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Toujours pas de date de retour pour le Boeing 737 MAX

boeing 737
Photo: Ted S. Warren/La Presse Canadienne/AP

Plus de six mois après l’immobilisation au sol du Boeing 737 MAX suite à deux accidents ayant fait 346 morts, il n’y a toujours pas de date pour son retour dans le ciel, ont indiqué lundi les autorités américaines.

«La FAA continue à suivre un processus minutieux, et non un calendrier imposé, pour remettre en service l’appareil», a déclaré Steve Dickson, le nouveau patron de l’agence fédérale de l’aviation civile (FAA).

«Notre priorité est la sécurité, et (par conséquent) nous n’avons pas arrêté de calendrier pour savoir quand notre inspection sera terminée», a insisté le responsable dans un discours, transmis à l’AFP et prononcé devant ses pairs lors d’une réunion à huis clos à Montréal.

M. Dickson a en outre indiqué que la levée de l’interdiction de vol se fera pays par pays, semblant ainsi prendre acte des divergences existant entre les autorités de l’aviation civile mondiales.

Il a par ailleurs confirmé qu’il envisageait de voler lui-même dans le 737 MAX modifié avant que celui-ci ne retourne dans le ciel américain.

Interrogé par l’AFP pour savoir si cette incertitude remettait en cause l’espoir du groupe de voir voler le MAX au «début du quatrième trimestre», qui commence la semaine prochaine, un porte-parole a répondu: «Il n’y a rien de nouveau».

«Nous étions contents de présenter nos changements aujourd’hui (lundi) aux régulateurs mondiaux et allons continuer à fournir des informations alors que nous travaillons tous vers un retour en service du 737 MAX», a-t-il dit.

Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing, va sans doute être interpellé sur cette question lors d’une intervention prévue au Club économique de New York le 2 octobre.

Le 737 MAX est cloué au sol depuis plus de six mois, un record pour un nouveau modèle. Par comparaison, le Boeing 787 était resté absent des airs pendant trois mois en 2013 après des problèmes de départ de feu lié aux batteries.

144 500 dollars pour chaque victime

La FAA examine actuellement les changements apportés par Boeing au logiciel MCAS, le système anti-décrochage spécialement conçu pour le MAX et mis en cause, par des enquêtes préliminaires, dans les accidents d’Ethiopian Airlines du 10 mars dernier et de Lion Air du 29 octobre 2018.

Elle attend encore de recevoir les modifications effectuées sur le système de contrôle de vol.

Boeing a suspendu les livraisons du MAX et en a réduit la production de 20%.

Les spéculations vont bon train. Des experts tablent sur un retour en service au printemps 2020, tandis que des compagnies aériennes, comme SouthWest et Air Canada, ont supprimé le MAX de leurs programmes de vol au moins jusqu’à début janvier prochain.

La FAA a par ailleurs reconnu lundi que les dissensions avec les autres régulateurs, notamment les Européens et les Canadiens, n’allaient pas permettre au 737 MAX modifié de revenir dans le ciel mondial de manière simultanée.

«Chaque gouvernement prendra sa propre décision sur le retour en service de l’appareil, fondée sur un examen approfondi sur sa sécurité», a déclaré le régulateur, dont la proximité avec Boeing est dénoncée de toutes parts depuis plusieurs mois.

Les Européens, via l’Agence de l’aviation civile européenne (AESA), jugent par exemple non satisfaisante la solution de Boeing à la défaillance éventuelle des sondes d’incidence («Angle of attack»- AOA) transmettant les informations au MCAS.

Les Canadiens exigent une formation des pilotes sur simulateur, tandis que les Américains jugent suffisante une simple formation sur ordinateur ou iPad.

Il est reproché à la FAA d’avoir été la dernière autorité à clouer l’avion au sol et d’avoir confié à Boeing l’homologation des systèmes importants du 737 MAX, dont le MCAS.

Les autorités indonésiennes estiment, dans les conclusions préliminaires d’un rapport, que des problèmes dans la conception du 737 MAX et dans sa supervision ont joué un rôle important dans le crash de l’appareil de Lion Air, selon le Wall Street Journal.

Un panel de régulateurs internationaux, mis en place par la FAA, devrait par ailleurs remettre dans les prochaines semaines un rapport très critique sur les relations entre Boeing et l’autorité, selon une source proche du dossier.

Boeing, qui fait face à une centaine de plaintes, a proposé lundi de verser 144 500 dollars à chaque famille des 346 victimes, argent venant d’un fonds spécifique doté au total de 100 millions de dollars.

Ce montant représente un peu moins que le prix catalogue d’un 737 MAX – 110 millions de dollars.

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