Les républicains ont plus à perdre que les démocrates
Une série de mesures de dernière minute par la Chambre des représentants, le Sénat et la Maison-Blanche tard lundi soir n’ont pas réussi à mettre un terme au blocage sur le budget et réconcilier les républicains avec l’entrée en vigueur de la réforme des soins de santé, entraînant la fermeture du gouvernement américain, une première depuis près de deux décennies.
Le Congrès, divisé entre une Chambre des représentants à majorité républicaine et un Sénat majoritairement démocrate, avait jusqu’à minuit pour s’entendre sur un budget, même provisoire, mais aucun compromis n’a émergé. Poussés par leur aile droite, les républicains insistaient pour inclure dans la loi de finances, une clause retardant la mise en oeuvre de la réforme de l’assurance-maladie, l’emblématique «Obamacare» intouchable aux yeux du président et des démocrates.
Toute la journée de lundi, les républicains ont continué de renvoyer au Sénat un texte de financement amendé incluant le report d’un an de l’application de la réforme de la santé avant de proposer, peu avant l’heure-butoir, la création d’une commission de négociation bipartite. Mais le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a rejeté cette proposition, refusant de négocier avec «un pistolet sur la tempe», exigeant que la chambre des représentants accepte d’abord sans condition le budget provisoire de six semaines avant de pouvoir entamer les négociations. Obama aurait même appelé John Boehner à quelques instants de l’heure butoir mais la conversation entre les deux adversaires n’a duré que dix minutes et n’a rien donné.
Quelles pourraient être les conséquences de cette fermeture sur l’opinion publique américaine? L’enjeu politique est particulièrement important pour le Parti républicain qui tentera l’an prochain de reprendre le contrôle du Sénat. Les sondages montrent qu’ils seront probablement davantage tenus pour responsables de ce «shutdown» que les démocrates. Les Américains sont nombreux à penser que la paralysie budgétaire est imputable aux républicains (25%) plutôt qu’à Obama (14%), même si 44% d’entre eux jugent que tout le monde est à blâmer, selon un sondage Reuters/Ipsos.