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F1: des groupes dénoncent l'exploitation sexuelle

MONTRÉAL – Un regroupement d’organismes oeuvrant auprès de prostituées lance une campagne pour dénoncer l’exploitation sexuelle exacerbée durant le Grand Prix de Formule Un qui se déroulera le week-end prochain à Montréal.

La campagne consiste à alimenter les comptes de réseaux sociaux du maire de Montréal, Denis Coderre, et de Tourisme Montréal de différents messages de sensibilisation au problème, en plus de tenir une «manifestation familiale abolitionniste» samedi au centre-ville de Montréal.

«On interpelle le maire Coderre et Tourisme Montréal pour demander d’abord que la loi sur la prostitution soit appliquée», a expliqué la porte-parole de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), Éliane Legault-Roy, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«On devrait aussi en informer les touristes, les fans de Formule Un, pour qu’ils soient au courant qu’au Canada, acheter les services sexuels d’autrui, c’est criminel», a-t-elle ajouté.

En conférence de presse, mercredi, plusieurs porte-parole ont fait valoir que les clubs de danseuses, les agences d’escortes et salons de massage intensifient leur publicité en prévision du Grand Prix.

«L’agence d’escortes m’avait fortement incitée à me mettre davantage disponible durant le Grand Prix, tout en m’indiquant qu’elle offrait des rabais aux clients durant cette période», a raconté Shanie Roy, ex-escorte et porte-parole du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement (CAFES).

«Plusieurs touristes sont ici pour avoir du bon temps. On leur a vendu Montréal comme étant une ville sexy. Parfois ils ont même planifié leur voyage en fonction d’aller dans les clubs de danseuses ou de rencontrer des escortes. Il y a vraiment un tourisme sexuel dans les grands événements comme le Grand Prix», a dit Éliane Legault-Roy

Or, l’inévitable contrepartie de cette situation est que le recrutement de jeunes femmes, surtout les plus vulnérables, s’accroît également et que les travailleuses du sexe sont soumises à des pressions extrêmes durant cette période.

«Plusieurs intervenants terrain, dans les centres jeunesse notamment, remarquent que leurs jeunes filles sont davantage recrutées», a révélé Mme Legault-Roy.

«Nous, les femmes qu’on voit dans le milieu de la prostitution nous disent qu’elles vont se faire demander de travailler plus, des journées beaucoup plus longues», a-t-elle ajouté.

Les organisations impliquées se montrent particulièrement critiques face à la tolérance qui entoure l’exploitation sexuelle et à l’apparente normalité que les autorités semblent y accoler.

«C’est comme si on acceptait que ça vienne avec la culture de la Formule Un. L’industrie du sexe est complètement banalisée pendant le week-end de la Formule Un. Elle est partout, elle s’affiche, elle s’annonce. On ne ferme pas les yeux, en fait, on trouve ça normal et c’est inquiétant», a laissé tomber Mme Legault-Roy, tout en faisant remarquer que cette banalisation s’inscrit dans une gradation qui commence avec le fait de payer des jolies filles vêtues de manière suggestive pour les exhiber avec des bolides.

À terme, les organisations estiment qu’il faudra s’attaquer de manière plus musclée à l’industrie du sexe et ses exploitants, en allant jusqu’à «révoquer les permis des salons de massage, bars de danseuses, toutes les entreprises qui vivent de l’exploitation sexuelle des femmes», a déclaré la fondatrice de la CLES, Diane Matte.

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