-être leur première occasion de questionner M. Barr en public sur le rapport Mueller, quand il se présentera devant une commission de la chambre basse pour parler du budget de son ministère.

Une commission parlementaire a déjà engagé, mercredi, une procédure contraignante pour obtenir l’intégralité du rapport d’enquête, ce que M. Barr et la Maison Blanche vont probablement contester.

Et jeudi, Jerry Nadler, le président de la commission, a exigé que M. Barr remette toutes les communications entre son équipe et celle de M. Mueller.

Les éléments fournis par M. Barr «semblent minimiser ce qu’implique le rapport pour le président», a-t-il dit. «La publication des comptes-rendus, sans délai, permettrait au peuple américain de juger les faits par lui-même».

Ce qui est notamment en jeu, c’est la capacité du président à mettre l’enquête russe derrière lui pour se consacrer à sa réélection en 2020.

M. Trump, qui a parlé d’une «exonération totale» lorsque son ministre a rendu publiques les conclusions du rapport Mueller, a dit cette semaine que les démocrates «bataillaient dur pour que la chasse aux sorcières se poursuive».

«Il n’y a pas eu de collusion», a-t-il encore martelé samedi sur Twitter.

Les démocrates soupçonnent eux M. Barr de vouloir garder la plus grand partie du rapport secrète pour protéger la Maison Blanche.

M. Trump a choisi de mettre cet avocat républicain chevronné à la tête du ministère de la Justice après avoir limogé son prédécesseur Jeff Sessions, à qui il reprochait notamment de s’être récusé dans l’enquête russe.

En juin 2018, M. Barr, à l’époque avocat d’entreprise, avait envoyé un mémo au ministère de la Justice et à la Maison Blanche, dans lequel il critiquait vivement l’enquête Mueller.

Il avait notamment dit que «la théorie de Mueller sur l’entrave (à la justice) était mal conçue» et fondée sur «une interprétation nouvelle et légalement injustifiable de la loi».

Jusqu’ici, M. Barr affirme qu’il publiera le rapport Mueller à la mi-avril, le temps d’en retirer certains passages sensibles qui pourraient mettre en danger des sources ou contenir des éléments sur d’autres enquêtes en cours.

Les documents du grand jury sont essentiels. Comme c’est souvent le cas dans les affaires sensibles, M. Mueller a utilisé ce panel de citoyens pour interroger des témoins-clés à huis clos.

La loi prévoit que ces preuves soient gardées secrètes, à moins qu’un procureur ne décide de procéder à des inculpations.

Les démocrates arguent que le Congrès a le droit de passer en revue tous les éléments à charge contre le président, même provenant d’un grand jury.

Vendredi, le ministère de la Justice, commentant une décision dans une autre affaire concernant la confidentialité des grands jurys, a été clair.

«Le département de la Justice continuera à défendre la tradition, établie depuis longtemps, de protéger les informations du grand jury», selon sa porte-parole Kelly Laco.

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