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Les ados plus attentifs lorsque les cours commencent plus tard

Teenage Boy Not Waking Up & Sleeping Through Alarm Photo: Getty

L’horloge interne des adolescents est naturellement décalée de quelques heures par rapport à celle des adultes et des enfants. Les écoles secondaires ont donc tout intérêt à ajuster leur horaire en conséquence.

À la rentrée, les élèves de la Polyvalente Chanoine-Armand-Racicot, de Saint-Jean-sur-Richelieu, commenceront leurs cours à 9h au lieu de 8h, comme ceux des six autres écoles secondaires de la commission scolaire des Hautes-Rivières. Une heure de décalage qui aura sans doute des effets positifs sur leur réussite scolaire, mais aussi sur leur santé.

«Nous prenons tous les moyens reconnus comme étant efficaces par les chercheurs en éducation pour mettre en place les meilleures pratiques», fait valoir Alain Camaraire, directeur du service des ressources éducatives aux jeunes et du transport scolaire de l’établissement montérégien. Depuis les années 1990, plusieurs recherches américaines ont prouvé qu’un début des classes trop matinal augmentait la probabilité de manque de sommeil chez les ados, avec plusieurs conséquences négatives: fatigue, anxiété, dépression, obésité, haute pression, etc.

«Des études ont démontré qu’un adolescent canadien sur trois ne dort pas assez, mais nous ne pouvions pas parler de retarder le début des cours sans avoir des [preuves] scientifiques sur les écoles du pays», note cependant Geneviève Gariépy, post-doctorante à l’Institut des politiques sociales et de la santé de l’Université McGill. C’est chose faite depuis l’automne dernier, alors qu’elle et ses collègues ont publié un article sur la question dans le Journal of Sleep Research.

«C’est quand les cours commencent à 9h30 que les jeunes sont le plus susceptibles de dormir le nombre d’heures recommandées.» – Geneviève Gariépy, post-doctorante à l’Université McGill

Après avoir analysé des données concernant les élèves de 10 à 18 ans de 362 écoles publiques canadiennes, les chercheurs en sont venus à des conclusions similaires à celles de leurs confrères. «C’est quand les cours commencent à 9h30 que les jeunes sont le plus susceptibles de dormir le nombre d’heures recommandées au Canada pour leur groupe d’âge [de 8 à 11 heures]», résume-t-elle, en précisant que la moyenne des écoles canadiennes commence leurs cours entre 8h et 9h30.

Ce n’est pas par caprice. «L’horloge biologique des adolescents est retardée par rapport à celle des adultes, précise la chercheuse. De la puberté jusqu’à 19-20 ans, ils vont s’endormir de façon biologique vers 23h, et se lever vers 8h ou 9h. S’ils sont forcés de se réveiller plus tôt pour commencer l’école, c’est difficile pour eux de se concentrer, car leur corps est encore en mode sommeil.»

Alain Camaraire ne peut qu’acquiescer, ayant vu de nombreux élèves du secondaire consommer des boissons énergisantes afin d’être éveillés en classe. «Même s’il sera complexe de séparer les effets du changement d’horaire de ceux de l’ensemble des pratiques que nous mettons en place pour favoriser la réussite, nous nous attendons à une amélioration des habitudes de vie, en plus des résultats académiques», explique-t-il. Geneviève Gariépy ajoute que les professeurs peuvent s’attendre à moins de retardataires, à des élèves plus attentifs et plus détendus. «Ils peuvent aussi prévoir une diminution des batailles et de l’agressivité causées par le manque de sommeil, ainsi que moins d’accidents, autant dans la cour d’école qu’en voiture.»

Des changements à planifier
Devant de tels effets, pourquoi autant d’établissements commencent-ils encore leurs cours aussi tôt? «Parce que cela demande des changements à toute la communauté, qu’il faut impliquer dans le processus», souligne Mme Gariépy.

À la commission scolaire des Hautes-Rivières, tout a commencé par des consultations auprès des enseignants, des syndicats et du comité de parents. Si l’ensemble du personnel s’est montré favorable, la réaction des parents et des élèves a été partagée, mais tous se sont rangés derrière la décision du conseil des commissaires.

Les trajets d’autobus ont ensuite été réaménagés. «Notre service a fait une simulation en collaboration avec nos transporteurs – sans ajout de véhicule par rapport à cette année –, puis les informations ont été soumises aux établissements et aux parents pour leur permettre de s’adapter», détaille le directeur du transport scolaire. Quant aux services de garde, «ils s’ajusteront selon les besoins».

«Il n’y a pas d’arguments économiques à court terme en faveur d’un décalage des horaires, mais quand on pense aux coûts sociaux à long terme, avoir des élèves qui réussissent mieux et qui sont en meilleure santé de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, ça permet de comprendre pourquoi c’est important de le faire», conclut Geneviève Gariépy, qui espère que son étude contribuera à ce changement.

Situation inverse au primaire
Les plus jeunes élèves de la commission scolaire des Hautes-Rivières profiteront eux aussi du changement d’horaire, mais à l’inverse de leurs aînés. «Nous avons des élèves du primaire qui arrivent au service de garde dès 6h30 ou 6h45. Donc quand leurs cours débutaient à 9 h, ils avaient déjà fait plusieurs heures d’activités avant même d’avoir commencé leur journée en classe, explique Alain Camaraire. Réduire ce temps-là devient un bénéfice pour eux.»

Ainsi, même si aucune étude n’a encore été publiée à ce sujet, les enseignants des 36 écoles primaires de la commission scolaire voient plusieurs avantages au fait que leurs élèves commencent les cours plus tôt. «Ils attendaient plus ce changement que les professeurs du secondaire», remarque d’ailleurs le directeur des ressources éducatives.

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