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Amazonie: des ONG dénoncent l’emprisonnement «abusif» de pompiers

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Le gouvernement Bolsonaro est très critiqué au Brésil et à l’étranger pour sa volonté de développer l’Amazonie, où les incendies qui accompagnent la déforestation pour permettre l’élevage notamment, sont en forte hausse. Photo: Victor Moriyama/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Des ONG ont dénoncé jeudi l’emprisonnement de quatre pompiers volontaires ayant lutté contre les incendies en Amazonie, fustigeant une «mesure abusive» sous un gouvernement Bolsonaro foncièrement hostile aux défenseurs de l’environnement.

Mardi, quatre hommes de la Brigade des incendies d’Alter do Chão, un groupe de volontaires qui prêtent main forte aux pompiers dans l’État septentrional du Para, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête ouverte pour déterminer la cause des incendies qui ont dévoré en septembre une zone protégée près d’un lieu touristique.

Le juge qui avait ordonné l’arrestation des quatre pompiers a demandé qu’ils soient libérés, ont indiqué jeudi soir plusieurs sites brésiliens, tandis que le gouverneur de l’État dessaisissait le commissaire en charge de l’enquête.

La police avait évoqué des «indices» selon lesquels les volontaires auraient provoqué les incendies, pour en revendre les images au Fonds mondial pour la nature (WWF), ce qu’ont nié catégoriquement l’ONG visée, comme le Fonds.

«Ils ont filmé et publié (les images) et ensuite ont été appelés par les pouvoirs publics pour circonscrire les incendies qu’ils avaient eux-mêmes provoqués», a affirmé dans un communiqué la Police Civile de l’État du Para.

Il avait fallu quatre jours pour éteindre les incendies de la région d’Alter do Chao — station balnéaire d’eau douce et de sable blanc — qui ont consumé l’équivalent de 1600 terrains de football.

Le ministre de l’Environnement Ricardo Salles, puis le président Jair Bolsonaro, se sont faits l’écho sur les réseaux sociaux des accusations de la police.

«En octobre, j’avais déclaré que de nombreux incendies pouvaient être liés aux ONG. Maintenant la police du Para a capturé plusieurs suspects», s’est réjoui sur Twitter Jair Bolsonaro, dont les propos avaient à l’époque scandalisé les défenseurs de l’environnement.

Les enquêteurs ont affirmé que les pompiers volontaires avaient provoqué des incendies pour en vendre les images au WWF qui les aurait ensuite utilisées pour récolter des fonds à l’étranger, y compris auprès de l’acteur américain Leonardo DiCaprio.

WWF-Brésil a rejeté avec force ces «mensonges». L’ONG Instituto Aquífero Alter do Chão, dont dépend la brigade, a elle aussi nié les accusations.

Le Fonds a confirmé avoir versé plus de 70 000 réais (15 000 euros) à l’ONG locale, mais dans le cadre d’un contrat établi en toute transparence pour l’acquisition d’équipement de lutte anti-incendie.

«Le manque de clarté dans l’enquête, le manque de fondement des allégations (…) sont extrêmement préoccupants du point de vue de la démocratie et ont permis des mesures clairement abusives», a ajouté WWF-Brasil dans son communiqué.

L’ONG Observatorio do Clima, qui regroupe diverses organisations de défense de l’environnement, a elle aussi dénoncé des «mesures abusives (…) dans le seul but d’intimider ceux qui travaillent au développement durable de l’Amazonie».

Amnesty international et Greenpeace ont également condamné l’emprisonnement des quatre pompiers.

Le parquet du Para a demandé à avoir accès à l’enquête policière, soulignant qu’une autre enquête, fédérale, ne mettait nullement en cause les ONG.

Le gouvernement Bolsonaro est très critiqué au Brésil et à l’étranger pour sa volonté de développer l’Amazonie, où les incendies qui accompagnent la déforestation pour permettre l’élevage notamment, sont en forte hausse.

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