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Devenu président du Brésil, Bolsonaro appelle à un pacte national

Jair Bolsonaro Photo: AFP

Jair Bolsonaro a appelé mardi, dans son premier discours de président, à un « pacte national » pour « libérer définitivement » le Brésil « du joug de la corruption, de la criminalité, de l’irresponsabilité économique et du carcan idéologique ».

L’ancien capitaine de l’armée de 63 ans a préconisé « un vrai pacte national entre la société et les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire » lors de ce bref discours devant le Congrès à Brasilia, où il est devenu officiellement le 38e président de la première puissance d’Amérique Latine.

Son arrivée au pouvoir ouvre une ère de rupture chargée de lourdes incertitudes avec le virage à l’extrême droite du Brésil.

Jair Bolsonaro a d’ailleurs confirmé dans ce premier discours sa volonté de mettre en oeuvre une politique ultra conservatrice, promettant de « respecter les religions et les traditions judéo-chrétiennes », tout en « luttant contre l’idéologie de genre ». Il a également réitéré son intention de libéraliser le port d’armes.

Le président américain Donald Trump a félicité dans un tweet M. Bolsonaro, qui l’admire, « pour son grand discours d’investiture », ajoutant: « Les Etats-Unis sont avec vous ».

Avant de signer un registre officiel à la Chambre des Députés lors d’une cérémonie boycottée par la gauche, le président Bolsonaro a prêté serment, s’engageant à « défendre et appliquer la Constitution » tout en oeuvrant pour « l’Union, l’intégrité et l’indépendance du Brésil ».
Le vice-président, le général Hamilton Mourao, lui aussi investi mardi, a prêté le même serment.

Le nouveau président devait ensuite se rendre au Palais du Planalto, où il recevra des mains de son prédécesseur Michel Temer l’écharpe présidentielle, une pièce de soie jaune et verte, sertie d’or et de diamants. Il prononcera ensuite un deuxième discours, devant le peuple.
Jair Bolsonaro, dont la carrière politique se limite à 27 ans de députation sans autre relief que ses outrances verbales, n’a pas fait mystère de sa volonté de renverser la table pour extirper le Brésil de ses crises multiples.

Le capitaine de réserve devrait lancer au pas de course une série de réformes pour inaugurer son mandat de quatre ans.

Premier chef d’Etat d’extrême droite jamais arrivé au pouvoir au Brésil par les urnes, Jair Bolsonaro a suscité énormément d’attentes avec ses promesses de redresser une économie atone et de mater la corruption et la violence qui désespèrent les 208 millions de Brésiliens.

Mais son arrivée à la tête du pays suscite de nombreuses inquiétudes, notamment en matière de respect des valeurs démocratiques, des minorités, des alliances avec les partenaires traditionnels du Brésil et de protection de l’environnement.

Ses dérapages racistes, machistes ou homophobes comme ses éloges de la période noire de la dictature militaire (1964-1985) lui ont aliéné des millions de compatriotes.

Ancien parachutiste, Jair Bolsonaro s’est fait élire avec 55% des suffrages le 28 octobre, mettant fin à une série de quatre victoires électorales du Parti des Travailleurs (PT, gauche) de Luiz Inacio Lula da Silva, aujourd’hui en prison pour corruption.

Très haute sécurité
Son investiture se déroulait sous très haute sécurité à Brasilia, où même les parapluies ont été interdits. L’impressionnant dispositif comprend outre de nombreux check-points pour la foule, un système antimissile, 20 avions de chasse mobilisés et la fermeture de l’espace aérien.

« Pour votre sécurité, des tireurs d’élite ont été placés à des endroits stratégiques, ainsi que des agents spécialisés en défense chimique, radiologique ou nucléaire », avertissaient des haut-parleurs placés sur des jeeps militaires circulant dans Brasilia.

Jair Bolsonaro a frôlé la mort lors d’un attentat à l’arme blanche en plein bain de foule le 6 septembre 2018 et a depuis limité les sorties publiques.

Au moins 250.000 personnes venues de tout le pays étaient attendues sur l’esplanade des Ministères, un lieu emblématique où sont concentrés tous les pouvoirs de Brasilia, au coeur de la capitale futuriste sortie de l’imagination de l’architecte Oscar Niemeyer et de l’urbaniste Lucio Costa au début des années 1960.

Malgré les craintes d’un nouvel attentat, il a tenu à remonter l’esplanade des Ministères à bord d’une Rolls Royce décapotable, saluant la foule debout à l’arrière du véhicule, aux côtés de son épouse Michelle et encadré par les cavaliers des Dragons de l’Indépendance.

Le culte du « Mythe »
Avec des heures d’avance, des sympathisants du président avaient commencé à se retrouver tôt mardi dans le centre de Brasilia, telle Vandelice Morais, une enseignante noire de 67 ans, venue avec un groupe de 35 bolsonaristes fervents de l’Etat de Bahia (nord-est).

« Je suis ici pour le Mythe », dit-elle à l’AFP, utilisant le surnom donné à Jair Bolsonaro par ses adorateurs. « Le Mythe c’est quelqu’un que nous n’avons jamais vu dans l’Histoire du Brésil. Comme lui, je place la patrie, la famille et Dieu avant tout ».

La cérémonie d’investiture donne le ton de la future ligne diplomatique de Brasilia, très pro-américaine, opposée aux régimes de gauche et en totale rupture avec la tradition de multilatéralisme du Brésil.

L’un des rares dirigeants étrangers invités à Brasilia est le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont Brasilia souhaite se rapprocher, de même que le Premier ministre hongrois ultra-conservateur Viktor Orban.

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