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Les Irakiens restent dans la rue malgré l’engagement du Premier ministre de démissionner

Irak Premier ministre
Manifestation anti-gouvernement à Bagdad Photo: Ahmad al-Rubaye/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Rien ne semble pouvoir arrêter la contestation des Irakiens. Ils manifestaient et bloquaient de nouveau des routes samedi, à Bagdad et dans le Sud, malgré l’intention du Premier ministre de démissionner et les centaines de morts dans les violences.

Adel Abdel Mahdi, qui dirige depuis un an le gouvernement d’un des pays les plus riches en pétrole du monde, mais aussi l’un des plus corrompus, doit encore transformer son annonce en acte, mais pour la rue, sa démission ne suffira pas.

Depuis le début le 1er octobre de la contestation contre une classe politique jugée incompétente et corrompue et la déliquescence des services publics, plus de 420 Irakiens ont été tués et des milliers blessés dans les violences selon un bilan de sources médicales et policières compilé par l’AFP.

«On ne partira pas»

«La démission d’Adel Abdel Mahdi n’est que la première étape, il faudra ensuite limoger et juger tous les corrompus», lance à l’AFP un protestataire à Diwaniya (sud).

«On ne partira pas tant qu’on n’aura pas des emplois, de l’eau, de l’électricité», renchérit un autre à Bagdad où les heurts ont fait une dizaine de blessés.

Il faudra aussi, ajoute un troisième, obtenir réparation pour le sang versé. «On pourrait aller à la guerre civile, les familles ne se tairont pas, les tribus non plus.»

À Nassiriya, ville d’origine du Premier ministre meurtrie par les violences, des milliers de manifestants réclament «la chute du régime» sur une place du centre où ils ont reflué à l’appel des dignitaires tribaux après avoir brûlé des pneus en travers des ponts de la ville qui borde les ruines de l’antique Ur.

Ces derniers avaient fait sortir des combattants tribaux en armes jeudi, premier jour d’une répression qui a fait sombrer la ville dans le chaos. Vendredi, ils les ont rappelés. Et samedi, ils se sont mis d’accord avec les forces de l’ordre pour faire refluer les manifestants vers le campement du centre-ville.

Car, affirment policiers et leaders tribaux, des hommes armés venus de l’extérieur de la province ont profité des affrontements pour semer le chaos dans la ville où plusieurs postes de police ont été incendiés et où les tirs inimterrompus à l’arme automatique n’ont cessé que samedi soir.

À l’issue d’une journée marquée par 25 nouveaux blessés, selon des médecins, les autorités locales ont annoncé que dimanche –premier jour de la semaine en Irak– serait une journée chômée pour les fonctionnaires à Nassiriya. Et les entrées de la province étaient bouclées pour empêcher l’arrivée, assurent les autorités, de saboteurs venus d’ailleurs.

Depuis jeudi, à Nassiriya et dans la ville sainte chiite de Najaf, également dans le Sud, 68 manifestants ont été tués par des tirs des forces de l’ordre et d’hommes en civils défendant selon des témoins le siège d’un parti, dont le dernier samedi.

À Najaf, où des manifestants ont incendié mercredi soir le consulat iranien déclenchant la nouvelle vague de répression, dimanche a également été déclaré jour chômé dans le secteur public, plus gros employeur du pays.

La même décision a été prise dans l’autre ville sainte chiite du pays, Kerbala, cette fois-ci pour observer un deuil de trois jours pour les «martyrs» des derniers jours.

Des noms circulent

Le mouvement de contestation a reçu vendredi un soutien de poids du grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, qui a appelé le Parlement à remplacer le gouvernement de M. Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ni populaire.

Pour les Irakiens, c’est tout le système politique, mis en place par les États-Unis il y a 16 ans quand ils ont renversé le dictateur Saddam Hussein, et désormais sous la mainmise de leur rival iranien, qu’il faut changer.

Ils veulent la refonte d’un pouvoir basé sur les appartenances confessionnelles et ethniques qui a fait prospérer le clientélisme. Et, surtout, un renouvellement complet d’une classe politique qui a fait s’évaporer en 16 ans l’équivalent de deux fois le PIB du pays, deuxième producteur de l’Opep.

M. Abdel Mahdi a lu lors d’un  Conseil des ministres convoqué samedi la lettre de démission qu’il présentera au Parlement qui doit se réunir dimanche.

Le Conseil suprême de la magistrature a promis «les peines les plus sévères» à ceux qui ont tué ou blessé des manifestants, alors que le nom de son patron, Faëq Zeidan, circule dans les cercles politiques comme possible Premier ministre.

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