«Il est toujours possible de faire mieux»

Je ne suis pas du genre à me vanter, mais là, je suis trop heureux. Je viens de recevoir un email de Sophie Grégoire Trudeau, la première madame du Canada. Le message avait pour titre «Merci Frederic». Frederic sans accent à l’américaine, mais quand même! Je me suis dit qu’elle m’écrivait peut-être pour me proposer une chanson sur moi!

Je me suis trompé. Je croyais que c’était un message privé écrit de la main immaculée de Lady Grégoire, mais non. C’est une chaîne de messages personnalisés. Le parti libéral a recueilli mes infos personnelles quand je leur ai écrit pour signifier mon désaccord avec le pipeline. Depuis, je reçois des messages plusieurs fois par semaine. Le dernier, de Rubis Grégoire, commençait ainsi :«Frederic, le gouvernement a fait ma grande fierté, et Justin et moi tenons à vous remercier de tout cœur, car sans vous, rien de tout cela ne serait possible.»

Ciboire, qu’ai-je encore fait? Aurais-je cliqué sur un mauvais lien en surfant pour d’la porn féministe et, sans le vouloir, donné mon accord à un projet libéral? Le message se poursuit : «Quand vous avez élu notre gouvernement libéral en octobre dernier, vous avez uni votre voix à celle de millions de Canadiens de la classe moyenne qui pendant trop longtemps ont été ignorés. Grâce à vous, ils sont maintenant représentés à Ottawa.»

Pardonnez-moi Milady The Golden First of Canada, mais je n’ai pas voté libéral et encore moins pour vous. M’auriez-vous écrit cela si vous étiez restée en couple avec Patrick Huard? Notre système de monarchie constitutionnelle vous donne-t-il un pouvoir politique? Pis le fait que vous célébriez la «classe moyenne» est disgracieux. Dans une société juste et égalitaire, la classe moyenne, la classe pauvre, la classe riche et l’overclass seraient abolies. Dans le temps, c’est ça qu’y voulait dire, Marx, entre autres, par la lutte des classes. La classe moyenne est la meilleure excuse que le capitalisme ait trouvée pour se donner encore une couple d’années à vivre. Nous sommes les esclaves parfaits : des aliénés qui se pensent libres.

«Oui, mais Justin Trudeau est moins pire que Stephen Harper.» Moins pire? Quand j’entends ça, je m’ennuie presque de Stephen Harper. On se contente de «moins pire»? «J’aime le choléra, c’est moins pire que le sida. Vive le choléra! Vive le choléra!» Le vrai changement entre Harper pis Trudeau, c’est leur rapport aux journalistes. Harper les fuyait, alors que Justin se baigne dans les kodaks comme une sirène avec deux coquillages sur les nipples. D’ailleurs, après avoir lu plusieurs papiers dans les médias sur Justin Trudeau le magnifique, le superbe, j’ai une question pour les journalistes : «Est-ce difficile d’écrire d’une main pis de se masturber de l’autre?»

Le email se conclut par : «Si vous donnez 100 dollars ou plus, nous vous ferons parvenir notre nouveau T-shirt printanier Il est toujours possible de faire mieux.» J’ai jamais été aussi d’accord avec le choléra libéral.

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