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Les bobos médiatiques de Hollande

Photo: Getty

Il aura fallu la mort de Nelson Mandela pour balayer des médias français un non-événement : l’opération à la prostate subie par le candidat socialiste François Hollande en février 2011. Bénigne, mais secrète, l’intervention chirurgicale a eu l’effet d’une mini-secousse tellurique.

Elle a relancé l’éternel débat en France sur la santé des hommes politiques, sujet tabou par excellence. Entre la transparence médicale et le respect de la vie privée, où se trouve la ligne de démarcation?

«Vers quoi on va?», a lancé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, quand France Info a sorti sa «bombe» mercredi sur l’hospitalisation pendant une semaine du futur candidat socialiste devenu président.

Assurément, les médias, certains du moins, ont atteint le fond du baril. La prostate de Hollande s’étalait en une, ouvrait les bulletins des médias électroniques, occupait les blogueurs. Only in France, diraient les Américains fiers de voir leurs présidents déballer leurs moindres bobos en public. Du moins depuis quelques années…

On est loin d’un Franklin Roosevelt qui, malade à Yalta, signait avec Staline, paranoïaque et cancéreux, le partage de l’Europe. Ou encore de John F. Kennedy qui, pendant la crise des missiles à Cuba, était souvent couché la moitié de ses journées à cause d’une maladie des glandes surrénales.

En France, les locataires de l’Élysée ne sont pas encore tenus de publier leur bulletin de santé.

À un journaliste lui demandant comment il se portait, Charles de Gaulle répondit : «Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous un jour je ne manquerai pas de mourir!»

Son successeur Georges Pompidou, décédé en 1974, a longtemps souffert en secret d’une forme de cancer de la moelle osseuse. En le remplaçant, Valéry Giscard d’Estaing promit d’imiter les Américains et de publier ses bulletins de santé. Il ne le fit jamais. François Mitterrand, décédé en 1996, s’est battu en cachette pendant 11 ans contre le cancer de la prostate. Jacques Chirac, atteint aujourd’hui d’une forme d’Alzheimer, fut hospitalisé en douce pour un accident vasculaire cérébral en 2005.

Nicolas Sarkozy misa, lui, sur la transparence. Au total, en cinq ans de présidence, il publia trois bulletins médicaux, dont un était bidon, non signé par un médecin.

On est loin de Silvio Berlusconi, qui ne cachait pas avoir un stimulateur cardiaque et se vantait de ses nombreuses opérations de chirurgie esthétique. Rien de surprenant alors à ce que les médias de l’Hexagone s’interrogent, supputent et parfois divaguent quand ils découvrent que le président de la République a été hospitalisé.

Dans la monarchie républicaine française, le sempiternel «circulez, il n’y a rien à voir» est toujours de rigueur, surtout pour les médias. Depuis son élection, il y a 19 mois, François Hollande, fils de médecin, a publié deux bulletins sur sa santé. Il va bien. Politiquement c’est autre chose.

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