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À nous la glace!: Le hockey dans les gènes

Photo: Colin Racicot

On parle de hockey quotidiennement, mais Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) a voulu détourner la conversation du sport professionnel le temps d’une exposition. Métro a eu un avant-goût d’À nous la glace!, qui est consacrée au hockey amateur, du début du XXe siècle à aujourd’hui.

D’entrée de jeu, un montage d’archives audiovisuelles de BAnQ nous ramène à l’époque où les prêtres patinaient en soutane et les filles jouaient en robe.

Le visiteur peut écouter des entrevues avec Michel Bergeron et les regrettés Jacques Plante et Jean Béliveau. On les entend parler de leur enfance et du jeu à une époque qui rappellera des souvenirs aux plus vieux et qui semblera complètement inventée aux plus jeunes.

«Ça vient mettre en opposition la réalité de cette époque par rapport à aujourd’hui. La différence au niveau des équipements, de la performance, de l’organisation», explique Julie Derouin, chargée de projet aux expositions de BAnQ.

Pendant près d’un an et demi, l’équipe a recueilli des témoignages de jeunes joueurs et joueuses, de parents, d’entraîneurs, mais également de joueurs professionnels et de personnalités afin de savoir à quel point le hockey occupe une partie importante de leur vie.

«C’est très différent de l’approche traditionnelle d’une exposition, qui serait basée sur un objet, illustre Mme Derouin. Pour nous, l’objet, c’est le récit. Les expositions traditionnelles sont basées sur le discours scientifique d’un commissaire, d’un spécialiste. Ici, ce sont les gens les plus concernés qui prennent la parole. Les témoins sont les experts.»

Ainsi, dans chaque section de l’exposition, le visiteur peut écouter des témoignages qui illustrent autant les hauts que les bas du hockey amateur. On peut entendre, par exemple, un père parler du retranchement de son fils d’un camp d’entraînement, ou encore des jeunes joueurs raconter qu’ils ont déjà eu peur de faire mal à un adversaire sur la glace.

«J’ai le souvenir que j’ai failli aller au tournoi de hockey pee-wee, mais j’ai perdu en prolongation du dernier match de qualification, raconte Jean-Thomas Jobin, porte-parole de l’exposition, qui gardait les buts des Hiboux lors dudit match. Ç’a été un grand drame pour moi. Je me souviens avoir vu les larmes de tous les joueurs, qui disaient que leur rêve était brisé.»

«De près ou de loin, je pense qu’on est tous un peu touchés par le hockey. J’ai de la misère à imaginer que quelqu’un ne le soit pas, d’une façon directe ou indirecte – 
par la bande!» – Jean-Thomas Jobin, porte-parole de l’exposition et humoriste, qui a bien l’intention de devenir une étoile de la LNH, «le premier joueur à être une recrue aux cheveux complètement blancs».

Bien sûr, cette histoire, l’humoriste passionné de hockey la raconte avec toute l’absurdité qu’il sait conférer à un récit, mais les défaites et la pression qui pèse sur les jeunes joueurs sont également abordées au fil des témoignages.
Le volet participatif de cette exposition étant très important, tout le monde est invité à raconter une anecdote ou un souvenir personnel, qui sera ajouté à un montage audio.

«L’idée, c’était de prendre le récit et de le médiatiser, comme si on nous le racontait sur un lieu de hockey, pendant une pratique, à l’aréna ou dans la ruelle», explique Xavier Tremblay, concepteur artistique et sonore d’À nous la glace!.

Clins d’œil à la LNH
Que ce soit les petites Coupes Stanley créées avec des objets usuels ou le fait qu’on puisse être Les Démons Blonds, Les Merveilles ou Les Booms-Booms dans le jeu interactif qui accompagne le parcours, le hockey professionnel est omniprésent dans l’exposition.

Le visiteur entre même dans la salle principale de l’exposition sous les projecteurs et les cris d’une foule, comme les joueurs de la LNH. «On voulait que les gens deviennent les vedettes de la partie», explique Mme Derouin, en faisant référence à la haie d’honneur formée de bâtons et de gants sous laquelle les visiteurs doivent passer.

Aux yeux de Julie Derouin, le hockey amateur demeurait un sujet trop peu exploré en comparaison du volet professionnel, même si une grande partie des enfants québécois pratiquent ce sport.

Les centres d’archives de BAnQ de partout dans la province lui répétaient par ailleurs qu’ils regorgeaient de matériel sur le hockey amateur.

Le cœur de l’exposition À nous la glace! est consacré à trois thèmes. Dans une première section. il est question de la passion suscitée par le sport (Le hockey, on en mange). Ensuite, dans une mise en scène de vestiaire, le rapport individuel au hockey est exploré (Le hockey, y en aura pas de facile). Finalement, on aborde le travail d’équipe, mais aussi la discrimination, l’exclusion et la compétition (Le hockey, ensemble).

Évolution en images
Une collection de 22 photos d’équipe tapisse les murs de l’exposition et nous transporte au début du XXe siècle et du hockey organisé, chandail de laine, bottines de cuir et équipement sommaire en prime.

Un peu plus loin, on peut regarder des extraits du tournoi international pee-wee à Québec, où «des centaines de petits athlètes venus de partout […] règnent en maître sur la capitale du Canada français», comme le décrit si bien l’annonceur radio des années 1950.

Le hockey féminin occupe une bonne place dans l’exposition, insiste par ailleurs Mme Derouin, depuis l’époque «où il fallait qu’elles demandent l’autorisation de leur mari [pour jouer]», à l’essor des équipes féminines dans les années 1970 et 1980.

La valeur des archives est indéniable pour Jean-Thomas Jobin, qui lui-même adore replonger dans ses vieilles photos d’équipe pour revivre de beaux souvenirs.

«Ça permet de montrer aux plus jeunes l’héritage du hockey, et à quoi ça ressemblait à différentes époques, estime le porte-parole. Comment le hockey a toujours soulevé les passions. Comment ça s’est transposé au fil du temps.»

«Je trouve ça super important d’avoir des points de repère visuels et sonores de ce que ça a été, de ce que c’est encore et de ce que ce sera.»

À nous la glace! – L’ADN du hockey amateur
À la Grande Bibliothèque de Bibliothèques et Archives nationales du Québec
Dès mercredi

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