Zero Dark Thirty: réalité ou fiction?

Jessica Chastain dans Zero Dark Thirty Photo: Collaboration spéciale

Avec son nouveau film, qui relate la traque et l’exécution de l’ancien chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, Kathryn Bigelow a réussi son coup, ou presque!

Porter au grand écran l’une des chasses à l’homme les plus couteuses et les plus délicates de notre histoire moderne est un pari très périlleux qui risque de soulever la controverse.

Débutons par les points positifs de ce film. Pour la première fois dans une superproduction hollywoodienne tirée de faits réels, on avoue qu’il y a bel et bien eu des enlèvements et de la torture à la CIA dans ses prisons secrètes. D’emblée, on a eu droit à plusieurs scènes de torture menées par des espions de l’Oncle Sam pour faire craquer leur grosse prise, celle qui sera à l’origine de la localisation de Ben Laden.

Autre point positif, même si on lit des tonnes de livres sur le sujet, filmer la reconstitution de certains faits nous rapproche de la véracité de l’histoire. La brutalité de l’assaut final des forces spéciales contre la «forteresse» de Ben Laden à Abbottabad, au Pakistan, est plus vraie que vraie.

Dans ce thriller, oubliez James Bond et les autres agents secrets des films de fiction à gros budgets. Dans Zero Dark Thirty, on a droit à de vrais espions, qui ont des vies «normales». On les voit, tout bonnement, le matin, aller cuisiner un détenu; ils partent au bureau comme Monsieur et Madame Tout-le-Monde. L’intrigue se noue dans un monde réel avec ses dangers, ses déceptions et ses recours à des méthodes peu orthodoxes dans l’impunité totale.

Certes, la CIA a essayé de nier la torture et ses ravages sur les prisonniers, mais qu’à cela ne tienne, le film de Bigelow se base sur des révélations ultrasensibles qui ont déjà été relayées par les médias américains.

En effet, comme je l’ai mentionné auparavant dans mon billet « Chasse à Ben Laden: le livre! » des interrogatoires coercitifs ont bel et bien eu lieu lors de la traque de Ben Laden. L’auteur du livre, Peter L. Bergen, a mené une enquête minutieuse grâce à des accès privilégiés à de hauts responsables américains de la Maison Blanche, du département d’État, du Pentagone et des différentes agences de renseignements ainsi qu’à de hauts gradés de l’armée et des services secrets pakistanais.

Pis, il y a l’affaire Khaled El-Masri, premier cas documenté sur ce dossier. En 2004, ce citoyen allemand d’origine libanaise a été enlevé et torturé par la CIA par erreur.

Malheureusement, comme dans toutes les grosses productions hollywoodiennes, on montre encore et encore les faits historiques avec le seul point de vue de l’Amérique. On ne veut pas décoder l’origine des motivations de «l’ennemi», ni comprendre les raisons de son acharnement à «haïr» l’Oncle Sam. Pourquoi la fameuse récompense de 25 millions $US mise sur la tête de Ben Laden n’a-t-elle pas fonctionné? Ce film est, en quelque sorte, dans la lignée des westerns de John Wayne. Au début, on dépeignait les Amérindiens comme des sauvages barbares avides de scalps et de sang. À la fin, la cavalerie, les «bons», rapplique pour punir les «méchants»!

Notre blogueur en entrevue sur le sujet à l’émission de Catherine Perrin à Radio-Canda.

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