Impact: le grand défi de Kevin Gilmore

Arcadio Marcuzzi

Le début de saison en dents de scie de l’Impact de Montréal a ramené à l’avant-plan l’un des sujets récurrents des dernières saisons: la profondeur. Ou, devrais-je plutôt dire, le manque de profondeur du onze montréalais. 

Si l’effectif de Rémi Garde comporte encore son lot de trous, force est de constater qu’il en va de même pour la structure sportive de l’Impact, et la corrélation entre ces deux réalités est on ne peut plus claire.

Les priorités du président du club, Kevin Gilmore, en ce début de mandat sont davantage d’ordre administratif, et c’est compréhensible: la chasse à la rentabilité, objectif principal du fameux plan quinquennal de Joey Saputo, nécessite une attention particulière à la mise en marché du club et à l’augmentation des abonnements de saison. Une mission qui passe notamment par la reconstruction d’un département du marketing qu’on avait, en définitive, aboli en mai 2017.

Cela dit, la volonté de s’attaquer rapidement aux nombreuses brèches dans la hiérarchie sportive pour les colmater devrait aussi être, à mon humble avis, tout en haut de la to-do list présidentielle. Alors qu’on entame une huitième saison en Major League Soccer, il est grand temps de doter ce club d’un V-P football ou d’un directeur technique, avec tout le pouvoir décisionnel, les ressources – humaines et financières – et l’imputabilité qui viennent avec un tel poste.

Ce n’est qu’avec une telle structure qu’un club de foot peut devenir efficace dans le développement et le dépistage de talents locaux, ainsi que proactif dans son recrutement international. Deux aspects qui permettraient à l’Impact de sauter à pieds joints dans l’économie internationale du football, avec la vente de talents développés par la maison et la revente de jeunes joueurs internationaux à fort potentiel.

Kevin Gilmore (à gauche) a été nommé président par Joey Saputo (à droite) de l’Impact en janvier

Dans un circuit où les redevances des droits télévisuels et le revenu de jour de match ne sont pas la panacée, il est absolument insensé de ne pas profiter de cette importante source de revenus. Surtout avec le positionnement de plus en plus clair du circuit Garber comme ligue «vendeuse», de mieux en mieux perçue par les grands marchés européens et de plus en plus prisée par les jeunes joueurs sud-américains (entre autres), à haut potentiel de revente, qui la perçoivent comme un tremplin de choix vers le Vieux Continent.

Le changement de culture, dont Gilmore a fait son mantra depuis son entrée en fonction, doit s’appuyer sur l’instauration de la transparence et d’une clarté opérationnelles jusqu’ici jamais vues chez l’état-major mont­réalais. En bref, l’ère de la chaise musicale interne, des rôles pas nets et des titres qui semblent pigés par hasard dans un chapeau d’une saison à l’autre doit cesser.

C’est seulement lorsque l’Impact aura atteint la maturité institutionnelle qu’on pourra espérer avoir du succès de manière régulière au sein d’un circuit qui évolue à la vitesse grand V. D’autant plus que, dans un marché exigeant comme celui du Grand Mont­réal, c’est le seul gage de réussite et de viabilité à long terme pour toute équipe n’étant pas la Sainte-Flanelle.

Joey Saputo a toujours semblé percevoir l’évolution de la MLS comme étant un gouffre, plutôt qu’une grande occasion financière. L’un des principaux défis de son successeur sera de lui faire comprendre qu’il y a beaucoup plus à gagner qu’à perdre si on investit intelligemment et si on respecte les processus d’office.

Tout semble indiquer que Kevin Gilmore possède la vision requise pour y parvenir. Reste à espérer que le propriétaire lui donne le temps, la liberté et les moyens.

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