Cecil le lion a fait des petits
Dans une décision qui inflige peut-être le plus grand camouflet jusqu’à maintenant à l’industrie peu connue de la chasse close, les États-Unis ont récemment interdit l’importation de lions abattus dans le cadre de cette pratique en Afrique du Sud.
La chasse close en est une truquée où les proies, élevées dès leur plus jeune âge par des humains, s’habituent à leur présence. Dès qu’ils atteignent leur maturité, toutefois, leur destin est bien tracé: ils feront la rencontre de touristes fortunés qui, prêts à payer des milliers – parfois des dizaines de milliers – de dollars pour accrocher un trophée de chasse au-dessus du foyer, les chasseront alors qu’ils sont en cage.
Cette pratique, jugée cruelle par de nombreuses organisations vouées à la défense des animaux et immorales par d’aussi nombreuses associations de chasseurs, rapporte gros. Seulement en Afrique du Sud, il existe quelque 160 fermes consacrées à la chasse close du lion, selon un reportage de Patrick Barkham écrit l’année dernière pour The Guardian. Cela représente des milliers de lions élevés dans le seul but d’être tués pour le plaisir de chasseurs du dimanche qui sont, en grande majorité, de de riches américains.
Pour ajouter à du cynisme à l’odieux, de nombreuses fermes ouvrent grandes leurs portes à de jeunes volontaires qui, rêvant de faire une différence dans la préservation des lions d’Afrique, vont y poser leurs valises pour prendre soin des lionceaux. Ils ignorent que leur dévouement sert un but mercantile et cruel, à savoir la mise à mort de leurs protégés.
Mais voilà: les États-Unis, qui ont eu mauvaise presse l’année dernière dans la foulée de l’affaire Walter Palmer, ce dentiste américain qui avait tué Cecil, un lion emblématique du Zimbabwe en juillet 2015, se rachètent.
«À partir d’aujourd’hui, les États-Unis n’autoriseront plus l’importation de trophées de chasse de lions tués en captivité en Afrique du Sud», écrit Dan Ashe, directeur du U.S. Fish & Wildlife Service sur le site de l’édition américaine du Huffington Post.
«La vaste majorité des trophées de chasse de lion importée aux États-Unis au cours des dernières années proviennent de population tenue en captivité, donc notre décision réduire substantiellement le nombre total de telles trophées importées.» – Dan Ashe, directeur du U.S. Fish & Wildlife Service.
De plus, chaque pays désirant exporter des trophées de chasse aux États-Unis devra désormais prouver qu’il obéit à un plan de conservation de l’espèce à long terme.
«Laissez-moi être clair: nous ne pouvons pas tolérer et nous ne tolérerons pas l’entrée de trophées de chasse aux États-Unis venant de pays dont les programmes de conservation des lions ne respectent pas notre critère de transparence, de gestion scientifique et d’efficacité», poursuit M. Ashe.
Il s’agit d’une prise de conscience salutaire pour les rois et les reines de la savane, menacés par l’essor de la population subsaharienne qui gruge son territoire sauvage, et dont le nombre, à l’instar de plusieurs autres espèces sauvages, connaît un irrémédiable déclin.