REER et CELI: Des spécialistes suggèrent une répartition d’actifs optimale

Hand holding money in handful Photo: Métro

Avantage de la non-imposition des gains, désavantage de la non-déductibilité des pertes : plusieurs investisseurs préfèrent ainsi conserver des placements audacieux dans leur REER. Et si ce n’était pas la meilleure façon de faire?

Un enjeu important se trouve dans l’imposition du REER à la fin de la période d’accumulation. En ce qui concerne l’efficacité fiscale, il vaut mieux placer ses obligations d’épargne et certificats de placement dans un REER, un FERR ou un FRV, mais conserver ses actions dans un CELI ou un portefeuille traditionnel non enregistré, estime Daniel Laverdière, expert-conseil, Banque Nationale Gestion privée 1859.

De la théorie à la pratique
Dans l’objectif de valider ces postulats, M. Laverdière préfère faire parler les chiffres. Le planificateur financier propose un modèle de portefeuille équilibré, constitué à 50 % de titres à revenu fixe et à 50 % d’actions, dont la valeur totale avoisine les 105 000 $. Le tiers de cette somme est déposé dans chacun des instruments d’investissement présentés (REER, CELI et compte non enregistré).

Les hypothèses posées font mention d’un rendement annuel de 4 % pour les titres à revenu fixe, de 6,5 % pour l’investissement boursier et d’un taux marginal maximal d’imposition aux fins de l’exercice. Quelle serait alors la meilleure conjugaison possible – placement et régime – pour maximiser le rendement net d’impôt? L’expert a calculé selon divers scénarios la valeur future nette du portefeuille après 15 ans de simple accumulation, en supposant la liquidation du portefeuille. Le calcul tient compte de ceci : un retrait du REER est imposable en totalité, celui effectué au CELI ne l’est pas et un compte non enregistré est imposé au fur et à mesure, annuellement.

Ainsi, les deux meilleurs scénarios obtenus suggèrent la surpondération des titres à revenu fixe au REER, avec des valeurs finales qui dépassent le cap des 177 000 $ après impôts. À l’inverse, les deux pires scénarios font état d’une surexposition aux actions ordinaires dans le REER. À ce moment, la valeur finale du portefeuille frôle les 164 000 $ après impôts.

Même en dopant le rendement réalisé en Bourse à 12 %, les titres boursiers font piètre figure lorsqu’ils sont déposés en priorité au REER. Le portefeuille grimpe au-delà des 213 000 $ – toujours après impôts –, mais pourrait atteindre les 273 000 $ si ces mêmes titres boursiers étaient plutôt déposés au CELI. «Plus l’écart de rendement est grand entre les titres à revenu fixe et les titres boursiers, plus c’est avantageux de déposer les actions au CELI», dit M. Laverdière.

Son de cloche similaire du côté de Fabien Major, associé principal chez Major Gestion Privée. «Vu la faiblesse actuelle des taux d’intérêt, je suggère de ne pas gaspiller l’espace limité disponible au CELI avec des placements qui ne rapportent que des miettes. Mieux vaut utiliser un compte bancaire à haut rendement pour le fonds d’urgence, et inclure des placements plus dynamiques au CELI», explique-t-il.

Et si l’exercice est plutôt réalisé en fonction d’une période d’accumulation de 30 ans? «Il n’y a aucun changement significatif à signaler dans les tendances observées», dit Daniel Laverdière.

Denis Preston, planificateur financier indépendant, rappelle cependant que la fiscalité reste l’élément secondaire à analyser dans l’équation. «C’est le profil d’investisseur qu’il s’avère primordial de respecter», martèle-t-il. L’épargnant doit donc bien jauger sa propre tolérance au risque du marché, avant même d’envisager quoi mettre dans quel régime!

«Est-ce que l’investisseur anxieux, en pleine tourmente boursière comparable à celle de 2008, sera en mesure de conserver une vision globale de son portefeuille? Voudrait-il plutôt vendre à la première occasion les actions de son portefeuille non enregistré qu’il voit fondre à vue d’oeil?» demande-t-il.

Éventuellement, et en fonction du rendement réalisé dans les diverses catégories d’actifs, l’investisseur perd la répartition optimale fixée au départ. Vu que les marchés boursiers se sont fortement appréciés au cours des dernières années, des ajustements sont peut-être requis dès maintenant à cette portion du portefeuille.

«En période d’accumulation, l’investisseur pourrait ainsi allouer ses nouveaux dépôts à l’achat de titres à revenu fixe pour un rééquilibrage optimal», conclut M. Preston.

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