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Les Palestiniens espèrent peu du futur projet de paix de Trump

Donald Trump et Benyamin Netanyahou
Donald Trump et Benyamin Netanyahou Photo: Michael Reynolds - Pool/Getty Images
Rédaction - Agence France Presse

Un haussement d’épaules. Voilà à peu de choses près la réaction des Palestiniens au président américain Donald Trump qui doit annoncer sous peu son projet de paix pour le Proche-Orient, déjà jugé mort-né dans les Territoires occupés.

Le locataire de la Maison Blanche a annoncé tard jeudi que son plan de paix, dont la présentation a été retardée à maintes reprises, allait être dévoilé d’ici mardi, jour où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est invité à Washington pour en discuter.

Benny Gantz, le chef de l’opposition israélienne et rival de M. Netanyahu aux législatives de mars, doit aussi se rendre dans la capitale américaine pour ces discussions, auxquelles les Palestiniens, qui jugent l’administration Trump trop pro-israélienne, disent ne pas avoir été conviés.

Quelques haussements d’épaules

Vendredi, dans les rues de Ramallah, ville où siège l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, l’annonce de Donald Trump ne suscitait que haussements d’épaules, moues perplexes ou doutes profonds.

«Trump ne représente que lui-même, il est fou. Ce qu’il annonce est en faveur d’Israël», lance Munther Abou Awad, agrippant un tapis de prière bleu avant le grand rassemblement du vendredi dans les mosquées.

Le volet économique du plan américain avait été présenté en juin et prévoit environ 50 milliards d’investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans.

Malgré cette enveloppe, «ce plan est complètement voué à l’échec», estime Hossam Abdul Raheem, 57 ans, qui s’attend à ce que le plan de Trump soit oublié aussitôt annoncé. «Peu importe ce qu’ils feront, cela n’aura aucun impact sur nous», dit-il.

Lors de son sermon, le cheikh d’une mosquée locale a d’ailleurs condamné le plan qui reçoit peu d’appuis côté palestinien, d’autant que les États-Unis, sous Trump, ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et jugé que les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée n’étaient pas contraires au droit international.

«Trump se considère comme le président du monde, pas simplement le président des États-Unis, et dans les faits il est au service des intérêts américains», estime Nasser Nassar, qui est enseignant de jour et chauffeur de bus le soir afin, dit-il, de payer ses factures.

Mais il tance aussi le leadership palestinien qu’il accuse d’être autant responsable qu’Israël de la situation dans les Territoires palestiniens, où environ un quart de la population vit dans la pauvreté.

«Le leadership (palestinien) nous a placés dans une situation où nous essayons d’avoir de quoi vivre et oublions les grandes causes», dit-il à l’AFP.

Souveraineté israélienne

Selon les médias israéliens, le plan américain prévoit notamment une souveraineté israélienne sur la plupart des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et sur l’ensemble de Jérusalem. Israël considère Jérusalem dans son intégralité comme sa capitale alors que les Palestiniens espèrent faire de Jérusalem-Est, partie de la ville occupée depuis 1967 par Israël puis annexée, la capitale du futur Etat auquel ils aspirent.

En échange, les Palestiniens obtiendraient une sorte d’État démilitarisé sur ce qu’il reste de la Cisjordanie.

Donald Trump a indiqué que ces informations de presse restaient à ce stade des «spéculations», alors que les analystes israéliens et palestiniens étaient unanimement sceptiques sur les chances de succès du plan.

Pour Nour Odeh, un analyste palestinien, si les clauses fuitées par les médias israéliens se confirmaient, elles seraient totalement inacceptables pour tout leader palestinien.

«Trump veut que les Palestiniens souscrivent au Likoud (parti de Netanyahu), c’est en substance sa condition», estime-t-il. Mais «il n’y a pas de quoi dialoguer. Pour les Palestiniens et le monde, la question qui se pose est: « comment répondre »».

Donald Trump espère que l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes soutiendront son plan afin d’accentuer la pression sur M. Abbas, mais cela risque d’être difficile au vu des détails évoqués dans la presse, selon Nahum Barnea, commentateur politique.

«Aucun dirigeant arabe (…) ne pourra soutenir le plan publiquement», estime-t-il dans le journal israélien Yediot Aharonot.

Et le plan de paix pourrait aussi susciter des tensions au sein même de la grande famille de la droite israélienne, prévient Ofer Zalzberg, analyste à l’International Crisis Group (ICG).

Le parti Nouvelle droite, du ministre de la Défense Naftali Bennett, dépend pour beaucoup du soutien des colons et s’oppose à des concessions à propos d’une terre qu’il considère donnée aux Juifs par Dieu. «J’attends de voir un politicien religieux ou sioniste de droite soutenir ce plan», souligne M. Zalzberg.

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