Cannabis: Québec prêt à faire toutes les «contestations nécessaires»
Les électeurs vont «sanctionner» les libéraux fédéraux, qui tiennent mordicus à permettre la culture du cannabis à la maison, prédit Québec.
Mercredi, le gouvernement Trudeau a rejeté un amendement clé du Sénat qui aurait permis aux provinces d’interdire la culture du cannabis à domicile.
Les libéraux fédéraux «vont se faire parler par la population» à l’approche de l’élection fédérale de 2019, a assuré la ministre responsable de l’encadrement du cannabis au Québec, Lucie Charlebois.
«Les députés libéraux fédéraux du Québec, parlez à vos citoyens. Parlez à vos citoyens, parce qu’il va y avoir une sanction à la fin», a-t-elle prévenu.
Ottawa veut autoriser la culture d’un maximum de quatre plants de pot à la maison, une fois que la substance aura été légalisée au pays, pour contrer le marché illicite et être conséquent avec le régime de cannabis médical qui permet la production personnelle.
Le Québec s’y oppose farouchement et a inclus l’interdiction de cultiver du cannabis à domicile dans sa loi. La production ne sera permise qu’à des producteurs agréés pour éviter de banaliser le produit, a indiqué le gouvernement.
«Fiasco»
L’adoption de la loi québécoise mardi, à 61 voix pour et 46 voix contre, ne s’est pas faite sans heurts; le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont tous deux refusé d’appuyer la pièce législative pour diverses raisons, allant de l’âge légal au partage des pouvoirs avec Ottawa.
D’ailleurs, le dossier du cannabis est un véritable «fiasco», a pesté le porte-parole du PQ en matière de relations Québec-Canada, Nicolas Marceau, en Chambre mercredi.
«Les Québécois vont vivre dans l’ambiguïté causée par votre échec, par votre incapacité à faire entendre raison à Ottawa», a-t-il lancé au ministre des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier.
D’ordinaire grand défenseur du fédéralisme, M. Fournier s’est offusqué du «manque de respect» du gouvernement fédéral à l’endroit des provinces dans le dossier du cannabis.
Il a expliqué que la loi québécoise prévaudra sur celle d’Ottawa, et qu’en conséquence, les Québécois ne pourront pas faire pousser de pot à la maison.
«Si on respecte l’exercice de leurs compétences, ils devraient respecter l’exercice de nos compétences. Et cette déception, elle est totale, a-t-il déclaré au Salon bleu. Nous allons respecter notre loi et allons dire au fédéral que, la prochaine fois, on se souviendra du manque de respect qu’ils ont.»
Le Manitoba avait également demandé au gouvernement fédéral de respecter sa volonté de prohiber la culture du pot à la maison. Les deux provinces se disent toujours prêtes à se battre jusque devant les tribunaux.
«S’il y a des contestations, on va faire les contestations nécessaires, a réitéré Mme Charlebois. Mais ce sont les citoyens qui vont devoir avoir des avocats pour plaider auprès du gouvernement fédéral.»