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France: des gilets jaunes investissent les Champs-Élysées après le défilé de la fête nationale

Manifestations sur les Champs-Élysées à Paris le 14 juillet 2019 Photo: Kamil Zihnioglu/AP

Des dizaines de personnes, dont des gilets jaunes, sont parvenues dimanche après-midi à investir les Champs-Elysées dans un face à face tendu avec les forces de l’ordre, à l’issue du traditionnel défilé militaire du 14 juillet, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le calme semblait toutefois revenu en fin de journée. «L’ordre a été rétabli», a déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement, venu constater la situation sur place.

C’est la première fois depuis les violents incidents ayant émaillé un de leurs défilés le 16 mars que des gilets jaunes retournaient manifester sur la célèbre avenue parisienne, désormais interdite à toute manifestation.

Un total de 175 personnes ont été interpellées en marge du défilé militaire, où des gilets jaunes avaient appelé à manifester, a annoncé dans un tweet la préfecture de police de Paris.

Plusieurs figures de ce mouvement de fronde contre la politique sociale et fiscale du gouvernement ont été placées en garde à vue quelques heures: Jérôme Rodrigues, ancien commerçant qui a perdu son oeil droit en janvier, et Maxime Nicolle pour «organisation d’une manifestation illicite», et le routier Eric Drouet pour «rébellion», a-t-on appris auprès du parquet de Paris.

Dans la matinée, quelques dizaines de gilets jaunes, sans leur chasuble fluo mais munis de sifflets et de ballons, ont copieusement hué le passage du président Emmanuel Macron.

De petits groupes ont ensuite parcouru la grande artère en chantant «Macron démission» ou «Gilets jaunes ! Ca va péter !».

C’est après la fin de la cérémonie que la situation s’est tendue. En début d’après-midi des manifestants mais aussi des jeunes gens dissimulant leurs visages sous des foulards et des capuches ont investi le haut de l’avenue en profitant de sa réouverture au public.

«Incompétence chronique», pour Le Pen 
De nombreuses barrières métalliques, utilisées pour limiter les déplacements des spectateurs ont été mises à terre, et des poubelles incendiées, conduisant les forces de l’ordre à riposter en tirant des grenades lacrymogènes.

Les policiers ont progressé sur l’avenue, en chassant peu à peu les manifestants, qui se réfugiaient dans les rues adjacentes, a constaté l’AFP.

Bleu, blanc, rouge des pieds à la tête, Cid, 33 ans, s’est dit révolté par le traitement réservé aux manifestants: «On nous a nassé (encerclé) dans la matinée, on s’est fait traiter comme des chiens. C’est eux (ndlr les forces de l’ordre) qui ont fait monter la pression».

Le calme est revenu progressivement sur l’avenue où les forces de l’ordre demeuraient en nombre en début de soirée.

Dans l’après-midi, des street-medics, des bénévoles assurant les premiers secours dans les manifestations, ont indiqué à l’AFP avoir pris en charge une touriste étrangère grièvement blessée à l’œil gauche.

Des images d’une femme assises par terre, un bandeau blanc sur les yeux et du sang coulant côté gauche, ont circulé sur les réseaux sociaux, mettant en cause un tir de balle de défense par les forces de l’ordre, une hypothèse que l’AFP n’a pas pu confirmer à ce stade.

La célèbre brasserie parisienne Le Fouquet’s, sévèrement endommagée lors de la manifestation du 16 mars et qui venait juste de rouvrir ses portes, a dû à nouveau barricader sa devanture. Quelques vitrines de commerces ont été cassées dans des rues perpendiculaires à l’avenue, a constaté un photographe de l’AFP.

A la suite de l’occupation des Champs par les manifestants, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a demandé dans un tweet: «Comment est-ce possible que des #BlackBlocs et des voyous d’extrême gauche arrivent à tout saccager le jour de notre fête nationale ? Pourquoi cette incompétence chronique d’un ministre de l’Intérieur, en dessous de tout et incapable d’assumer la moindre responsabilité ?».

Après près de huit mois de mobilisation depuis le 17 novembre, où le mouvement avait fait descendre plus de 280 000 personnes dans la rue, l’essoufflement gagnait ces dernières semaines. Les gilets jaunes n’étaient que quelques centaines à manifester samedi dans plusieurs villes de France.

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