Trump présente son plan de paix à Netanyahu
Donald Trump reçoit lundi son «ami» Benjamin Netanyahu avant de présenter un plan de paix jugé «historique» par Israël mais rejeté par avance, avec force, par les Palestiniens.
Le locataire de la Maison Blanche, qui a confié dès son arrivée au pouvoir il y a trois ans ce dossier sensible à son gendre Jared Kushner, répète qu’il rêve de réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué.
Mais il n’a jamais expliqué jusqu’ici comment il entendait faire revenir à la table des négociations des Palestiniens qui jugent que Washington n’a plus la crédibilité nécessaire pour agir en médiateur.
Selon de hauts responsables palestiniens, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a refusé au cours des derniers mois les offres de dialogue du président américain.
Avant même le début de la rencontre, le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a appelé la communauté internationale à boycotter le projet, contraire selon lui au droit international.
«Ce n’est pas un plan de paix pour le Moyen-Orient», a-t-il martelé, jugeant que l’initiative visait avant tout à protéger «Trump de la destitution» et «Netanyahu de la prison».
Un projet «déjà mort»
Le programme, étalé sur deux jours à la Maison Blanche, s’annonce chargé.
Lundi, le président américain et le Premier ministre israélien, qui ne tarissent jamais d’éloges l’un sur l’autre, se retrouveront dans le Bureau ovale. Cette rencontre sera suivie d’un tête-à-tête entre le milliardaire républicain et Benny Gantz, chef de l’opposition israélienne.
Selon le programme diffusé par l’exécutif américain, aucun de ces rendez-vous, qui interviennent un mois avant un nouveau scrutin dans l’État hébreu, ne sera ouvert à la presse.
Mardi, MM. Trump et Netanyahu s’exprimeront ensemble depuis la Maison Blanche.
Le premier ministre israélien a dit s’attendre à un plan «historique» de la part de Donald Trump, qualifié de «plus grand ami qu’Israël ait jamais eu».
Du côté palestinien, le message est clair: le document que l’ex-homme d’affaires de New York a promis d’enfin présenter après de multiples reports est «déjà mort».
«Nous rejetons absolument ce que l’administration Trump a réalisé jusqu’à présent», a déclaré Nabil Abou Roudeina, porte-parole de Mahmoud Abbas.
La fin des accords d’Oslo?
Dimanche, Saëb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a indiqué à l’AFP qu’il se réservait le droit de se retirer des accords d’Oslo, qui encadrent leurs relations avec Israël.
Aux termes de l’accord intérimaire dit d’Oslo II de septembre 1995 entre l’OLP et Israël, la Cisjordanie avait été partagée en trois zones: A, sous contrôle civil et sécuritaire palestinien, B, sous contrôle civil palestinien et sécuritaire israélien, et C, sous contrôle civil et sécuritaire israélien.
Cet accord intérimaire devait se terminer en 1999, mais a été depuis reconduit tacitement par les deux parties. Or, le plan de Donald Trump «va transformer l’occupation temporaire en occupation permanente», a dénoncé M. Erekat.
Le projet américain a aussi été rejeté par le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d’habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie, où se limite l’autorité de Mahmoud Abbas.
Le plan américain «ne passera pas» et pourrait même conduire les Palestiniens à une «nouvelle phase» de leur lutte, a prévenu Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement islamiste.
Les États-Unis ont présenté en juin le volet économique de leur plan, qui prévoit environ 50 milliards de dollars d’investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans. Mais les détails concrets de ce projet restent l’objet de spéculations.
Selon les Palestiniens, le plan américain comprend l’annexion par Israël de la Vallée du Jourdain, vaste zone stratégique de la Cisjordanie, et des colonies en Territoires palestiniens, ainsi que la reconnaissance officielle de Jérusalem comme seule capitale d’Israël.
Y aura-t-il un État palestinien dans la proposition américaine? Le mystère demeure. Mais Donald Trump et Jared Kushner ont refusé jusqu’ici d’utiliser le terme, rompant avec la position traditionnelle de la communauté internationale en faveur d’une solution «à deux États».