Promouvoir les saines habitudes de vie, un enfant à la fois
Le CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal a commencé un projet-pilote, cet hiver, afin de changer les mauvaises habitudes des écoliers et les aider à faire les bons choix pour ce qui touche leur alimentation et leurs activités physiques.
Pendant un an, des experts de différents domaines, dont un kinésiologue et une nutritionniste, ont élaboré une série de huit ateliers afin de promouvoir une meilleure alimentation et augmenter l’exercice physique chez les jeunes. Le projet pilote a été lancé à l’école primaire Saint-Justin, à Mercier-Est, auprès d’une dizaine d’élèves de cinquième année.
«Pendant six ateliers, ils vont être sensibilisés à l’activité physique et pendant deux ateliers sur des façons de bien s’alimenter. Ça suscite déjà beaucoup d’intérêt», souligne Mickaël Grimard, coordonnateur clientèle pédiatrique, direction du programme jeunesse et des activités de santé publique au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
«Pour l’un de mes ateliers, je vais axer mes interventions sur les signaux de faim et de satiété, qui sont souvent ignorés. Je vais également proposer une dégustation pour que les jeunes découvrent qu’on peut manger avec les cinq sens», ajoute Nadine Dupuis, nutritionniste clinique externe de pédiatrie au programme clientèle santé de la femme et de l’enfant du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
L’objectif de ces ateliers est de sensibiliser les enfants à de saines habitudes de vie, ce qui pourrait aider à diminuer les cas de surplus de poids sur le territoire du CIUSSS.
«Pour l’est de l’île de Montréal, on dénombre 8200 enfants âgés de 5 à 17 ans qui sont atteints de surpoids ou d’obésité, soit près d’un élève sur cinq. De plus, 350 enfants âgés de moins de 17 ans sont atteints de diabète», présente M. Grimard.
Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, la situation pourrait empirer au cours des 20 prochaines années.
«Si aucune intervention n’est mise en place, d’ici 2040, 50% des enfants auront de l’embonpoint ou de l’obésité. C’est très inquiétant, car 2040 peut sembler loin, mais ça va venir très vite», affirme M. Grimard.
Malbouffe et sédentarité
Selon le coordonnateur, les mauvaises habitudes de vie, telles qu’un manque d’exercice et une mauvaise alimentation, sont les principales raisons de l’augmentation des problématiques de poids qui mènent vers des maladies chroniques, telles que le diabète.
«Nous avons une clientèle plus vulnérable sur notre territoire. Il y a plus de pauvreté. En ayant moins d’argent, on va privilégier des aliments moins bons pour la santé et diminuer la consommation de fruits et légumes. Nous avons également plusieurs déserts alimentaires et beaucoup de sédentarité», indique M. Grimard.
«Il y a aussi quelque chose de culturel dans la malbouffe. On va récompenser son enfant en l’amenant dans un restaurant « fast food ». Il faut que les familles éduquent leurs enfants et les exposent à une alimentation variée», ajoute Olivier Charest, chef de service pédiatrie au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
L’activité physique est également en diminution chez les jeunes, constatent-ils.
«L’arrivée des tablettes et téléphones intelligents est un enjeu important. Les enfants peuvent jouer ensemble sans être à côté les uns des autres. Il est loin l’époque où on allait jouer dehors pour voir ses amis», souligne M. Grimard.
En voyant la situation, le CIUSSS a mis en place plusieurs projets pour promouvoir les saines habitudes de vie, dont le projet pilote de l’école Saint-Justin.
«Nous y travaillons très fort et nous avons de bons résultats. La clientèle est entre bonnes mains», déclare M. Grimard.
Pour l’instant, celui-ci est offert qu’à une école primaire. Mais le projet pourrait être offert dans d’autres écoles primaires et mêmes secondaires.
«De plus, à l’automne 2018, nous allons offrir ces ateliers au pavillon de l’hôpital Rosemont auprès de jeunes souffrant de maladie chronique», ajoute M. Grimard.
En plus de sensibiliser les enfants, le coordonnateur espère que ceux-ci vont partager leurs connaissances dans leur famille et ainsi sensibiliser également leurs parents.
Quelques conseils pour une meilleure santé
Le mois de mars est le mois de la nutrition. Alors qu’on remarque que les problèmes d’alimentation peuvent occasionner des problèmes de santé à long terme, la nutritionniste Nadine Dupuis propose quelques petits trucs pour améliorer son alimentation et ainsi se diriger vers de meilleures habitudes de vie.
- «Il faut commencer par de petits changements. On commence par changer une petite habitude alimentaire et non plusieurs à la fois, comme un régime. Ainsi il sera plus facile de le maintenir et ce ne sera pas décourageant.
- «Il faut encourager les jeunes à faire la cuisine. Il faut les impliquer dès un jeune âge. Il n’est pas nécessaire de leur faire couper des légumes, s’ils sont trop petits pour manier un couteau. Ils peuvent aider à laver les aliments ou encore les inclure dans le choix des repas et des articles à l’épicerie. Ça permet de faire des activités en famille et de passer du temps de qualité.»
- «Pour les collations, plusieurs possibilités s’offrent à vous. Par exemple, si la collation est servie près de l’heure du repas, il vaut mieux privilégier les aliments qui se digèrent rapidement pour garder un appétit pour le repas, comme des fruits ou des légumes. Si le repas est plus éloigné, vaut mieux privilégier quelque chose de plus soutenant, comme un mélange de glucides et de protéines, comme des produits laitiers et du yogourt. Il faut adapter ses collations à vos goûts.»
- «Il est important d’avoir un repas équilibré. Il y a souvent le mythe qu’il ne faut pas manger de PPP, des pâtes, du pain ou des patates. Mais il faut une source de glucide dans ses repas. Les options sont variées comme l’orge, le couscous, les pâtes ou le pain. Si vous n’avez pas de produits céréaliers dans votre menu, vous aurez faim plus rapidement et vous aurez aussi une rage de sucre. Il faut un féculent dans un repas, en gardant toujours un équilibre dans les portions.»
- «Outre une bonne alimentation, il faut aussi bouger davantage. Dans le choix d’une activité, vaut mieux trouver quelque chose qui se fait dans le plaisir. Je rencontre plusieurs jeunes qui s’inscrivent au gym, mais abandonne rapidement par manque d’intérêt. Il faut trouver sa passion. Vous pouvez également essayer des activités de groupe, ainsi ça va développer sa camaraderie.»