Découvrir Montréal de haut
L’Observatoire de la Place Ville-Marie lance une série d’audioguides gratuits sur l’histoire de Montréal afin d’accompagner les Montréalais et les touristes pendant leur visite au sommet. Entrevue avec l’historien Laurent Turcot, qui est à l’origine de cette idée.
Comment en êtes-vous venu à l’idée de créer des audioguides ?
Quand on m’a demandé de développer un [concept] pour Place Ville-Marie, c’était «fais ce que tu veux». Quand on regarde les 360 degrés de Montréal, on [aurait pu faire] l’histoire chronologique, mais ce qu’on a décidé de faire, c’est de faire des petites promenades de 12 minutes séquencées selon des thèmes.
Quels sont ces thèmes?
Par exemple, on a les saisons de Montréal, on a Montréal multiculturelle, Montréal illicite. On a aussi le Montréal du fleuve. On a développé des thèmes comme ça, ce qui fait que quand les gens arrivent ici, leur promenade est en lien avec ce qu’ils voient, mais aussi avec le passé.
Pourquoi avoir choisi ces thèmes en particulier ?
On a développé des choses qui sont imbriquées dans l’identité québécoise et surtout montréalaise. Comme par exemple les saisons. Montréal, c’est défini par les saisons, c’est défini par l’hiver. L’automne aussi. On voulait montrer que le rapport qu’on a avec les saisons, on peut le voir de très très haut, mais aussi avec les «landmarks», comme on dit en anglais, comme le mont Royal. Selon l’époque à laquelle on vient, le mont Royal flamboie de couleurs à l’automne, comme il peut être complètement enneigé, voire glacé l’hiver. Donc, il y a vraiment cette dimension très sensible, très identitaire qu’on peut voir ici.
Est-ce recommandé de faire un ou tous les audioguides par visite ?
Vous pouvez faire tous les audioguides par visite ou faire véritablement votre histoire de Montréal, comme vous l’entendez. On s’entend que tout le monde n’est pas intéressé par le fleuve, par le Montréal religieux, par les sports et loisirs. Mais il y en a qui vont être accrochés sur quelque chose. Là, on va bientôt lancer la visite de l’architecture. On sait qui ça va intéresser, c’est-à-dire, les gens qui sont ingénieurs, architectes, mais aussi les gens qui se disent «ah nous autres ici, on n’a pas véritablement de grande histoire». C’est faux! Un des éléments des audioguides, c’est pour montrer que Montréal est une ville extrêmement riche en histoire.
Est-ce que les audioguides sont davantage destinés aux touristes ou aux Montréalais ?
Ça peut être pour les deux parce que les Montréalais vont avoir une connaissance de base de leur ville, tandis que les touristes arrivent ici et ils sont vierges de toutes connaissances. Il y a des audioguides qui sont construits pour connaître un peu plus la ville, comme par exemple celui sur le fleuve. On part avec les grandes découvertes, Samuel de Champlain, Jacques Cartier, et même avant, avec les Autochtones et on se rend jusqu’à aujourd’hui avec l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent ou encore les baignades qui se font dans le Port de Montréal. On a vraiment une chronologie de l’histoire de Montréal. Et les Montréalais ne le connaissent pas. Ça peut leur permettre de leur donner les clés de leur propre histoire.
«Un des éléments qu’on a voulu faire, c’est donner aux gens leur propre histoire, mais aussi montrer aux touristes qui arrivent ici que Montréal ce n’est pas un décor de cinéma. C’est vraiment ancré dans les gens qui y vivent.»
Y-a-t-il quelque chose qu’on ne peut observer qu’au sommet de l’Observatoire et qui nous échappe quand on est au sol ?
Ici, ce que vous voyez nulle part ailleurs, c’est la division entre le Montréal francophone et anglophone. On a juste derrière moi, la rue Saint-Laurent, qui est l’axe, la fameuse Main, qui tranche les deux villes. On le voit du point de vue architectural. Si vous regardez d’un côté, c’est le Montréal anglophone, avec le CUSM par exemple. Et de l’autre, le Montréal un peu plus francophone. On a vraiment cette division, ici à l’Observatoire. Ça permet d’unir ces fameuses deux solitudes et de montrer que finalement, c’est peut-être pas si différent que ça.