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L’assassinat de Benazir Bhutto rattrappe Musharraf

En inculpant officiellement l’ancien président Pervez Musharraf de l’assassinat de Benazir Bhutto, la justice pakistanaise vient d’oser quelque chose qui pourrait changer la politique au pays. Figure emblématique de l’opposition contre l’armée au pouvoir, Mme Bhutto a été tuée au milieu de ses partisans lors d’un rassemblement populaire en décembre 2007.

L’ex-président a comparu ce mardi et doit revenir devant le tribunal le 6 août prochain, afin d’entendre toutes les accusations portées contre lui. Car, en plus de l’assassinat de l’ancienne première ministre, Musharraf devra aussi répondre à des accusations au sujet de l’imposition de l’état d’urgence en 2007 et du meurtre d’Akbar Bugti, un chef rebelle de la province du Baloutchistan, mort dans une opération militaire un an plus tôt.

Après avoir été renversé et chassé du pays il y a quatre ans, Musharraf croyait probablement que rien ne lui arriverait quand il est revenu au pays en mars dernier afin d’assister aux élections. D’autant plus que l’assassinat de Benazir Bhutto était doublé d’un attentat suicide, pointant ainsi les talibans pakistanais qui ont toujours nié leur implication dans cette opération.

Cette arrestation est un coup dur porté au cœur d’une institution qui s’est toujours considérée au-dessus des lois. L’armée pakistanaise a en effet toujours joué un rôle de faiseuse et de défaiseuse de pouvoir au pays. C’est d’ailleurs un précédent difficile à imaginer pour cette institution qui n’a jamais vu, jusqu’à présent, un de ses anciens responsables se faire poursuivre en justice.

En ce sens, au-delà d’une question judiciaire (car personne n’avait été accusé jusqu’à présent du meurtre de Benazir Bhutto), le procès de l’ancien général et président aura le mérite de rompre le cercle infernal des coups d’État et de renforcer les institutions démocratiques.

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L’ex-général, placé en résidence surveillée dans sa villa aux environs d’Islamabad, s’est présenté mardi à une audience d’un tribunal antiterroriste dans cette affaire, a dit à l’AFP le procureur Chaudhry Azhar.

M. Musharraf doit comparaître à nouveau lors d’une audience clé le 6 août prochain. «Les accusations de complot criminel et de meurtre seront alors lues en sa présence. Il devra lire l’acte d’accusation et le signer afin que les procédures judiciaires se poursuivent», a ajouté le procureur.

Un des avocats de M. Musharraf, Me Ahmed Raza Kasuri, a assuré que l’ancien militaire arrivé au pouvoir en 1999 à la faveur d’un coup d’État allait plaider non-coupable dans cette affaire, et qu’il se présenterait en cour.

Personne n’a été condamné pour le meurtre de Benazir Bhutto. Le régime de M. Musharraf avait à l’époque accusé Baitullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais du TTP. Ce dernier avait nié toute implication et a depuis été tué par un tir de drone américain.

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