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Les femmes aux faux bébés

Elisabeth Braw - Metro World News

Ne sont-ils pas mignons? Peut-être, mais ils ne sont pas vivants. Bienvenue dans l’univers des Reborn, ces poupées qui ont l’apparence d’authentiques bébés. Celles qui les achètent les traitent comme de vrais poupons. Maladif ou inoffensif?

Des femmes se rencontrent régulièrement dans des congrès. Elles parlent de leur bébé, s’échangent des trucs et se parlent des accessoires qu’elles viennent tout juste d’acheter. Elles organisent aussi des showers pour les nouveaux venus. Mais leurs bébés ne sont pas de vrais poupons. Ce sont des poupées. «Les femmes aiment cajoler, raconte Rebecca Martinez, une photographe qui s’intéresse à ces femmes depuis quelques années. Quand elles se rencontrent, elles s’assoient en rond avec leur «bébé», la poussette à leur côté, et elles discutent de leur réalité.»

Bienvenue dans l’univers des Reborn, du nom de ces poupées. «C’est une tendance en pleine expansion, explique Petra Seiffert, une artiste allemande qui conçoit les bébés. «Quand j’ai commencé, il y a 10 ans, l’engouement ne faisait que commencer. Je me dis toujours que le marché a atteint son sommet, mais ça continue de grossir.»

Même s’il y a suffisamment de mères de ce genre pour que des magazines sur le sujet soient publiés, la plupart hésitent à parler aux journalistes. «Certaines personnes croient que c’est étrange, avoue
Mme Seiffert. Les hommes ont des passe-temps auxquels ils consacrent beaucoup de temps et personne ne pose de questions. Les Reborn, c’est un passe-temps, voilà tout.»

Pour certaines femmes, les poupées Reborn sont de véritables enfants. «La plupart des femmes qui ont des Reborns ont déjà une famille, indique Mme Martinez. Quelques-unes ont des enfants plus vieux, d’autres ont déjà plusieurs enfants. Plusieurs d’entre elles ont des poupées simplement parce qu’elles adorent les bébés et ne peuvent plus, pour diverses raisons, avoir un nouveau-né.»

Cher Simnitt, sage-femme et mère de deux enfants, dirige l’entreprise Adopt a Reborn. «La plupart de mes clients sont des collectionneurs, mais parfois ce sont des femmes qui ont perdu un enfant ou qui ont fait une fausse couche, avance-t-elle. Présentement, je travaille sur le dossier d’une femme qui a deux garçons. Elle souhaitait ardemment avoir une fille. Elle m’a demandé : «Faites une fille qui me ressemble.»
«Les poupées Reborn peuvent être à la fois un passe-temps inoffensif, un support psychologique intéressant ou une obsession maladive, note la psychiatre Gail Saltz. Tout dépend de ce qu’on en fait
et de la dépendance qui y est rattachée.»  «J’ai rencontré une femme qui avait vécu beaucoup d’épreuves dans sa vie, et les Reborns lui ont apporté beaucoup de bonheur. Qui peut être contre ça?» conclut Rebecca Martinez.

Le phénomène Bout’chou

En une décennie, 65 millions de poupées ont été adoptées. Les Bout’chou font partie des jouets les plus vendus de l’histoire. Comme les Reborn, ils sont plus que des poupées. Les Bout’chou ont pris tout le monde par surprise dès leur apparition en 1981. Dès lors, presque tous les enfants ont adopté, certificat à l’appui, une poupée. Les Bout’chou ont fait la une des magazines et ont même eu leur propre timbre.



  • Pas étrange

Métro s’est entretenu avec Zayd Dohrn, scénariste de la pièce Reborning.
 

Est-ce que les Reborn sont inquiétants ou inoffensifs?

Pour ceux qui possèdent ces poupées, c’est inoffensif. Ce n’est pas plus étrange que d’ériger des statues pour les morts.


Comment le public a-t-il réagi à votre pièce?

Certaines personnes trouvent les poupées grotesques. Personnellement, plus je les voyais, plus je les trouvais fascinantes. Plusieurs spectateurs m’ont dit la même chose. La pièce leur montre qu’après tout, le phénomène n’est pas si bizarre que ça.


En tant qu’homme, vous êtes un étranger dans le monde des Reborns…

Oui. Le personnage masculin dans la pièce – qui est moi en gros – est un étranger. J’aimais jouer avec mes filles quand elles étaient toutes petites. Ma fille de sept ans adore les poupées. Je crois que jouer avec des poupées est un instinct que les adultes ont perdu.

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