Une Québécoise rêve d’être la première mannequin grande taille de Victoria Secret’s
Alors qu’elle cumule les contrats pour des grands noms de la mode au Québec et aux États-Unis, la mannequin Joby Bach – de son vrai nom Joby Bachand – fait l’objet d’une campagne virale sur les médias sociaux afin qu’elle devienne la toute première top-modèle taille plus à défiler avec les dessous sexy de la marque Victoria Secret’s.
Elle a été approchée par Liz Lupo, éditrice de Style& Curve, un magazine international dédié à la mode pour les femmes aux courbes généreuses. Sur le site, l’éditrice propose publiquement sa candidature auprès de la célèbre entreprise spécialisée en lingerie fine.
Flattée par cette attention malgré son attitude modeste, Joby Bach ne cache pas son ambition.
«C’est sûr que tu cognes fort quand tu vas shooter pour eux! C’est un but, je pourrais même dire un rêve… mais est-ce que c’est là où je dois aller? Je ne m’attends à rien. On verra le changement que ça donnera», témoigne-t-elle en entrevue avec TC Media.
Dans l’article publié à la fin mars sur le site du magazine, l’éditrice fait valoir à quel point Joby Bach mériterait cet «incroyable titre» d’être fière ambassadrice des grandes tailles pour la compagnie. Et peut-être même de devenir la nouvelle recrue des Anges de Victoria Secret’s.
Pour cette campagne qui a récolté plus de 30 000 «j’aime» sur Facebook et Instagram, en plus de rejoindre des dizaines de milliers d’abonnés, Mme Bach a décidé de porter un chandail de la nouvelle collection de Victoria Secret’s sur lequel il est écrit «Definitely an Angel [définitivement un ange]».
Plaidoyer pour l’acceptation de soi
Mme Bach milite à sa façon pour contrer l’obsession de l’image corporelle, n’hésitant pas à afficher des selfies sans retouche, au naturel, pris en coulisse de ses nombreuses séances photos ou dans le confort de son foyer.
La mannequin qui évolue avec l’agence Next Models utilise à bon escient les médias sociaux pour diffuser des images défiants les standards de beauté, mais aussi des messages positifs d’acceptation comme celui-ci: «Mention spéciale à toutes les femmes qui apprennent à aimer leur corps parce que cette merde est difficile et je suis fière de vous.».
Au début de sa carrière, elle avoue avoir pleuré souvent après avoir lu des commentaires offensants sur son physique. Mais aujourd’hui, elle tente de transformer cette expérience pour aider d’autres femmes. «Comme mannequin, on ne sauve pas des vies!, lance-t-elle à la blague. Mais j’essaie d’aider les autres. Je cherche aussi, un peu, à choquer les gens. À montrer qu’on peut être comme ça aussi [plus rondes], les femmes. C’est ça la diversité.»
Il fut une époque où la mannequin a souffert d’intimidation à l’école secondaire, considérée comme étant trop corpulente. C’est alors qu’elle s’est mise à perdre du poids afin de décrocher son premier contrat dans l’industrie, tentative qui a finalement échoué. «J’avais 16 ans et on m’a dit de perdre quatre pouces au niveau des hanches. Je mettais de l’eau dans mes céréales. J’ai perdu mes cheveux… j’ai presque frôlé la boulimie», se souvient-elle avec amertume.
Cet épisode lui fait prend conscience du chemin qu’elle a parcouru pour obtenir une meilleure confiance en elle et ainsi développer sa carrière. L’histoire d’amour vécue avec le père de son fils, un homme d’origine haïtienne, est aussi un événement déterminant dans sa vie. «C’est lui qui m’a transmis que, dans sa culture, les femmes avec des courbes [sont valorisées]. À partir de là, je me suis aimée. C’est ça qu’il m’a fallu pour marcher la tête haute», raconte la mère d’un garçon âgé de dix ans.
Milieu de travail difficile
Les conditions épuisantes auxquelles elle a dû se conformer durant son année de travail à New York l’ont amenée à développer sa carrière à Montréal. Travailler pour le compte d’Addition Elle, Penningtons, Claire France, Laura ou encore Le Château ne sont que quelques exemples de ses réalisations.
«Le fait que je sois une maman, ça me ground. Je ne vais pas prioriser mon rêve à la vie de mon fils.»
Si elle a réussi à faire sa place, Mme Bach n’hésite pas à adresser certaines critiques envers l’industrie de la mode. «C’est vraiment un milieu où il faut être fait fort mentalement. On se fait dire qu’on n’est pas assez grosse, pas assez mince. Il y a toujours quelque chose! Maintenant, j’ai envie de dire: « hey, prenez-moi comme je suis! »», conclut-elle.