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Transformer le visage de l’est de Montréal

Photo: Velandia, Samantha

Deux maires, une vision. Depuis que Chantal Rouleau et Robert Coutu ont respectivement pris les rênes de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et la Ville de Montréal-Est, ils ont pour mission de revitaliser l’image de leurs territoires, longtemps perçus comme des quartiers dortoirs vivant à l’ombre des raffineries. Verdure, places publiques et artères commerciales, les projets ne manquent pas.

En 2010, Shell ferme sa raffinerie de Montréal-Est qui ne cadre plus dans la «stratégie à long terme» de l’entreprise. L’annonce a l’effet d’une bombe. Plus de 500 travailleurs perdent leur emploi. Un vaste terrain contaminé est laissé en héritage.

C’est dans ce contexte de désindustrialisation, au tournant de la décennie, que Chantal Rouleau et Robert Coutu sont élus. Les deux prennent le pouvoir en promettant un nouveau souffle à leurs communautés.

«Notre secteur a longtemps été oublié et grandement hypothéqué, non seulement d’un point de vue environnemental, mais aussi en ce qui concerne la qualité de vie des citoyens», explique Mme Rouleau, six ans plus tard.

Des propos qui recoupent ceux de Robert Coutu.

«Nous avions un certain retard à rattraper en matière d’infrastructures, de services aux citoyens, de qualité de vie… Ça nous a pris un certain temps à comprendre, mais nous avons un plan à long terme qui est déjà en exécution et qui change le visage de notre ville.»

Déclin et renouveau

Chantal RouleauL’est de Montréal a longtemps été l’un des plus grands pôles de raffinage au Canada. Après les années de gloire de l’industrie pétrochimique, au début du XXe siècle, ce secteur d’activité y a vécu un lent déclin marqué par le départ de plusieurs industries, dont l’Impériale en 1985 et Shell en 2010.

La démographie en a souffert.

Montréal-Est comptait 5779 âmes en1966. En 2011, il n’en restait plus que 3728.

À RDP-PAT, selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages effectuée il y a 5 ans, le nombre d’enfants de moins de 14 ans a diminué de 15 % entre 2001 et 2011. Le nombre d’adolescents et jeunes adultes a chuté de 24 % durant la même période.

Dans ce contexte, attirer et retenir les familles est devenue une priorité.

Depuis leur arrivée, les deux administrations multiplient les projets urbains d’envergure pour créer un milieu où il fait bon vivre.

À Montréal-Est, on va enfin de l’avant avec un projet de rénovation majeure du centre récréatif Édouard-Rivet. On met également l’épaule à la roue pour donner une nouvelle vocation à la rue Broadway afin de doter la petite ville d’un poumon commercial.

Du côté de RDP-PAT, un stationnement goudronné s’est métamorphosé en Place du Village-du-Vieux-Pointe-aux-Trembles, un carrefour culturel où les œuvres d’art publiques entourent un marché estival. Projet ambitieux, une berge du fleuve Saint-Laurent, longtemps mal-aimé, deviendra la Plage de l’Est.

«Mon objectif a toujours été de faire de notre arrondissement la plus belle porte d’entrée sur l’île de Montréal. Notre secteur, considéré par plusieurs comme étant un quartier dormant, passe aujourd’hui du gris au vert et bleu et devient un endroit dynamique pour tous les citoyens», s’enthousiasme Chantal Rouleau.

Robert Coutu, maire de Montréal-Est.(Photo : archives)

«Il ne faut pas se le cacher, notre ville est formée à 90% de terrains industriels. Les industries sont très importantes chez nous, mais il n’y a pas que ça», affirme Robert Coutu, ajoutant que les citoyens sont parfois réticents au changement

«Quand nous avons rafraîchi notre logo en 2013 il y a eu une certaine résistance, les gens avaient peur de perdre leur identité. Même chose du côté de la vente de l’église Saint-Octave ou avec les rénovations au centre récréatif. Mais, si on veut avancer, il faut agir, et c’est que nous avons fait.»

 

Sur la bonne route
Leurs interventions sont vues d’un bon œil par Danielle Pilette, experte en gestion municipale et urbanisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«La création d’endroits conviviaux publics de proximité, comme la Place du Village, est une bonne façon de revitaliser un secteur délaissé et de créer une vie de quartier. C’est une façon de retenir les jeunes, et ça, c’est une bonne chose à faire quand on veut donner un second souffle à une municipalité.»

Montréal-Est et RDP-PAT doivent se forger leur propre identité en misant sur leurs forces, sans essayer de concurrencer les quartiers centraux de Montréal, comme Ville-Marie, le Plateau et Rosemont–La Petite-Patrie.

«On peut employer une toute autre stratégie, en misant sur la notion de vivre comme en banlieue, mais en ville, en offrant des activités récréatives de proximité et en mettant de l’avant les attraits de ces secteurs.»

Tourner la page
L’industrie pétrochimique occupe toujours une place importante dans l’est de Montréal. Mais, le paysage industriel change.

En juin, les terrains de l’ancienne raffinerie de Montréal-Est, d’une superficie équivalente à 105 terrains de soccer, ont officiellement été mis en vente par Shell. C’est le début de la fin d’une longue saga qui a laissé un goût amer à Montréal-Est. Robert Coutu avait accueilli avec enthousiasme l’annonce faite par la pétrolière, y voyant l’occasion d’attirer de «nouvelles entreprises de calibre mondial» qui pourront créer de nouveaux emplois et «une sécurité financière à long terme pour le secteur.»

Chantal Rouleau compte également poursuivre sur sa lancée. Son administration a d’ailleurs retenu les services d’une firme spécialisée en communication et marketing afin d’attirer de nouveaux résidents, particulièrement ceux de la banlieue.

On dit que la nature pourrait jouer un rôle de premier plan dans une nouvelle campagne publicitaire.

Une image à mille lieux des réservoirs des raffineries.

Les six projets qui ont transformé l’Est

Place du Village-du-Vieux-Pointe-aux-Trembles

zone fontaineSituée en bordure du fleuve, au cœur du Vieux-Pointe-aux-Trembles, la Place du Village a transformé ce qui n’était qu’un stationnement. L’arrondissement avait pour ambition de redynamiser le secteur en offrant notamment des œuvres d’art publiques, des jeux d’eau, du mobilier urbain, un accès Wi-Fi, des panneaux d’interprétation historique et, surtout, un marché public estival. Le coût estimé du projet est de 2,5 M$.

 

Rénovations du centre récréatif Édouard-Rivet de Montréal-Est
CRERInauguré en 1966, le centre récréatif Édouard-Rivet fera l’objet de rénovations majeures au cours de la prochaine année. L’apparence de la bâtisse sera modifiée tout en respectant la structure originelle du bâtiment. Le coût estimé du projet est de 17 M$.

 

 

La Plage de l’Est

Plage de l'EstAnnoncée pour la première fois en 2013, le projet de Plage de l’Est devrait voir le jour à l’été 2017. Le design de la plage est inspiré du caractère organique et brut des lieux. On y trouvera la plaine, un endroit avec de la végétation indigène qui offrira un espace pour des activités sportives, la promenade et la plage.

 

La revitalisation de l’avenue Broadway
Avenue Broadway
Adopté en 2014, le plan particulier d’urbanisme (PPU) de Montréal-Est vise à redynamiser le centre-ville et l’avenue Broadway, poumon de la ville au milieu des années 70. L’administration actuelle vise donc à renforcer le caractère commercial de cette artère afin d’attirer les 3600 automobilistes qui empruntent quotidiennement la rue Notre-Dame Est quotidiennement. Plusieurs consultations publiques ont déjà été menées à ce sujet afin d’établir un plan qui devrait se concrétiser au cours des prochaines années.

 

L’aménagement du pôle René-Masson

L'aréna René-Masson fera l'objet de nombreuses rénovations d'ici l'été 2018.

L’arrondissement de RDP-PAT procédera à construction de la maison de la culture de Rivière-des-Prairies au cours des prochaines années. Une place publique sera également aménagée afin de permettre aux citoyens d’avoir un lieu de rencontre où différentes activités sociales et culturelles pourront se dérouler tout au long de l’année.

 

 

Les portails de la Ville de Montréal-Est

Présence de trafic sur la rue Viau entre Beaubien et Saint-Zotique.L’artiste architecte Jean-Beaudoin, créateur de la Grande Terrasse rouge de la rue Saint-Denis et de l’identité visuelle du Quartier des spectacles, signe le design des Portails de la ville de Montréal-Est, huit enseignes installées aux différents points d’entrée de la municipalité. Le concept proposé vise à révéler les lieux et les paysages exceptionnels de la ville

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