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L’Amazonie frappée par les politiques de Bolsonaro

Ariquemes, dans l'État de Rondonia au Brésil Photo: Mario Tama/Getty Images
Miguel Velazquez - Metro World News

Les experts craignent que 2019 devienne une des pires années sur le plan écologique pour la plus grande forêt tropicale de la planète.

Le recul de la forêt amazonienne s’est accéléré au Brésil et a atteint des sommets pour un mois de mai depuis que l’actuelle méthode de surveillance a été instaurée. Les spécialistes craignent que cette tendance soit liée au président du pays, Jair Bolsonaro, qui semble fermer les yeux sur l’exploitation forestière, agricole et minière illégale.

Selon le centre brésilien de la recherche spatiale, l’Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais (INPE), le système de surveillance de la déforestation en temps réel DETER a mesuré une surface de déboisement supplémentaire de 739 km2 au cours du dernier mois de mai, lequel marque le début de la saison sèche et constitue un moment de l’année où le brûlage de la forêt et d’autres formes de déboisement sont réalisés.

«La déforestation s’est aggravée depuis 2012. L’Amazonie a déjà perdu 20 % de sa couverture forestière originale, et certaines études estiment que nous arrivons peut-être à un point critique, au-delà duquel l’effet combiné de la déforestation et des changements climatiques pourrait entraîner le dépérissement massif de la forêt tropicale. La crise climatique serait alors hors de contrôle», a expliqué à Métro Claudio Angelo, chercheur à l’Observatório do Clima, à Brasília, au Brésil.

«La société dans son entier, au Brésil et à l’étranger, doit se mobiliser contre la déforestation. Si Bolsonaro et sa clique ne font pas face à une forte contestation de la rue et des partenaires commerciaux du Brésil, ils poursuivront leur funeste croisade.» Claudio Angelo, chercheur à l’Observatório do Clima, à Brasília, au Brésil

Ce dernier a ensuite ajouté ce qui suit : «L’augmentation du déboisement au mois de mai peut être expliquée par certains facteurs. Tout d’abord, la couverture nuageuse a été importante au cours de l’été, et les satellites ont pu détecter en mai le déboisement réalisé au cours des mois précédents. Ensuite, il y a un effet évident des politiques et des discours anti-environnementaux du président d’extrême droite Jair Bolsonaro et de son ministre de l’Environnement, Ricardo Salles, qui a muselé l’IBAMA, l’agence environnementale fédérale, offrant ainsi une certaine impunité aux auteurs d’atteintes à l’environnement.»

Les politiques publiques de Bolsonaro ont nui aux organismes de conservation des milieux naturels. Le chef de l’État brésilien s’est montré sceptique quant à la lutte contre les changements climatiques et a réduit le budget destiné aux mesures de contrôle environnemental.

«Bolsonaro est en train d’abolir à peu près toutes les politiques environnementales instaurées depuis 1992. Il exerce de fortes pressions sur les agents fédéraux de protection de l’environnement, favorisant ainsi les auteurs d’atteintes à l’environnement. Le nombre d’amendes imposées de janvier à mai 2019 dans la région de l’Amazonie pour des méfaits environnementaux est le plus faible en 11 ans, et les opérations d’inspection réalisées cette année ont chuté de 70 % par rapport à l’an dernier. Le président qualifie l’IBAMA “d’industrie de contraventions” et assure qu’il n’embauchera plus aucun agent, que ce soit pour l’IBAMA ou pour l’ICMBio, le service des parcs nationaux», a expliqué M. Angelo.

«Des directeurs n’ont été nommés que dans 4 des 27 bureaux régionaux de l’IBAMA, et aucun n’est en poste en Amazonie, ce qui veut dire que les opérations, quand elles sont menées, ont une moins grande efficacité. Le ministre de l’Environnement, qui – il est bon de le rappeler – a été reconnu coupable de fraude environnementale, a de façon répétée sapé le moral des troupes en renvoyant des agents dévoués, en reprochant aux autres d’imposer des amendes “idéologiques” et en invoquant le respect du “processus légal réglementaire” avant de permettre aux agents de brûler l’équipement confisqué dans les régions éloignées, ce qui est pourtant une importante mesure de dissuasion. Le résultat de tout cela est qu’un fort sentiment d’impunité sévit parmi les bûcherons et les voleurs de terres. Les agents de l’IBAMA, de leur côté, ont peur de faire leur travail», a conclu Claudio Angelo.


Cláudio Almeida, coordonnateur du programme de surveillance de l’Amazonie et d’autres biomes à l’INPE

À quel point la situation de la forêt amazonienne est-elle grave?
L’Amazonie a perdu environ 20 % de sa couverture forestière originale. Certains spécialistes croient que, si le déboisement atteint 25 %, la forêt atteindra un point de non-retour et deviendra une sorte de savane.

Pourquoi une telle chose se produit-elle?
La principale cause est l’extension de la frontière agricole. Mais il existe d’autres facteurs économiques qui exercent une pression sur la forêt.

Que suggérez-vous?
Nous croyons qu’un système de surveillance indépendant et transparent est essentiel pour assurer la conservation de la forêt tropicale. Et ce, en respectant la souveraineté de chaque État dont une partie est occupée par la forêt.

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