Le Village au Pied-du-Courant ne veut plus être éphémère
Pour sa sixième édition, le Village au Pied-du-Courant espère gagner son pari, soit celui de contribuer à la création d’une promenade le long du fleuve.
Ce village éphémère né en 2013 de la volonté d’un collectif en design et en architecture est fréquenté chaque été par 100 000 à 150 000 visiteurs attirés par la vue et l’ambiance exceptionnelles sur ce qui est l’hiver une simple chute à neige.
Mais les fondateurs ne s’attardent pas aux chiffres de l’affluence. Ils souhaitent plutôt révéler le plein potentiel de ce site enclavé et délaissé grâce à un travail de mobilisation et d’animation permettant de fédérer toute une communauté.
«On n’est pas les seuls organismes qui s’affairent à revaloriser le site, mais le succès du Village a mis en lumière l’importance de ce secteur qui pourrait bientôt se transformer en promenade permanente», souligne Eva Muratore, la chargée de développement à la Pépinière, l’organisme derrière le Village au Pied-du-Courant. Celui-ci désormais une trentaine de projets de revalorisation à son actif.
Signe que ce succès n’est pas passé inaperçu, les élus municipaux ont en effet refait l’éclairage du parc Bellerive mitoyen, en plus de commencer à le réaménager. La friche qui jouxte le parc pourrait, quant à elle, devenir un champ pour la biodiversité une fois le projet de phytoremédiation (dépollution par les plantes) concrétisé.
L’acquisition permanente de ces terrains permettrait de créer une grande promenade de près d’un kilomètre qui pourrait peut-être même rejoindre le Vieux-Port quand la requalification du site de la brasserie Molson sera terminée. «Toutes les grandes villes du monde ont une promenade riveraine pourquoi pas Montréal», lance Marie Bourbeau du collectif les Fricheuses.
«Si les terrains appartiennent au ministère des Transports du Québec, les citoyens ont le pouvoir de renverser les choses par la mobilisation», ajoute-t-elle.
Du côté de la Ville de Montréal, la porte-parole, Gabrielle Fontaine-Giroux, indique que «différents secteurs sont à l’étude», mais ajoute qu’«à l’heure actuelle, nous ne pouvons confirmer les secteurs précis».
Le projet est d’autant plus réaliste que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ne cache pas sa volonté d’améliorer l’accès au fleuve Saint-Laurent. Il s’agit d’ailleurs de la vision qui se trouve dans les grandes orientations dévoilées par la Ville, dans le cadre de la consultation publique sur le plan particulier d’urbanisme du secteur des Faubourgs. «On pense se joindre au regroupement de différents organismes du quartier afin de se faire entendre à la consultation publique qui s’en vient», confie Mme Muratore.
Après La Petite Floride, où de l’animation a été conçue autour d’un autobus-buvette installé à côté d’une patinoire du Mile-End, ou le parc Grovehill, à Lachine, où des activités sont aussi organisées, les fondateurs de l’organisme veulent désormais multiplier les projets hivernaux. Cela permettra entre autres de pérenniser une partie du personnel, qui passe à 120 employés l’été.
En attendant, l’organisme montréalais fait appel aux Montréalais pour contribuer à la construction ou à l’animation de l’édition 2019 du Village au Pied-du-Courant. Pour Maribel Garcia Navarro, la responsable du projet, il s’agit là «d’imaginer collectivement une plage publique qui soit à l’image de notre ville vibrante et plurielle, et de rejoindre une grande communauté unie autour d’un projet axé sur le faire et le vivre-ensemble». La première réunion d’information est prévue mardi 12 février.