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Réactions indignées au projet d’annexion d’un pan de la Cisjordanie par Israël

Réactions
Une annexion partielle de la Cisjordanie serait «une violation grave du droit international», a affirmé mercredi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres (à gauche). Photo: Amos Ben Gershom/GPO via Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Réactions indignées et inquiètes se sont succédé mercredi dans les capitales de pays arabes et musulmans, au lendemain de la promesse faite par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’annexer partiellement la Cisjordanie occupée en cas de réélection.

En pleine campagne électorale, M. Netanyahu a promis, s’il était réélu, d’annexer à l’Etat d’Israël «la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer Morte».

La vallée du Jourdain représente environ 30% de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Réalisée, cette promesse «entraînera toute la région dans la violence», a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne, Aymane Safadi.

Gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est —secteur palestinien de la ville occupé et annexé depuis 1967 par Israël—, la Jordanie est le seul pays arabe avec l’Égypte à avoir conclu un traité de paix avec l’État hébreu, en 1994.

Preuve du courroux suscité par l’annonce du premier ministre israélien, le président du Parlement jordanien, Atef al-Tarawneh, a affirmé mercredi que cet accord de paix bilatéral était désormais «en jeu».

Le régime syrien, qui lui est techniquement toujours en guerre avec l’État hébreu, a accusé Israël d’«expansionnisme».

L’annonce de M. Netanyahu «constitue un développement dangereux et une nouvelle agression israélienne qui déclare son intention de violer le droit international», ont réagi les chefs de la diplomatie des États membres de la Ligue arabe.

Dans leur communiqué, ils ont aussi assuré que l’annexion envisagée «minerait les chances de progrès dans le processus de paix» israélo-palestinien.

Peu après l’annonce, une haute responsable palestinienne, Hanane Achraoui, avait également assuré à l’AFP que le projet du candidat Netanyahu ruinerait «toute chance de paix», n’hésitant pas à parler de «nettoyage ethnique».

Au Liban, le mouvement du Hezbollah a jugé que l’annonce de M. Netanyahu visait à «judaïser la vallée du Jourdain et de vastes régions de la Cisjordanie».

Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif al-Zayani, a qualifié les propos du Premier ministre israélien de «provocation dangereuse et agressive».

À Ryad, la promesse de M. Netanyahu a été qualifiée de «dangereuse escalade».

L’Arabie saoudite a demandé une «réunion d’urgence» des ministres des Affaires étrangères des 57 membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), prévue dimanche.

Le royaume saoudien, proche allié des États-Unis, a également appelé la communauté internationale à «condamner et rejeter la déclaration (de Benjamin Netanyahu) et à considérer toute action résultant de cette promesse comme nulle».

Aux Émirats arabes unis, le chef de la diplomatie Abdallah ben Zayed Al-Nahyane a aussi dénoncé «une escalade dangereuse qui viole toutes les conventions et résolutions internationales».

Ailleurs dans le Golfe, le Bahreïn a parlé d’une «atteinte flagrante et inacceptable aux droits du peuple palestinien qui reflète une détermination à ne pas parvenir à une paix juste et globale».

Une annexion partielle de la Cisjordanie serait «une violation grave du droit international», a affirmé mercredi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Une telle évolution serait «dévastatrice pour la possibilité de relancer les négociations et la paix régionale, tout en minant sévèrement la viabilité de la solution à deux États» pour laquelle l’ONU reste engagée, a-t-il ajouté.

L’Union européenne a réagi en affirmant, par la voix de son porte-parole, que le plan d’annexion de M. Netanyahu compromettait les perspectives de paix.

De son côté, Paris a appelé «à s’abstenir de toute mesure susceptible de porter atteinte à la solution des deux États, seule à même de satisfaire les aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens».

Moscou a estimé que l’annonce de M. Netanyahu pourrait provoquer «une forte hausse des tensions dans la région (et) nuire aux espoirs d’une paix attendue de longue date entre Israël et ses voisins arabes».

La Turquie a jugé pour sa part «raciste» la promesse de M. Netanyahu.

Ankara défendra «jusqu’au bout» les droits et les intérêts des Palestiniens, a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

L’annonce du premier ministre israélien intervient à une semaine de législatives qui s’annoncent âprement disputées.

M. Netanyahu, qui fait campagne à droite et courtise l’électorat des colons juifs favorables à l’annexion de la Cisjordanie, est actuellement au coude-à-coude avec son plus proche rival, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, à la tête du parti centriste «Bleu-blanc».

À ce jour, plus de 600 000 Israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

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