Yémen: le pouvoir a repris Aden, la capitale du sud du pays
Les forces gouvernementales au Yémen ont repris mercredi Aden, la grande ville du Sud, infligeant un coup dur aux séparatistes qui avaient cherché ces dernières semaines à s’emparer de plusieurs régions du sud du pays meurtri par un conflit complexe et dévastateur.
Depuis 2014, le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi est en guerre contre les rebelles Houthis qui se sont emparés de vastes régions du Nord dont la capitale Sanaa. Mais depuis début août, un nouveau front s’est ouvert avec les combats contre les séparatistes qui réclament l’indépendance du Sud du pays.
Chassées il y a 18 jours d’Aden, la «capitale provisoire» du gouvernement Hadi après la perte de Sanaa, les forces loyalistes ont pris le dessus sur les troupes séparatistes sudistes du «Cordon de sécurité», dépendant du Conseil de transition du sud (STC).
«Les officiers et les soldats de la garde présidentielle ont réussi à sécuriser de manière complète le palais (présidentiel) et ses environs» à Aden, a écrit sur Twitter le ministre de l’Information Mouammar al-Iryani.
«L’armée nationale et les forces de sécurité exercent un contrôle total sur les districts» de la ville portuaire, a-t-il ajouté.
Les combats entre pouvoir et séparatistes avaient éclaté le 7 août à Aden, avant de se déplacer dans la province voisine d’Abyane puis dans celle de Chabwa, plus au nord.
Les deux camps avaient pourtant combattu auparavant ensemble les rebelles Houthis.
Quelques jours après le début des hostilités à Aden, les séparatistes semblaient avoir renforcé leur emprise sur la ville. Mais, ces derniers jours, ils n’ont pas résisté à une opération du gouvernement qui a dépêché d’importants renforts.
«Cette victoire n’aurait pas pu être possible sans la volonté sincère et la solidarité des hommes des provinces du Sud et sans le soutien de nos frères de la coalition» militaire menée par l’Arabie saoudite, a déclaré M. Iryani.
Avant l’annonce de la reprise d’Aden, des combats de rue avaient opposé les deux camps. Un correspondant de l’AFP a été témoin d’affrontements dans l’est.
Le premier ministre Mouïn Abdel Malek a estimé que «le retour de l’État» à Aden constituait «une victoire pour l’ensemble du peuple yéménite». Il a indiqué avoir ordonné de «protéger les biens publics et privés et d’y empêcher tout désordre».
Plus tôt, des responsables des services de sécurité ont indiqué que les forces loyalistes avaient repris la province méridionale d’Abyane, passée la semaine dernière sous contrôle des séparatistes qui s’étaient alors emparés de deux QG des forces de sécurité.
Selon les sources de sécurité, le succès des forces gouvernementales a été favorisé par l’arrivée d’importants renforts.
Le même scénario s’est produit samedi dans la province de Chabwa, où les séparatistes se sont retirés face à une poussée des forces du gouvernement.
La déroute des séparatistes s’est accélérée avec la défection de plusieurs de ses bataillons à Abyane et Chabwa et leur décision de rejoindre les forces du gouvernement, selon des sources de sécurité.
Malgré la perte de Chabwa, le chef du STC, Aidarous al-Zoubaïdi, a promis mardi soir de rebâtir les unités séparatistes de la province de Chabwa et d’en faire des «unités plus fortes».
Le STC bénéficie traditionnellement du soutien des Émirats arabes unis, tandis que le gouvernement Hadi est appuyé par l’Arabie saoudite. Ces deux pays sont pourtant alliés au sein de la coalition militaire intervenue en 2015 au Yémen pour soutenir le pouvoir face aux Houthis.
Venus de leur fief du Nord, les Houthis, perçus comme proches de l’Iran, se sont emparés de larges pans du territoire à la faveur de leur offensive déclenchée en 2014.
Lundi, Ryad et Abou Dhabi ont réitéré leur appel au dialogue entre gouvernement et séparatistes sudistes.
«La seule voie qui s’offre à nos frères au Yémen est de surpasser leurs différends par le dialogue et de travailler ensemble pour contrer l’influence de l’Iran», a dit Adel al-Jubeir, ministre d’État saoudien aux Affaires étrangères.
Le conflit au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, a fait depuis 2014 des dizaines de milliers de morts dont de nombreux civils d’après des ONG, et plongé le pays dans la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU.