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Trois ans après la mort de sa sœur, Lise Vadnais se livre

Aucune accusation criminelle n’a été portée contre le propriétaire du chien ayant causé la mort de Christiane Vadnais en juin 2016. Photo: Denis Germain

Près de trois ans après la mort tragique de sa sœur après avoir été sauvagement attaquée par un pitbull, Lise Vadnais tente de « donner un sens » à la tragédie en racontant son histoire dans un livre qui paraît aujourd’hui.

Le 8 juin 2016, Christiane Vadnais se trouvait dans sa cour, à Pointe-aux-Trembles, lorsque bondit sur elle le pitbull d’un voisin, un chien «agressif et violent», selon le rapport du coroner. À l’arrivée des secours, on ne peut que constater le décès de la femme, retrouvée « dans un état lamentable ».

C’est le choc pour Lise Vadnais, dont les jambes flanchent lorsque sa fille Jessica, la première de la famille arrivée sur les lieux, lui apprend la terrible nouvelle. Elle ne peut croire initialement à la disparition de sa sœur, qu’elle qualifie dans son livre de « pleine d’énergie, très expressive », mais « secrète ». La douleur est d’autant plus vive, que sa soeur Chantal, la plus jeune des douze enfants, s’est suicidée l’année précédente, raconte-t-elle dans Attention chien dangereux : l’histoire de Christiane Vadnais, tuée par un pitbull.

L’émotion est toujours palpable aujourd’hui lorsque le sujet est abordé. Longtemps voisines à Pointe-aux-Trembles, les deux femmes étaient très proches, ayant même dormi dans le même lit lorsqu’enfants, dans une chambre qu’elles partagaient avec Chantal et deux autres de leurs sœurs.

Sous les projecteurs
Depuis, Lise Vadnais est devenue, un peu malgré elle, la porte-parole de la lutte pour l’interdiction des pitbulls. Dès le lendemain de la tragédie, les demandes des journalistes abondent.  Elle désire s’informer pour être le mieux outillée possible et découvre plusieurs recherches et statistiques qui lui font prendre conscience de l’ampleur du problème.

« Je n’ai pas écrit ce livre pour rendre hommage à ma sœur, ou par vengeance, mais pour donner un sens à cette tragédie. C’est difficile de m’y replonger, l’émotion nous rattrape de temps en temps, mais je me dis que ça va faire avancer le débat. Ma conscience me dictait de partager ce que j’ai appris au fil de mes recherches. » – Lise Vadnais

Une guerre à la désinformation
Elle se dit animée d’abord d’une volonté d’informer la population, de contrer la « désinformation » et de déboulonner les « mythes trop souvent entendus ».

Parmi eux, l’énoncé selon lequel « il n’y a pas de mauvais chien, juste de mauvais maîtres. » Un mythe dangereux, véhiculé entre autres par la mairesse Valérie Plante, déplore-t-elle.

« Tu peux être un bon maître, mais le pitbull est imprévisible. Évidemment que ça ne veut pas dire qu’il va attaquer, mais le pourcentage est plus élevé par rapport aux autres chiens. », affirme-t-elle.

Son livre débute d’ailleurs par un historique qui explique comment cette race a été élevée pour le combat. Elle cite plusieurs statistiques, dont celle qui indique que près du tiers des 426 morsures dénoncées sur le territoire de Montréal entre janvier 2015 et septembre 2016 sont attribuables à des pitbulls, un taux qui monterait à la moitié pour les blessures sévères.

Des messages haineux
Depuis le début de ses interventions publiques, elle affirme recevoir de nombreux messages haineux, des messages qui ont repris de plus belle depuis l’annonce de son passage à Tout le monde en parle.

« L’entrevue n’était même pas diffusée, le livre n’était même pas sorti! s’exclame-t-elle. Je veux bien que tu ne sois pas en accord, mais attends de me voir et de me lire avant de le critiquer. Ce sont des recherches sérieuses, indépendantes. »

Plusieurs propriétaires l’accusent, dans un langage cru, de vouloir tuer leur chien. Il « n’a jamais été question de ça », affirme celle qui milite plutôt pour une stérilisation et un arrêt de la reproduction.

« Heureusement, toute ma famille me soutient, et ça fait du bien, confie-t-elle. Ils sont au courant de tout ce que j’ai dit et écrit. En premier lieu Émilie, la fille de Christiane, que je trouve très forte, qui a une vraie résilience. »

Un combat à finir
Dénonçant le lobby pro-pitbull, « très bruyant », elle pose une question: pourquoi est-ce si important pour eux de sauver cette race en particulier? L’important n’est-il pas d’avoir un chien avec qui on se sent bien, peu importe la race?

« L’acharnement des pro-pitbulls s’explique difficilement, sinon que les gens ont une ligne de pensée rigide et ne veulent pas connaître les recherches. Pour eux il est hors de question de voir ce type de chien disparaître, même à long terme. »  – Lise Vadnais

Mme Vadnais assure qu’elle continuera son combat tant qu’une réglementation provinciale ne sera pas en vigueur, se jugeant incapable d’arrêter en sachant ce qu’elle sait, et désirant éviter « une autre mort aussi absurde, qui ne fait pas de sens, et qui aurait pu être évitée. »

Soulignons qu’une décision a été rendue hier dans le dossier du pitbull qui a mordu six personnes à Montréal-Nord l’été dernier. L’avocate Anne-France Goldwater a échoué à faire transférer la bête dans un refuge américain. À moins d’un appel, la chienne devra être euthanasiée.

Attention chien dangereux : l’histoire de Christiane Vadnais, tuée par un pitbull
Par Lise Vadnais, propos recueillis par Myriam de Repentigny
Éditions JCL
Disponible dans toutes les libriairies

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