Sortir de sa zone de confort pour réussir son intégration

Jingbo Liu, Montréalais originaire de la Chine, terminera l'hiver prochain sa formation en réfrigération au Centre de formation Pierre-Dupuy à Longueuil. Photo: Karla Meza/Métro

Lorsque Jingbo Liu a caressé pour la première fois le rêve d’immigrer au Canada avec sa famille, il n’a jamais imaginé qu’il lui faudrait près d’une décennie pour pouvoir le concrétiser. Arrivé en plein cœur de la pandémie de COVID-19 avec son fils, le père de famille se réinvente aujourd’hui avec optimisme, sortant de sa zone de confort pour réussir à se forger un nouvel avenir dans la Belle Province.

M. Liu était ravi de poser ses valises en sol québécois en juillet 2020, après neuf ans d’attente pour obtenir sa résidence permanente. Il se réjouit de sa nouvelle vie avec son fils Weizhuo, universitaire âgé de 20 ans, malgré le chemin tortueux qu’il a dû parcourir depuis son arrivée.

Je suis heureux ici, je voulais être “libre”, parce que dans mon pays, on ne peut pas toujours l’être.

Jingbo Liu, originaire de Dalian, ville portuaire située dans la péninsule du Liaodong en Chine

«J’ai dû recommencer à zéro et occuper un emploi très précaire à mon arrivée, mais maintenant j’apprends un nouveau métier. Je crois que je suis bien courageux!» s’exclame M. Liu, qui a travaillé comme commis à l’entrepôt de Dollarama dans ses débuts à Montréal.

«C’était un travail très demandant physiquement, car je devais assembler des palettes huit heures par jour au salaire minimum dans de mauvaises conditions de travail et de sécurité», raconte l’ancien superviseur de production de pièces électriques pour des navires commerciaux en Chine.

Craignant d’être blessé, comme plusieurs de ses collègues, M. Liu a quitté son emploi au bout de quelques semaines pour devenir livreur à vélo pour Uber Eats.

«Si j’ai eu le courage de m’adapter à une société très différente de la mienne et de surmonter beaucoup de difficultés, c’est grâce à mon fils, qui a toujours été ma motivation», lance l’homme de 49 ans au sourire discret. «Lorsque je le regarde aujourd’hui, je me dis que j’ai pris la bonne décision.»

M. Liu demeure très optimiste quant à son avenir dans la Belle Province, se débrouillant maintenant assez bien pour parler la langue de Molière.  

D’ailleurs, voulant se préparer le mieux possible avant d’immigrer au Canada, il avait entrepris des cours de français en Chine. Cependant, étant donné le nombre d’années écoulées entre ceux-ci et le moment où il a pu s’établir au Québec, il dit avoir «perdu le français qu’il avait appris».

«J’ai suivi des cours de français en ligne pendant la pandémie, mais ça continue à être un gros défi pour moi, surtout quand il s’agit de comprendre l’accent des gens à l’extérieur de Montréal», nous confie-t-il.

Or, les cours de francisation qu’il a suivis pendant six mois après son arrivée au Québec lui ont donné l’assurance et la motivation nécessaires pour s’inscrire au programme d’études professionnelles en réfrigération au Centre de formation professionnelle Pierre-Dupuy, à Longueuil.

«J’avais envie d’exercer un métier plus manuel», explique l’étudiant à temps plein, qui a choisi ce centre de formation situé à l’extérieur de Montréal afin de s’immerger dans un milieu totalement francophone. Motivé à apprendre son nouveau métier, M. Liu s’y rend donc quotidiennement à partir de sa résidence, située au centre-ville.

«Tous mes camarades de classe sont francophones, je crois que je suis le seul élève de l’école qui ne l’est pas», dit-il avec un brin de fierté dans sa voix. «Ils sont aussi beaucoup plus jeunes que moi, même plus jeunes que mon fils», ajoute-t-il en rigolant.

M. Liu terminera sa formation en février 2023 et il a hâte de se trouver un emploi comme frigoriste. «Je vais pouvoir installer, réparer ou faire l’entretien de systèmes d’air climatisé, ventilation ou chauffage», dit-il avec enthousiasme.

En attendant, il continue de travailler comme livreur pour Uber Eats le soir, maintenant au volant de sa voiture.

Alors que M. Liu a le vent dans les voiles, il ne manque qu’un morceau au casse-tête pour filer le parfait bonheur. Sa femme, enseignante au secondaire en Chine, devrait arriver au Canada vers la fin de l’année, après une longue attente administrative qui l’a empêchée de quitter le pays jusqu’à maintenant.

M. Liu sait qu’il y aura encore des défis à surmonter une fois qu’il aura obtenu son diplôme d’études professionnelles, mais il travaille sans relâche pour continuer à frayer son chemin au pays de l’érable.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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