Soutenez

Chine: des Hongkongais inquiets pour leurs libertés commémorent Tiananmen

Des Hongkongais commémorent les 30 ans de Tiananmen. Photo: Kin Cheung/AP
Rédaction - Agence France-Presse

Des milliers de Hongkongais se sont réunis mardi soir dans un parc de l’ancienne colonie britannique pour la traditionnelle veillée aux chandelles à la mémoire des victimes de la répression sanglante des manifestations de la place Tiananmen, il y a 30 ans à Pékin.

La foule, qui tenait des bougies, a chanté et écouté des discours. Hong Kong est le seul endroit de Chine où une telle commémoration est possible, et des Chinois du continent avaient fait le déplacement pour échapper à la chape de plomb imposée par Pékin.

Le rassemblement est d’autant plus symbolique que le territoire semi-autonome lutte pour défendre ses libertés, alors que de nombreux Hongkongais ont le sentiment d’une ingérence de plus en plus forte de Pékin dans leurs affaires intérieures.

Voilà 29 ans qu’une veillée se tient chaque année dans la ville du sud-est de la Chine en souvenir de la répression menée le 4 juin 1989 par l’armée chinoise place Tiananmen, ce qui est en soi la preuve des libertés extraordinaires dont jouit Hong Kong.

Ce rassemblement est organisé par des vétérans du combat pour la démocratie pour demander à la fois la démocratisation du régime chinois et la justice pour les victimes de Tiananmen.

Mais ces dernières années, il est aussi question lors de cette veillée des menaces pesant sur les droits et libertés à Hong Kong, en théorie garantis jusque 2047 par l’accord sino-britannique qui avait présidé à la rétrocession du territoire en 1997.

Le contexte est particulièrement tendu du fait du projet très controversé de l’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Ce projet de loi a suscité une levée de boucliers des milieux économiques et des critiques de juristes, et entraîné les manifestations les plus importantes depuis le Mouvement des Parapluies qui avait paralysé le centre de la ville pendant des semaines en 2014.

Cette veillée intervient d’ailleurs quelques semaines après l’incarcération de plusieurs figures de cette mobilisation sans précédent.

«J’ai le coeur brisé de voir Hong Kong revenir en arrière, pas à pas», déclare une femme de 56 ans qui ne consent à révéler que ses initiales, «QQL», de peur d’être identifiée par sa famille. «Nous devons nous exprimer, même si c’est juste une petite voix», dit-elle.

«Manifester notre soutien à un mouvement étudiant, c’est aussi exprimer notre mécontentement face au régime violent de la Chine», renchérit Amy Cheung, 20 ans.

Également dans la foule, une femme originaire de Pékin, qui s’identifie juste par le nom Zhao, raconte que sa mère l’avait emmenée place Tiananmen pendant les manifestations, et que son oncle avait rejoint le mouvement très tôt.

«Ils disaient que ce moment resterait dans l’histoire», explique-t-elle à l’AFP, alors que Tiananmen est banni des livres d’histoire en Chine. «Je suis tellement reconnaissante que les Hongkongais continuent à organiser cette veillée depuis 30 ans».

Un homme, qui se présente sous le nom de Xiao, dit avoir fait le voyage depuis Chengdu (centre de la Chine) pour participer à la veillée pour la première fois, mais redoute que les autorités de Pékin ne découvrent sa présence.

«J’ai peur d’être blacklisté, d’être poursuivi à mon retour», confie-t-il. «Mais si personne ne parle, la Chine ne progressera jamais».

Il est arrivé par le passé que des survivants de Tiananmen viennent à Hong Kong participer aux commémorations. Mais ces dernières années, beaucoup ont été refoulés par les autorités hongkongaises.

Dimanche encore, l’ancien dirigeant étudiant Feng Congde, 53 ans, qui vit à San Francisco, n’a pas eu l’autorisation à son arrivée à l’aéroport de Hong Kong de pénétrer sur le territoire et a été remis directement dans un avion.

Pendant des années, cette veillée a rassemblé plus de 100 000 personnes, mais la participation a diminué après l’échec des manifestations pro-démocratie du Mouvement des Parapluies en 2014. En dépit des semaines d’occupation des rues du centre de Hong Kong, les protestataires, qui demandaient l’instauration d’un véritable suffrage universel, n’avaient obtenu aucune concession de la Chine.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.