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Des élèves d’une école de jiu-jitsu de Montréal-Est doivent s’exiler

Carl Fagnant déplore que les compétitions de jiu-jitsu soient illégales au Québec. Photo: Coralie Hodgson, Métro

Pas moins de 16 des 21 enfants et quelques adultes s’entraînant au Gym Le Local qui prenaient part à une compétition interprovinciale de jiu-jitsu le 27 novembre ont décroché des médailles. Mais ils ont dû s’exiler pour le faire, leur sport étant toujours illégal au Québec.

Rencontré lors d’un entraînement quelques jours après la compétition «Submission Arts United Ontario/Québec», qui se tenait à Ottawa, Ian Girard, 10 ans, se réjouit d’avoir emporté une médaille d’argent, tout comme sa sœur Mee-Len, 11 ans. Celui qui pratique le jiu-jitsu depuis environ trois ans est heureux d’avoir réussi à «gérer ses émotions» sur le tapis.

Son père, Dany Girard, se réjouit que ses enfants aient finalement pu compétitionner, alors que les événements sportifs ont été chamboulés par la pandémie.

À son avis, le succès des athlètes du Gym n’est pas étranger au talent du propriétaire et entraîneur, Carl Fagnant, médaillé aux Championnats du monde et Panaméricain de jiu-jitsu.

M. Fagnant soutient toutefois que monter sur le podium est secondaire à la persévérance et au plaisir que devrait procurer la pratique du sport chez les athlètes. C’est d’ailleurs l’amour des arts martiaux et le désir d’offrir plusieurs sports de combat dans un même endroit de l’est de Montréal qui ont poussé l’athlète à ouvrir son centre d’arts martiaux en 2015.

Plusieurs bienfaits

Les impacts positifs du sport de combat chez les jeunes, comme la confiance en soi, sont évidents, souligne M. Fagnant. Il s’agit d’un outil qui aide plusieurs jeunes à faire face à l’intimidation ou à ne pas adopter ce type de comportement.

«Il y a toujours quelqu’un de plus fort ou de plus gros (au combat) qui peut les brasser un peu. Et là, ils voient les impacts que ça a», explique M. Fagnant.

Pour M. Girard, ce sport est également bénéfique sur le plan moteur et de la concentration. Nicolas Forest, dont le garçon de 9 ans et la fille de 11 ans se sont également illustrés à Ottawa, apprécie particulièrement que les jeunes «se challengent, travaillent fort».

Des jeunes s’entrainant au Gym le Local, dont plusieurs ayant participé à la compétition à Ottawa.

Illégal au Québec

Si les adeptes du sport s’entendent sur ses bienfaits, la tenue de compétitions de jiu-jitsu est pourtant considérée illégale au Québec. Les cours de cette discipline sont toutefois permis.

Cette situation découle d’un changement apporté au Code criminel en 2013, qui stipule que les matchs amateurs sont légaux seulement s’ils sont visés par le programme du Comité international olympique ou désignés par la province. Les compétitions ont été tolérées jusqu’à il y a environ 4 ans mais depuis, les Québécois doivent s’exiler, notamment en Ontario, pour compétitionner.

Une situation que déplore Carl Fagnant, car plusieurs parents n’ont pas les moyens ou le temps de se déplacer pour des compétitions à l’extérieur de la province. «Les jeunes, c’est la relève. Plus on leur met des barrières pour s’améliorer, plus on nuit à notre propre relève.»

Trouvant cette situation inacceptable, M. Girard souhaite pour sa part faire des représentations prochainement auprès de la députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, afin de faire avancer ce dossier à Québec.

«S’il y avait des risques de commotion cérébrale, je ne ferais pas faire ce sport à mes enfants. C’est un sport ultra sécuritaire, bien structuré, qui a des règles bien établies. C’est vraiment un beau sport», soutient M. Girard.

Du côté du ministère de l’Éducation (MEQ), on précise par courriel qu’il n’est pas envisagé «pour l’instant» d’adopter un décret permettant les compétitions de jiu-jitsu.

«La mission du ministère est de veiller au développement du sport dans un cadre sain et sécuritaire. À cet effet, comme dans tous les sports, des réflexions sont en cours», précise Esther Chouinard, porte-parole du MEQ.

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