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La moitié des foyers du virus Ebola ne serait pas détectée

Port Loko, Sierra Leone Photo: Getty Images

La moitié des foyers d’Ebola qui ont éclaté depuis la découverte du virus en 1976 sont passés inaperçus car ils ne touchaient qu’un tout petit nombre de patients, ont estimé des chercheurs jeudi, en soulignant l’importance d’une «meilleure détection».

Mieux repérer ces foyers permettrait de les «juguler à la source» et donc d’être sûr qu’ils ne se transformeront pas en épidémie en se propageant à un grand nombre de personnes, soulignent ces scientifiques dans une étude parue dans la revue PLOS Neglected Tropical Diseases.

Cette publication intervient à la veille d’une réunion en urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle doit décider s’il faut augmenter le niveau d’alerte après que l’épidémie qui a surgi en août 2018 en République démocratique du Congo (RDC) s’est étendue à l’Ouganda.

«On détecte rarement les foyers d’Ebola quand ils sont encore facile à contrôler. Or, l’épidémie en cours montre combien il est difficile d’arrêter la maladie une fois qu’elle est hors de contrôle», souligne l’auteur principal de l’étude, Emma Glennon, de l’université britannique de Cambridge.

«La plupart du temps, quand le virus d’Ebola passe des animaux aux hommes, ce n’est même pas détecté. Ces cas initiaux n’infectent souvent personne, mais être capable de les repérer et de les traiter localement est tout de même crucial, car on ne sait jamais lesquels de ces foyers évolueront en épidémie», poursuit-elle.

«Si un foyer est décelé suffisamment tôt, on peut empêcher qu’il s’étende grâce à des interventions simples, comme placer les personnes infectées et leur entourage à l’isolement», selon Emma Glennon.

Localement, «la plupart des docteurs et des travailleurs de santé n’ont jamais vu un seul cas d’Ebola, et les fortes fièvres que la maladie provoque peuvent facilement être attribuées à tort au paludisme, à la typhoïde ou à la fièvre jaune», ajoute la chercheuse.

Selon elle, «il faut investir davantage pour assurer un meilleur diagnostic et un meilleur contrôle d’Ebola au niveau local». Car «les réponses internationales aux épidémies sont certes importantes mais souvent lentes, compliquées et onéreuses».

Les chercheurs se sont basés sur trois jeux de données provenant d’une région de Sierra Leone et de Conakry, en Guinée, pour la période 2013-2016. Ils ont utilisé des modèles statistiques pour simuler des épidémies d’Ebola et estimer la proportion de foyers non-repérés.

En RDC, l’épidémie actuelle a déjà fait plus de 1 300 morts. C’est la dixième dans le pays depuis 1976 et la deuxième la plus grave dans l’histoire de la maladie, après les quelque 11 000 morts en Afrique de l’Ouest (Liberia, Guinée, Sierra Leone) en 2014-2016.

La lutte contre la maladie en RDC est compliquée par la méfiance des populations envers les soignants, qui s’est soldée par des attaques armées contre des équipes médicales sur le terrain.

Ces derniers jours, l’épidémie s’est étendue à l’Ouganda, où elle a fait deux morts.

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