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Coronavirus: les églises vides pour la semaine de Pâques

coronavirus Pâques
Photo: Alberto PIZZOLI / POOL / AFP

Image impressionnante illustrant la pandémie de coronavirus qui infeste la planète, le pape François a célébré dimanche l’entrée dans la semaine sainte de Pâques dans une basilique Saint-Pierre de Rome vide de fidèles, à quelques heures d’une allocution exceptionnelle de la reine d’Angleterre Elisabeth II en forme d’appel à affronter le «défi» du coronavirus.

Le président américain Donald Trump, dont le pays est la nouvelle ligne de front de la maladie, a prévenu samedi ses concitoyens de se préparer à «l’horrible» et à «beaucoup de morts», alors que New York, littéralement ravagé par le coronavirus, compte ses morts et lance un appel à l’aide.

Depuis son apparition décembre en Chine, la pandémie du coronavirus a fait au moins 65 272 morts dans le monde, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 11h00 GMT.

Ce dimanche, c’est donc dans une basilique Saint-Pierre vide, seulement accompagné de religieux et religieuses, avec une seule personne par banc, que le pape François, vêtu d’une chasuble rouge, a béni les rameaux. La messe a été diffusée en streaming sur le site internet du Vatican comme le sera dimanche prochain la messe de Pâques, fête la plus importante du christianisme.

Pâques à l’ère du coronavirus

«Je voudrais le dire spécialement aux jeunes, (…). Chers amis, regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci: ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Sentez-vous appelés à mettre en jeu votre vie. N’ayez pas peur de la dépenser pour Dieu et pour les autres, vous y gagnerez!», a lancé le pape dans son homélie.

Pour les catholiques, protestants et orthodoxes –le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles–, Pâques, qui marque la résurrection du christ selon la tradition, est un évènement majeur, synonyme d’églises pleines et d’innombrables célébrations. La messe des Rameaux de ce dimanche voit aussi traditionnellement les prêtres asperger d’eau bénite les brins de buis qui orneront symboliquement les maisons le reste de l’année comme porte-bonheur.

Les grands rassemblements étant désormais interdits dans une majorité de pays, confinement oblige, ces messes sont pour beaucoup désormais retransmises sur les télévisions et les réseaux sociaux.

Aux Philippines, des prêtres masques sur le nez bénissaient les fidèles en confinement depuis les véhicules. «La fête (de Pâques) se poursuivra malgré la propagation» du coronavirus, assurait l’un d’entre eux. Au sanctuaire catholique de Lourdes, dans le sud-ouest de la France, on s’apprête à une semaine pascale sans aucun fidèle, avec «pélerinages spirituels» et cierges comme symbole de lumière.

«La loi l’exige»

Aux États-Unis, le nombre des cas confirmés dépasse déjà les 312 000, pour un total de 8503 décès. L’État de New York, épicentre dans l’épicentre, a annoncé 630 nouveaux décès en une journée, son pire bilan sur 24 heures.

Les Américains se préparent au pire, bâtissant des hôpitaux de campagne de Los Angeles à Miami, avec des milliers de lits supplémentaires de réanimation et un gigantesque navire-hôpital à quai à New York, ville dont le maire Bill de Blasio a lancé un vibrant appel au secours. «Médecins, infirmiers, spécialistes de la respiration… à tous ceux qui ne sont pas déjà dans la bataille: nous avons besoin de vous», a déclaré l’édile démocrate.

Dans une allocution télévisée solennelle, la la quatrième depuis le début de son règne il y a 68 ans, la reine d’Angleterre doit saluer dimanche soir la réponse des Britanniques à la crise sanitaire. «J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la manière dont nous avons relevé ce défi», doit dire Elisabeth II, 93 ans. Son fils héritier Charles (71 ans) a contracté la maladie, mais est récemment sorti de quarantaine et se trouve en bonne santé.

L’intervention royale intervient au lendemain de l’annonce d’un nouveau record quotidien de 708 morts en Grande Bretagne, parmi lesquels un enfant de 5 ans. À ce jour, 4313 Britanniques sont décédés du coronavirus.

Très critiqué pour la gestion de la crise, le gouvernement a une nouvelle fois exhorté dimanche les Britanniques à respecter le confinement. «Ce n’est n’est pas une demande, c’est une exigence inscrite dans la loi», a insisté le ministre de la Santé Matt Hancock.

L’Italie reste pour le moment le pays le plus touché en nombre de morts, avec 15 362 décès pour 124 632 cas. Léger signe d’espoir, le nombre d’hospitalisations en soins intensifs y a diminué pour la première fois samedi depuis l’explosion locale de l’épidémie il y a plus d’un mois. L’Espagne compte 12 418 morts, et a enregistré ces dernières 24 heures la mort de 674 personnes, un nombre en baisse pour le troisième jour consécutif.

En France, où les forces de l’ordre tentent de faire respecter le confinement aux premiers jours ensoleillés de vacances de Pâques, 7560 personnes sont décédées du coronavirus (89 953 cas). «Le plus dur est probablement de ne pas encore pouvoir imaginer le bout du tunnel», confiait un réanimateur dans un hôpital de la région parisienne.

Le Brésil appelle à la rescousse

Ailleurs dans le monde, les motifs d’inquiétude restent nombreux, en particulier dans les pays pauvres, en crise, ou pour les populations particulièrement à risque. En Grèce, un deuxième camp de migrants près d’Athènes a été placé dimanche en quarantaine par les autorités.

Le Brésil, dont le président Jair Bolsonaro a longtemps refusé d’admettre la gravité de la pandémie, manque finalement de respirateurs, de lits de soins intensifs, de personnel qualifié, d’équipements de protection et de tests de diagnostic à l’approche de la «phase la plus aiguë» de la COVID-19, a alerté samedi son ministère de la Santé.

En Iran, la propagation a ralenti pour le cinquième jour de suite avec 151 décès supplémentaires en 24 heures (pour 3603 morts au total), affirment dimanche les autorités, laissant entrevoir une reprise progressive de certaines activités économiques à partir du 11 avril.

En Afrique, le Sénégal a prolongé de 30 jours l’état d’urgence. Le Sud-soudan, l’un des rares pays du continent jusqu’à présent épargné, a fait état d’un premier cas, une femme venue des Pays-Bas via l’Ethiopie.

Partout la maladie continue de sévir, parfois de façon particulièrement dramatique. Les autorités équatoriennes ont présenté leurs excuses après des images terribles de cadavres laissés à l’abandon dans les rues de Guayaquil, ville de la côte Pacifique.

Les conséquences sociales et économiques sont également catastrophiques, et parfois inattendues.

En Thaïlande, le coronavirus a ainsi mis au chômage des dizaines de milliers de travailleuses du sexe, qui ont déserté bars, discothèques et salons de massage et doivent se prostituer dans la rue. «J’ai peur du virus, mais j’ai besoin de travailler pour pouvoir payer mon logement et ma nourriture», a confié Pim, transgenre et ex-employée d’un «go-go bar».

En Irak, où confinement rime là aussi avec chômage forcé, les bénévoles se mobilisent pour distribuer gratuitement riz, sucre et autres denrées alimentaires. L’Irak fait aujourd’hui face «à un danger plus grand que les jihadistes du groupe Etat islamique (EI)» ayant un temps tenu sous leur coupe un tiers du pays, estime Moustafa Issa, un Bagdadi de 31 ans qui, avec d’autres bénévoles, aide désormais plus de 450 familles.

En Angola, à l’image d’une grande partie de l’Afrique, la population appauvrie supporte avec appréhension et difficultés l’état d’urgence. «Comment pourrait-on rester à la maison sans rien manger?», s’écrie Garcia Landu, chauffeur de mototaxi dans la capitale Luanda.

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