Libre penseur

Jacques Parizeau a été un modèle d’élu rare. Un esprit libre de ses choix, déterminé à réaliser son objectif, mais pas à n’importe quel prix. Empreint de l’idéal de l’indépendance mais surtout animé par des valeurs fortes, il n’a pas hésité à collaborer avec les gens d’en face lorsque la situation le demandait, ou à quitter son parti politique lorsque son chef a mis la souveraineté du Québec en veilleuse et a pris le pari du beau risque.

Qu’on soit d’accord ou non avec les idéaux qui l’animaient, on ne peut nier qu’il était un libre penseur. Il ne s’est jamais laissé enfermer dans les limites de la politique partisane. Avec la patience du navigateur, il a gardé le cap sur la souveraineté. Il a toujours conservé son azimut, même pendant les tempêtes.  Sa cohérence a bien agacé au PQ. La «belle-mère» a toujours rappelé ses anciennes troupes à l’ordre lorsqu’elles se sont éloignées de l’objectif.

Avec un grand respect des institutions, il a tendu la main à «son premier ministre» Robert Bourassa à la suite de l’échec de l’Accord du lac Meech. Il n’a pas hésité à donner suite à une question du nouvel élu Mario Dumont pour assurer la pérennité de la Régie des rentes du Québec. Il a d’ailleurs toujours respecté Mario. Il est vrai de dire que «Monsieur» Parizeau a toujours aimé les jeunes. Même en politique, il a su garder sa fibre de professeur.
Pour atteindre son objectif ultime, il n’a ménagé aucun effort et est arrivé à l’Entente du 12 juin, qui célèbrera ses 20 ans la semaine prochaine. En ralliant Lucien Bouchard et Mario Dumont derrière un projet de souveraineté et de partenariat, il a, en 1995, «dépéquiser» la souveraineté le temps d’une campagne référendaire et a permis de ratisser plus large. Il a d’ailleurs presque réussi son pari.

On a parlé de lui, avec raison, comme un architecte de la Révolution tranquille. Avec la création de la Caisse de dépôt et placement, de la Société générale de financement et de la Régie des rentes du Québec, Jacques Parizeau a contribué à l’autonomie financière des Québécois. Le Régime d’épargne-actions a donné naissance à des fleurons économiques du Québec Inc. Il a permis au Québec de réaliser qu’il était possible d’entreprendre et de créer de la richesse chez nous en français.

Il a été un politicien cohérent. Toute sa vie il aura été un pédagogue. Il s’est employé à expliquer l’économie aux Québécois, mais aussi l’indépendance. Son décès laisse un grand vide dans le mouvement souverainiste. Celui d’un libre penseur qui souhaiterait qu’on respecte sa mémoire en ne la cloisonnant pas dans des aspects partisans.

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